FDSEA - Rats, sécheresse... un été brûlant
Ouverture d'un dossier calamités agricoles, activation du FMSE pour indemniser les pertes fourragères causées par les campagnols... la FDSEA sur plusieurs fronts.
Si l'actualité de ces derniers jours a largement été focalisée sur les incendies géants en Gironde, c'est sur d'autres fronts - certes moins spectaculaires visuellement mais destructeurs pour les prairies - que les agriculteurs cantaliens sont de nouveau mobilisés cet été. Sécheresse, rats taupiers, loup, vautours... un ordre du jour dont les responsables de la FDSEA se seraient bien passés en cette année 2022 qui s'annonçait pourtant au printemps prometteuse en termes de potentiel fourrager.
Vendredi dernier, accueilli par l'équipe cantonale de Vic-sur-Cère à Pailherols, le conseil d'administration du syndicat a largement été consacré à ces fléaux qui hypothèquent une nouvelle fois les stocks et l'alimentation des troupeaux tout autant que les trésoreries déjà bien entamées par la hausse inédite des intrants.
Pas une goutte d'eau depuis fin 2021
Chaque délégué a pu ainsi décrire la situation sur son canton, avec sur certains secteurs - en l'occurrence la bordure Est du département - des pertes massives et irréversibles. "Des stocks fourragers, il va en manquer sur tout le département mais la situation est véritablement critique sur l'Est, les secteurs de Ruynes, Chaudes-Aigues, Saint-Flour sud où les récoltes sont réduites à zéro ou à un ballot par hectare, même pas de quoi payer le carburant ! Même s'il repleut, le mal est fait, c'est mort ! Certains n'ont pas vu une goutte de pluie depuis Noël et se demandent même comment ils vont pouvoir alimenter en eau leur maison dans les prochains jours", relate Delphine Freyssinier, secrétaire générale de la FDSEA, qui s'est rendue sur place en début de semaine dernière avec les représentants de la DDT (Direction départementale des territoires). Une visite de terrain qui s'imposait pour faire toucher du doigt aux services de l'État la gravité de la situation sur laquelle le syndicat alerte depuis plusieurs semaines déjà. "Nous avons demandé
l'ouverture d'une procédure de reconnaissance en calamités, qui va nécessiter des expertises sur le terrain en fin d'été mais on n'est pas à l'abri que le secteur concerné s'étende d'ici là", complète la responsable syndicale.
Là où la pluie a enfin fait une réapparition avant l'épisode caniculaire, elle a été synonyme de reprise intense de l'activité des campagnols terrestres, ont témoigné les délégués des cantons de Pleaux, Mauriac, Riom... Sur ce dossier, Simon Veschambre, par ailleurs président de la FDGDon, a retracé le travail et les avancées engrangées depuis deux ans : l'obtention d'une AMM (autorisation de mise en marché) pour le Ratron GW (phosphure de zinc) avant l'interdiction définitive de la bromadiolone fin 2020, une dérogation permanente et définitive pour la mécanisation du traitement (avec charrue), puis une dérogation pour doubler la dose du produit qui s'était avérée insuffisante sur le terrain (2x2 kg/ha)... Certes, le Ratron GW n'est pas le produit miracle que d'aucuns appellent de leurs voeux, mais "ceux qui l'ont utilisé en grosse quantité ont limité les pertes de fourrages", constate-t-il. Peut-être faudra-t-il obtenir un dosage encore plus élevé, consent Simon Veschambre, qui souhaite que l'État agrée rapidement d'autres produits, comme le phosphure de zinc sur base luzerne dont l'efficacité est supérieure. Il met aussi ses espoirs dans la recherche notamment sur l'immunocontraception (stérilisation des mâles), en bonne voie.
Des leviers pour restaurer les trésoreries
"On ne pourra prouver l'efficacité de ces produits que s'ils sont utilisés à grande échelle, ce qui n'est pas le cas aujourd'hui avec le Ratron, et que si on active un maximum de groupements locaux de défense (GDon)", affiche le président de la FDGDon, reconnaissant que le prix (16 EUR/kg) du Ratron est un frein à la lutte, même si les contrats FMSE (fonds de mutualisation sanitaire et environnemental) indemnisent 75 % de ce coût. Encore faut-il que ces indemnisations arrivent sur les comptes des agriculteurs, celles de 2020 et 2021 étant toujours bloquées, notamment en raison de procédures de contrôle. "Il faut que l'État lâche du lest, qu'on arrête de vouloir contrôler les contrôleurs, on en est là !", s'agace Simon Veschambre. La FDSEA est aujourd'hui également mobilisée pour l'activation d'une indemnisation partielle des pertes fourragères via le FMSE pour les éleveurs ayant souscrit un contrat. FMSE dont le président Joël Limouzin était venu sur le terrain fin mai à Saint-Simon évaluer les dégâts et échanger sur la méthode adéquate d'évaluation des pertes (afin de différencier les pertes liées aux rats de celles d'une sécheresse ultérieure).
"Si on peut obtenir aussi une exonération de la TFNB (taxe foncière sur le non-bâti), on ira la chercher, idem pour des exonérations de cotisations MSA...", a listé Delphine Freyssinier. Avant d'ajouter : "Notre objectif est de n'oublier personne, de pouvoir traiter les différentes situations en les hiérarchisant et ce afin de faire rentrer de la trésorerie au plus vite pour que les éleveurs puissent nourrir leurs animaux."
Il a aussi été question des nouvelles attaques du loup sur la Margeride et les Monts du Cantal avec des avancées cependant sur ce dossier et de la présence grandissante des vautours. "Il faut que les agriculteurs pensent à systématiquement faire un signalement", avance la secrétaire générale.
Et n'hésitent plus non plus à faire leur proposition de contrats pour la vente de leurs animaux sur la base de leurs coûts de production comme leur permet la loi Égalim, souligne Delphine Freyssinier.