Production betteravière
La betterave doit consolider sa place en Limagne
Coincés entre les décisions européennes, la hausse des prix des céréales et les importations de sucre, les planteurs de Limagne doivent lutter pour maintenir leur production.
Coincés entre les décisions européennes, la hausse des prix des céréales et les importations de sucre, les planteurs de Limagne doivent lutter pour maintenir leur production.
La betterave deviendrait-elle moins compétitive ? Tenaillée entre la restructuration européenne de la production et la flambée des prix des céréales, la production betteravière de Limagne traverse une crise de rentabilité. Son prix, aujourd'hui au plus bas (24 à 25 euros par T à 16), est en total décalage avec celui des céréales générant des risques d'abandon de la production locale. Une situation qui, visiblement, inquiète le président du syndicat betteravier des Limagnes. « En fait, ce n'est pas la betterave qui devient moins compétitive mais le fait qu'elle ne bénéficie pas de l'augmentation des prix des matières premières » explique Jean-Claude Delsuc. «Souvenons-nous, il y a quelques années, c'est la production betteravière qui soutenait les cultures céréalières de l'exploitation ! ». Le président du syndicat entend par là mettre en garde les producteurs qui, par choix économique de court terme, sont tentés de dénigrer la culture betteravière sous l'effet d'une hausse aléatoire du prix des céréales. « Ce comportement est dangereux car il déstabilise la production et fragilise notre outil industriel». Et Jean-Claude Delsuc reconnaît bien volontiers que la lutte est d'autant plus rude que le plan d'abandon de la production, proposé par Bruxelles à grand renfort d'indemnités, pouvait faire rêver les planteurs de Limagne. « Fin d'année 2007, nous étions dans une période cruciale qui incitait les producteurs à abandonner la betterave plutôt qu'à la maintenir. »
Que réserve l'avenir ?
Tel que cela a été négocié avec le Panel des pays exportateurs de sucre, l'Europe poursuit la diminution de sa production ; il lui reste près de 1,4 million de tonnes de sucre à abandonner. Le marché devrait ensuite repartir sur de nouvelles bases. Selon Jean-Claude Delsuc, « la campagne 2008-2009 devrait retrouver des niveaux de prix meilleurs du fait des arrêts européens et du désengorgement des marchés ». Le président souligne par ailleurs les incertitudes liées aux importations de sucre autorisées par Bruxelles (3 M T) : « des importations dont on ne connaît pas du tout le niveau de qualité et qui, aujourd'hui, sont confrontées à des coûts de frets exorbitants ». Vont-elles perdurer ? Ne faudra-t-il pas imaginer une autre solution intra-européenne ? Autant de questions qui font dire au représentant des planteurs de Limagne qu'il y a « un mauvais cap à passer que seul le respect de l'engagement coopératif peut aider à dépasser. Ce n'est pas le moment de se démobiliser. Le syndicat et la coopérative ont toujours su traverser ensemble les moments difficiles. L'obtention du quota additionnel de 25 000 T en est le dernier exemple. Alors sachons rester solidaires pour le maintien de la production betteravière en Limagne et l'ancrage territorial de la Sucrerie ».
La campagne betteravière 2007-2008 atteint un nouveau record de rendement avec 87,2 T à 16, « soit le 3ème rang national » insiste Jean-Paul Philippon, technicien-animateur du syndicat betteravier des Limagnes. « Ce résultat n'est pas ridicule, malgré des conditions climatiques difficiles au moment des plantations. La Limagne nord a eu de gros orages en juin 2007 préjudiciables aux racines. Cela s'est traduit par la perte de 15 T/ha dans le coeur de la Limagne. En revanche, les parcelles non irriguées ont , cette année, réalisé de bons rendements en raison d'une pluviométrie régulière ».