« Fini de rigoler, maintenant faut nous payer ! »
À l’appel d’un mot d’ordre national FNSEA-JA, une centaine d’agriculteurs a convergé mardi 22 novembre vers le siège de l’ASP à Clermont-Ferrand, réclamant sans délai le solde des aides Pac, en souffrance depuis près de deux ans.
Venus des quatre départements d’Auvergne, ils ont bravé la pluie pour exiger des comptes de l’administration. Au siège de l’ASP (agence de services et de paiement), les agriculteurs n’avaient franchement pas envie de rigoler, tant les situations que traversent certains d’entre eux sont dramatiques. Des paiements compensatoires datant de 2015, toujours pas versés au 22 novembre 2016, des aides 2016 dont on ignore encore l’échéance de paiement, etc. « La coupe est pleine, les agriculteurs ne peuvent plus attendre et se contenter d’explications techniques. Aujourd’hui l’administration doit assumer et payer, s’est emporté, Yannick Fialip, président de la FDSEA de Haute-Loire. Derrière les dossiers, il y a des hommes, des femmes, des familles, incapables de se verser un salaire, d’honorer leurs annuités bancaires et leurs dettes fournisseurs. »
« On reviendra tous les jours s’il le faut ! »
Face aux attentes légitimes des agriculteurs, et pour éviter de se lancer empêtrer dans la « cuisine » administrative pétrie de justifications plus incompréhensibles les unes que les autres, les responsables professionnels ont posé des questions précises. Quatre-vingts pourcents des montants ICHN ont été versés fin octobre. Le solde définitif interviendra en fin d’année. « On reviendra vérifier que tout se débloque rapidement, quitte à passer Noël ici. C’est inadmissible en 2016 de mettre les paysans dans une situation aussi délicate », a insisté Nicolas Merle, président des JA Auvergne Rhône-Alpes. « Et qu’est-ce qui vous empêche de faire des chèques », a lancé agacé un groupe d’agriculteurs. Triturant leur fiche, essayant de justifier le retard de l’État par la mise en œuvre de la réforme de la Pac en 2015, les représentants de l’administration ont bien eu du mal à calmer les ardeurs de paysans, bien décider à obtenir enfin leur dû.
Des agriculteurs exaspérés…
Plus de 200 agriculteurs de Rhône-Alpes, venus avec une demi-douzaine de tracteurs et des remorques remplies de fumier ou de pneus, se sont rassemblés près de l’antenne de l’ASP de Lyon. Il en a été de même dans de nombreuses régions. « On n’a pas touché la fin de 2015 et rien en 2016. Je n’ai pas de salaire, mon père non plus, témoigne, en larmes, Aurélie Vuillermet, jeune agricultrice de l’Isère. On n’a pas notre argent et on ne nous dit pas pourquoi. Ce n’est pas de l’argent volé, c’est de l’argent dû. » Cette éleveuse craint, comme ses compagnons d’infortune, un effet conjugué dévastateur de la crise et des retards de versements d’aide. Parfois jusqu’au dépôt de bilan. En Lozère, plus de 120 agriculteurs n’ont toujours pas perçu le solde de leurs aides 2015, ce qui entraîne un blocage de leur dossier 2016.
La suite dans le Réveil Lozère, page 8, édition du 1er décembre 2016, numéro 1386.