Tech ovin 2011
La filière ovine, laboratoire de l'installation
Rencontre avec Joël Clergue
Éleveur de bovins lait et de veaux d’Aveyron et du Ségala (Label rouge), Joël Clergue est, depuis un an, vice-président de JA national. Chargé du dossier installation, il était présent jeudi à Tech-Ovin pour une table-ronde conjointe avec la FNO.
La Fédération nationale ovine et JA national ont initié ces derniers mois un travail commun faisant de la filière ovine un « laboratoire de l’installation ». Pouvez-vous nous en dire plus ?
Joël Clergue : Aujourd’hui, l’élevage ovin est à un carrefour. Après vingt ans durant lesquels il a perdu près d’un tiers de ses éleveurs, le rééquilibrage des aides issu du bilan de santé de la PAC lui a permis de se redresser. Ceci étant, les aides de la PAC sont un coup de pouce, mais ça ne suffit pas. La filière ovine est consciente des enjeux et avec la reconquête ovine, tous les acteurs sont remotivés et mobilisés. FNO et JA ont la volonté d’entreprendre des actions ensemble. Le travail que nous menons sur l’installation est en quelque sorte un test. Le but est ensuite de l’étendre à d’autres secteurs. Si cela marche pour la filière ovine, alors cela peut marcher pour d’autres filières. L’action est toujours payante.
Parmi les actions mises en place par la FNO, un numéro vert pour l’information des candidats à l’installation en élevage ovin vient de s’ouvrir. Pensez-vous qu’il puisse concurrencer les points info installation ?
J.C. : Non, je pense que ce numéro vert pourra apporter des renseignements plus précis sur l’élevage ovin, notamment aux jeunes qui n’ont pas encore de projet d’installation réellement défini. Le point info installation restera le passage obligé pour s’installer et il me semble qu’il restera l’interlocuteur principal des candidats à l’installation qui ont des projets plus avancés.
Lors du congrès JA 2011, le rapport d’orientation prévoyait une réforme du financement de l’installation. Où en est-on ?
J. C. : Oui, effectivement. L’installation est notre dossier prioritaire et le rapport d’orientation a fixé les grandes lignes du travail à venir. Nous avons proposé la création d’un fonds d’épargne pour le développement et l’investissement jeunes agriculteurs (FEDIJA) qui rassemblerait toutes les aides financières à l’installation d’où qu’elles viennent et qui pourrait être caution auprès des banques. La création d’une aide à la création d’entreprises jeunes agriculteurs (ACREJA), qui remplacerait la DJA, était également évoquée. Nous n’avons pas beaucoup avancé sur le sujet mais le travail va recommencer dès la rentrée en associant toutes les filières. Nous nous donnons du temps pour faire du bon travail et pouvoir faire des propositions solides avant que l’on cherche à nous imposer des choses dont on ne veut pas.
Quelles seront vos autres priorités pour les semaines à venir ?
J.C. : Avec les élections présidentielles qui s’annoncent, je pense qu’il va falloir commencer à discuter avec les différents candidats pour connaître leur vision de l’agriculture française. Avec Nature Capitale, nous avons montré toute la diversité de notre agriculture, notre richesse. Et sans agriculteurs, plus de diversité. Il faut protéger l’agriculture et pour cela, nous devons pouvoir travailler dans de bonnes conditions et pas seulement grâce à des aides.