Forum réfugiés - “Aurillac ressemble tellement au Burundi...”
Il y a trois ans, Jean-Pierre Harerimana a dû quitter son pays, le Burundi, et son métier de journaliste reporter d’images. Aujourd’hui à Aurillac avec sa famille, il se construit un nouvel avenir.
“Aurillac ressemble tellement au Burundi...” Chaque fois qu’il pose le regard sur le paysage qui l’entoure, Jean-Pierre Harerimana sent poindre la nostalgie de son pays. Un état d’Afrique de l’Est parmi les plus pauvres de la planète qu’il a fui fin 2016 et plongé dans une crise politique suite à la tentative de coup d’État du général Niyombare en mai 2015 contre le pouvoir en place, celui du président Pierre Nkurunziza. Un président qui a décidé de se représenter pour un troisième mandat, violant ainsi l’accord d’Arusha.
Journaliste reporter d’images, Jean-Pierre, qui a fêté ses 47 ans en France, travaille alors depuis une dizaine d’années pour l’agence indépendante Reuters. Comme ses confrères, il est une cible privilégiée dans la période trouble qui suit l’élection et qui voit des personnalités politiques, militaires mais aussi des journalistes, assassinés, des radios privées incendiées par les forces gouvernementales. “Un ami avec lequel je travaillais a été tué avec toute sa famille le 13 octobre 2015 , relate le réfugié. Je me suis alors dit que ça pouvait m’arriver aussi.”
Journaliste cible
En décembre 2016, il s’envole donc pour Paris. Sa demande d’asile est rapidement acceptée et le Burundais se met en quête d’un poste dans la presse. Malgré l’appui de Reuters, la mission s’avère compliquée pour ne pas dire impossible. Jean-Pierre Harerimana obtient le regroupement familial et peut faire venir sa femme et ses enfants restés au Burundi, sous la menace d’exactions. Sans revenu, impossible de se loger dans la capitale parisienne, même auprès de bailleurs sociaux. Jean-Pierre est alors aiguillé vers le CPH, le Centre provisoire d’hébergement d’Aurillac. Ouvert à Belbex en mai 2017 et géré par l’association Forum réfugiés, ce centre dispose de 60 places d’hébergement sous la forme de 16 appartements où les réfugiés ayant obtenu une réponse positive à leur demande d’asile peuvent rester neuf mois, le temps de devenir autonomes (lire ci-dessous), d’apprendre et parfaire leur français, de trouver un emploi ou une formation...
Sans faire définitivement le deuil de son métier, le Burundais n’a lui pas hésité à entreprendre la formation proposée au Campus pour devenir installateur de réseau très haut débit via la fibre. Depuis le mois de juillet, il se montre assidu et motivé car il dispose déjà d’une promesse d’embauche de l’entreprise Escot. Sachant qu’avant d’intégrer la télévision burundaise, il a suivi un cursus d’électromécanicien.