« Il faut que tous les acteurs respectent leurs engagements »
Pour le ministre de l’Agriculture, les opérateurs français du marché de la viande doivent « se responsabiliser ». Il reproche notamment aux entreprises ou aux coopératives de ne pas suffisamment profiter des marchés d’exportation.
Les augmentations de prix décidées semblent lentes à se mettre en route…
Ce qui a été décidé, tant pour le porc que pour les bovins, c’est d’enclencher une inversion de tendance dans l’évolution des prix. Pour le porc, les hausses doivent se faire dans le cadre du marché au cadran. Pour les bovins, c’est plus compliqué, avec des cotations liées aux qualités de carcasses et une question spécifique posée en ce qui concerne le steak haché. Le steak haché est la forme de consommation de viande qui se développe le plus. Jusqu’à présent, il était surtout composé de vaches de réforme. Le problème c’est qu’on a commencé à faire du steak haché avec des troupeaux allaitants. Du coup, ils se vendent au prix de la vache de réforme. C’est un problème majeur. D’où l’idée de l’indicateur sur le steak haché. Plein de questions vont en découler. Est-ce qu’on fait un premium avec un steak à base d’allaitant, par exemple ? Il faut au moins qu’on étudie la question et qu’on évite de ramener le prix de l’allaitant à celui des vaches de réforme. Entre la grande distribution, qui s’est engagée sur une répercussion des hausses en amont, les abatteurs qui doutent que la grande distribution le fasse et qui sont loin d’être enthousiastes à faire remonter ces prix, les commerçants en bestiaux qui se sont, eux, clairement engagés, la situation est complexe. C’est un accord qu’on a obtenu à l’arraché (ndlr : le 17 juin). Il faut que tous les acteurs respectent leurs engagements pris lors de la table ronde.
N’est-ce pas un engagement que l’Autorité de la concurrence pourrait sanctionner ?
Non, on n’est pas sur une entente de prix de vente aux dépens des distributeurs. Il s’agit d’une discussion dans le cadre d’une crise majeure avec des producteurs qui n’arrivent plus à rémunérer leur travail, avec des risques de faillite à grande échelle et un tarissement des sources d’approvisionnement des distributeurs. On n’a pas défini un prix mais fait un constat commun de la situation et convenu qu’une hausse de prix d’achat était nécessaire pour inverser la tendance actuelle. Tout ceci dans une période de comportements absurdes. C’est le cas des systèmes de promotion pour le porc. Depuis vingt ans, elles sont déstructurantes pour la filière puisque que 70 % du temps, la viande est en promotion. Une promotion doit être ponctuelle, exceptionnelle, pour dégager un marché, relancer la consommation et non pas devenir la règle.
Que pouvez-vous faire pour inciter les opérateurs à vraiment travailler ensemble ?
Je n’ai aucun moyen de les obliger mais je puis tout de même exiger que ces opérateurs fassent une offre. On a 25 % d’export en vif en moins sur l’Italie actuellement. Qu’est-ce qu’on fait face à cela ? Sur l’Algérie, notre administration a fait un travail formidable pour renouer des liens et ouvrir des marchés. Il faut en profiter. Il faut que les opérateurs se mettent d’accord pour satisfaire ces besoins. Pas mal de pays souhaitent travailler avec la France. La plateforme export servira à cela : quelle offre française propose-t-on avec quelle qualité ? Je constate que nos concurrents, comme les Irlandais, les Australiens, les Américains, savent faire des offres nationales. Il faut que les Français se responsabilisent.
La suite dans le Réveil Lozère, page 9, édition du 16 juillet 2015.