Céréales
Gérer le risque ergot à la récolte et dans les parcelles contaminées
L’ergot des céréales est présent sur la Haute-Loire.L’institut du végétal Arvalis fait le point sur son identification, les risques et les moyens de prévention.
Hiver froid, printemps humide, le climat de 2013 a pu favoriser le développement de l’ergot. Les sclérotes, formés par le champignon Claviceps purpurea, sont facilement reconnaissables et observables à l’œil en mélange avec le grain. Si leur présence dans la récolte ne constitue pas systématiquement un danger, des mesures s’imposent concernant la gestion des lots et la réduction des risques pour les années suivantes dans les parcelles contaminées. À suivre, quelques conseils d’Arvalis-Institut du végétal.
Comment identifier des sclérotes d’ergot
Les sclérotes de blé, de seigle et plus généralement de céréales ressemblent le plus souvent à des crottes de rats. Pour les distinguer, les sclérotes sont facilement sécables et présentent un parenchyme blanc à l’intérieur. Les plus gros peuvent prendre une forme de «massue» et atteindre 5 cm. Les plus petits correspondent à des microsclérotes adhérant au grain qui passent le plus souvent inaperçus.
Les sclérotes constituent la forme de conservation du champignon.La conservation de l’ergot dans le sol ou dans les semences est assurée par des sclérotes. Lorsque les conditions sont favorables (en avril généralement), ces structures de conservation, faiblement enfouies, germent et émettent un stroma, sorte de tête à périthèces supportée par un pédicelle. À maturité, ces périthèces éjectent des ascospores dispersées par le vent à plus ou moins grande distance. Le champignon présente une faible spécificité d’hôte et s’installe alors (au stade floraison) sur les jeunes ovaires des graminées sauvages ou adventices alentours (vulpin, ray-grass… parfois directement sur les céréales). Il produit après infection un miellat, source de contamination secondaire par «splashing» des céréales alors en fleurs, présentes dans l’environnement immédiat. Le transport de cet inoculum secondaire peut également être assuré par des insectes.
Les sclérotes formés par Claviceps purpurea contiennent des toxines de la famille des alcaloïdes. Toxiques pour l’homme et pour les animaux, elles sont soupçonnées de provoquer des hallucinations et des gangrènes.
La gestion du risque ergot passe par une évaluation de l’importance de la contamination du grain, afin de respecter les limites réglementaires. Dans le cas de parcelles fortement contaminées, il est nécessaire de tenir compte de ce risque dans la stratégie de récolte et d’allotement et de nettoyage.
Gestion du risque ergot à la récolte
Retarder la récolte des parcelles fortement infestées permet à une partie des sclérotes de tomber au sol. Ce compromis nécessite en revanche de redoubler d’attention dans la gestion de la parcelle contaminée, les sclérotes tombés au sol constituant une source de contamination pour les campagnes suivantes. Cette stratégie privilégie le court terme sur le long terme.
Pour l’organisme de collecte, il est conseillé d’isoler les parcelles fortement contaminées pour mettre en œuvre une stratégie de nettoyage adaptée : l’utilisation de trieurs optiques, paramétrés pour éliminer l’ergot, permet d’éliminer la quasi-totalité des sclérotes présents dans les lots. Les tables densimétriques, utilisant la différence de densité du grain et des déchets, sont également très efficaces pour éliminer l’ergot, moins dense que le grain.
Moyens de prévention
Des moyens de prévention sont à employer pour la campagne à venir dans les parcelles contaminées.
Eviter de semer une céréale les 2 années suivant une attaque. Par ordre décroissant de sensibilité on trouve : le seigle, le triticale, le blé dur, le blé tendre, les orges et escourgeons, l’avoine.
Travail du sol : en moyenne, les sclérotes enfouis à plus de 5 cm dans le sol peuvent difficilement faire émerger leurs organes de dispersion. Dans le temps, ils ne survivraient pas plus de deux ans. Ainsi, après une récolte contaminée, un labour profond (>15cm) suivi d’un travail superficiel les deux années suivantes permettent de limiter la contamination future.
Semences : ne pas utiliser de semences contenant des sclérotes d’ergot. Rappelons qu’aucune solution de traitement des semences n’est disponible aujourd’hui.
Désherbage : les graminées étant un relai de transmission de la maladie et une source majeure d’entretien et de multiplication de l’inoculum, leur contrôle sur l’ensemble de la rotation permet de limiter le risque (fauchage des bordures de parcelles, maîtrise de l’enherbement par le désherbage, ainsi que toute autre méthode de lutte contre les graminées).
ARVALIS - Institut du végétal, délégation Auvergne