FDSEA : "on maintient la pression"
La fin d'année 2014 a été intense pour la FDSEA mobilisée entre autre sur le dossier des zones vulnérables.
La fin d'année 2014 a été marquée par une mobilisation à répétition contre le projet de classement en zones vulnérables de communes cantaliennes.
Où en est le dossier ?
Patrick Bénézit, président de la FDSEA : "Par l'intermédiaire du député Calmette qui nous accompagnait, nous avons été reçus jeudi avec les responsables de la Chambre d'agriculture et des Jeunes Agriculteurs par Mme Génin, conseillère technique "eau et risques naturels" de Ségolène Royal, et le lendemain par le préfet coordinateur du bassin Adour-Garonne. On a redit qu'on ne voulait aucun mètre carré cantalien en zone vulnérable parce qu'on est en zone de montagne et qu'aucune origine agricole à une pollution aux nitrates n'a été démontrée. Nous avons expliqué à nos deux interlocuteurs, sur la base des éléments techniques et arguments apportés par la Chambre d'agriculture et nos experts hydro-géologues, que rien ne justifie le classement de 18 communes du département. D'ailleurs, ni au ministère, ni à Toulouse, on nous a prouvé le contraire. Nous restons plus que jamais convaincus qu'on a strictement rien à faire dans ce classement et nous continuons à maintenir la pression sur ce dossier, comme récemment à Lafeuillade, en demandant au préfet Vignon, qui convoque ce jeudi une réunion de crise sur la question, d'oeuvrer pour sortir intégralement les 18 communes des arrêtés de classement qui devraient être pris prochainement."
Autre dossier toujours en chantier, celui de la déclinaison de la Pac avec des derniers arbitrages sur la PMTVA qui n'arrivent pas...
P. B. : "Les choses ne sont toujours pas calées alors que la période de déclaration approche à grands pas. C'est une honte ! Les éleveurs sont très mécontents et c'est normal. Il est inadmissible que le ministère n'ait toujours pas tranché et affiche des positions fluctuantes d'une semaine sur l'autre ! Pour la FDSEA du Cantal, les demandes sont claires : nous souhaitons une référence 2013 basée sur les campagnes de vêlage, par exemple de 2012-2013, afin qu'un éleveur ait autant de droits qu'il avait de vêlages. Il ne faut pas qu'il y ait d'injustice dans cette "photo initiale". Ensuite, il va falloir que la période transitoire 2013-2015 soit bien gérée en prenant en compte les différents évènements qui ont pu intervenir : installations, changements de société, agrandissements, substitution de vaches à la place de génisses déclarées précédemment. Nous demandons enfin que le système donne les mêmes chances aux éleveurs où qu'ils soient sur le territoire national."
Les perspectives de ce début 2015 ne sont guère réjouissantes en termes de prix des productions animales...
P. B. : "En lait, on s'attend à un recul des prix qui fait dire que le travail réalisé autour des AOP d'Auvergne, et notamment la déconnexion du prix du lait AOP du prix standard, est une très bonne initiative qui doit se pérenniser en 2015. C'est une solution d'avenir pour nos AOP mais aussi pour d'autres démarches démarquées. Notre région a besoin plus que d'autres de se situer sur des productions différenciées qui pourraient éviter de se retrouver au milieu de déséquilibres de marché, comme celui généré par l'embargo russe. En lait, comme en viande d'ailleurs, il faut aussi que les pouvoirs publics français et européens prennent la mesure de l'importance des marchés à l'exportation et mettent des moyens conséquents sur ces marchés de sorte que le prix du lait standard et ceux de la viande bovine retrouvent des niveaux en adéquation avec les coûts de production des éleveurs."
Sur ces marchés export, on parle d'une demande pour des animaux plus légers que les broutards proposés par le bassin allaitant français...
P. B. : "Des marchés, et notamment la Turquie, se sont effectivement ouverts avec des poids très légers. Cette demande est liée aux habitu- des d'approvisionnement de ces pays auprès d'exportateurs d'Amérique du Sud où prévalent des races à petit gabarit qui ne dépassent pas 200 kilos à douze mois. Ce qui fait que ces marchés ont dû mal aujourd'hui à franchir le pas d'achats plus lourds. Beaucoup d'échanges ont déjà eu lieu avec les engraisseurs de ces pays tiers, certains, comme le Maroc et la Tunisie, ont évolué dans leur position même s'ils restent sur des veaux encore légers. On a aussi beaucoup discuté avec les Turcs. Nous avons encore à les convaincre qu'il vaut mieux acheter un animal français plus lourd avec des qualités génétiques supérieures et qui poussera plus vite qu'un veau urugayen avec la même nourriture. Nous allons profiter de la venue de l'ambassadeur turc fin janvier dans le Cantal pour continuer à porter ce message."
Vous aviez aussi beaucoup axé vos actions syndicales sur le "manger français". Ont-elles porté leurs fruits ?
P. B. : "Même si on a du mal à en chiffrer les répercussions, ces opérations chez les distributeurs et la restauration hors foyer ont eu un vrai impact tant au plan local que national. Le fait d'être présent et de mettre la pression sur ces circuits, en ne laissant pas faire n'importe quoi aux collectivités et entreprises, joue de façon conséquente sur l'approvisionnement de la restauration collective en viande française. Il y a eu aussi une prise de conscience du grand public mais il ne faut pas baisser la garde, car les intérêts à court terme de certaines boîtes reviennent toujours au galop, c'est un combat permanent. Sur Aurillac, nous avons rencontré en fin d'année le maire qui s'est engagé à un approvisionnement des Cuisines centrales 100 % avec des viandes françaises. Mais il reste du travail à faire avec les établissements scolaires qui se fournissent en dehors des Cuisines centrales avec des origines de viande aléatoires."
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