JA 23 se penche sur l'assurance récolte
Suite à un désaccord avec leur instance nationale, Jeunes Agriculteurs de Creuse a décidé de boycotter le cycle des Assemblées générales et a donc organisé une « réunion départementale » le jeudi 30 mars. « Rien de grave et cela va vite se régler » assure le président de JA23 Fabien Périgaud.
Après la présentation des comptes, les Jeunes ont fait le bilan de leurs actions en 2022. Parmi les gros dossiers, on retrouve l'application de la loi Egalim 2, pour laquelle ils ont mis un coup de pression sur les coopératives creusoises, pas assez rapides dans sa mise en place à leur goût. Pour les élections législatives, ils ont convié plusieurs candidats sur une exploitation pour connaître leurs programmes agricoles. Plusieurs manifestations ont rythmé l'année, notamment sur le sujet de l'explosion des charges. Il a été souligné que l'unique rencontre avec la nouvelle député Catherine Couturier n'a pas été productive et que celle-ci s'arrange systématiquement pour avoir un autre rendez-vous lorsqu'elle est invitée par le monde agricole. Les relations avec la parlementaire sont d'ailleurs totalement coupées depuis ses propos sur la méthanisation à la tribune de l'Assemblée nationale en décembre dernier. Le syndicat fait partie des organismes qui ont déposé une plainte en diffamation. Côté communication positive, Terre en fête et Label Creuse ont rencontré le succès, ainsi que la campagne d'affichage sur les produits locaux.
Assurance récolte
Pour parler d'actualité, le syndicat jeune a choisi le format table ronde pour évoquer la réforme de la gestion des risques. Les assurances ont pris le relais du CNGRA au premier janvier. Samuel Duquet de Pacifica et Anthony Laroudie de Groupama d'Oc ont expliqué comment elles vont fonctionner : le parcellaire de l'exploitation est croisé avec les données accumulées sur 10 ans, ce qui permet d'estimer si l'assurance se serait déclenchée ou pas sur cette période. Le tarif est établi en fonction de la culture, de la localisation de la parcelle, rendement, de la valeur de la culture et du niveau de franchise. L'État prendra en charge 70 % de la police d'assurance via un remboursement au moment du versement des aides PAC. « La notion de perte de chiffre d'affaire globale sur l'exploitation ne sera plus prise en compte, c'est bien cette culture sur cette parcelle qui sera indemnisée, et uniquement sur la baisse de rendement ». Pour que l'assurance fonctionne bien, il ne faudra pas hésiter faire déplacer l'expert à chaque aléa : « si la culture prend un coup de gel, puis la grêle, puis la sécheresse, tous ces dommages se cumulent et un bilan sera fait en fin de campagne ».
Malgré les explications et les exemples donnés, les intervenants du public n'ont pas été particulièrement convaincus : « À cause du calcul sur la moyenne des dernières années, on n'a pas été reconnus en zone sécheresse en 2022, alors que c'est probablement la pire qu'on ait connu, alors pourquoi payer une assurance ? ». « Ce n'est pas parce que c'est vert sur les images du satellite qu'il y a vraiment à manger au sol ». À cela les assureurs répondent que le système Airbus n'est en effet pas infaillible, il mesure la couleur et la met en relation avec la courbe des températures pour estimer la pousse de la biomasse en fonction de la culture en présence. Quant au calcul de la moyenne, grâce aux données collectées, il pourra se faire sur les 10 dernières années au lieu de 5 ou 3. « Le système des calamités que vous connaissiez jusque là n'existera plus, il vous faudra une trésorerie très solide pour faire face si vous ne vous assurez pas. »
Les débats se sont conclus sur les discours. Le président de JA23, Fabien Périgaud a souligné que 2022 avait été encore une année difficile, particulièrement en raison de l'explosion des charges et de la mauvaise prise en charge de la sécheresse. Il y a trop peu de contrats Egalim et la décapitalisation laisse entrevoir un avenir sombre. Avec une installation pour 4 départs, le dossier installation est également inquiétant, d'autant que la nouvelle « Dotation nouveau et jeune agriculteur », sans exigence de diplôme agricole, ne bénéficiera pas forcément à des exploitations viables en Nouvelle-Aquitaine. L'inquiétude monte également avec le retour du loup, contre lequel les mesures de protection semblent dérisoires. Quant au soutien des parlementaires, JA a renoncé à celui de la députée, aux abonnés absents : « Aurait-t-elle pris de nouvelles responsabilités à la CGT ? »
Clément Courteix, secrétaire général de JA Nouvelle-Aquitaine, est revenu sur les difficiles négociations avec la Région sur la DNJA qui laissent un goût amer : « Les mesures écologiques sont clairement déconnectées du terrain, mais la situation est moins pire que la première version qui nous a été soumise. » Christian Arvis, président de la FDSEA de la Creuse, a vivement encouragé les jeunes à faire des contrats Egalim, seul outil disponible pour une formation du prix en marche avant et un revenu décent. Le président de la Chambre d'Agriculture Pascal Lerousseau a envisagé la piste de la baisse de chargement pour limiter les charges d'alimentation animale et a demandé des tirs de protection contre le loup. Sur l'installation, il aimerait aller chercher des jeunes là où les terrains sont plus chers pour leur proposer des installations en Creuse « clé en main ».
Les prochains événements de JA23 seront le forum Installation le 6 avril et Label Creuse le 22 avril (à Guéret sur la place Bonnyaud).
Et l'eau ?
Sur l'eau, en Creuse, c'est la question de l'abreuvement des animaux qui est cruciale, car l'irrigation et les « bassines » ne sont pas des sujets sur le département. Pour Fabien Périgaud, il faut surtout trouver des solutions pour ne pas avoir à puiser sur le réseau d'eau potable : retenues collinaires, forages, puits... « Les réserves sont déjà au plus bas, la situation est déjà critique pour 2023. » Il demande des autorisations et des aides financières pour garantir l'alimentation en eau. Il a particulièrement regretté la destruction du barrage du Chat Cros, qui serait maintenant bien utile aux agriculteurs du secteur.
Sur le dossier de Sainte-Soline, le responsable condamne « évidemment » les violences. Et il vise particulièrement ceux qui se disent agriculteurs et qui viennent détruire l'outil de travail de leurs collègues.