FDSEA-JA - Exigences nouvelles et promesses non tenues
À l'appel national de la FNSEA et des JA, ce sont plusieurs sujets de discorde qui ont motivé le rassemblement d'une centaine d'agriculteurs devant la préfecture, lundi 20 novembre.
U ne quinzaine de tracteurs, des banderoles, des slogans, une centaine de manifestants et une délégation reçue par le préfet. Voilà comment s'est traduite, lundi 20 novembre, la manifestation agricole répondant à un mot d'ordre national de la FNSEA et des Jeunes agriculteurs.
Les revendications sont nombreuses, car les agriculteurs, éleveurs notamment, se sentent "lâchés de toute part". Joël Piganiol, président de la FDSEA du Cantal, énumère l'importation massive de viandes et produits laitiers (ne répondant pas aux mêmes exigences que les productions françaises) ; les difficultés liées au contexte sanitaire FCO (une indemnisation rapide est réclamée) et MHE (tests PCR toujours à la charge des exploitants) ; des aides Pac (loin d'être à la hauteur des sommes promises) ; une loi Égalim mal appliquée (prix payés aux producteurs qui ne
couvrent toujours pas les frais de production)...
Mille-feuilles de contraintes
Cerise sur le gâteau, l'élevage bovin assimilé à une activité industrielle (contenu du projet de révision de la directive européenne sur les émissions industrielles IED) a de quoi faire bondir les syndicats, de même que le projet de loi sur la "restauration de la nature", qui équivaut à imposer de nouvelles contraintes sur les surfaces agricoles. Voilà l'essentiel de ce que Mathieu Théron, président des JA du Cantal, porte-parole de la délégation, a listé au préfet Buchaillat, qui avait déjà eu un avant-goût des revendications lors de sa présence à l'assemblée générale de la FDSEA 15 (thèmes qui seront certainement repris également lors de la session de la Chambre d'agriculture lundi).
À l'écoute également de Joël Piganiol et de Patrick Bénézit, vice-président de la FNSEA et président de la Fédération nationale bovine, le représentant de l'État était particulièrement sensibilisé aux difficultés de versement des soutiens Pac et des divergences sur un certain nombre de montants revus à la baisse. L'espoir consiste à voir arriver les soldes dus et, potentiellement, rattraper les écarts constatés.
Retrouver de la cohérence
Dans un proche avenir, la délégation redoute des pertes importantes liées au contexte sanitaire : surcoût vétérinaire, chute de production et animaux perdus. Pour les plus fragiles, les jeunes installés ou ceux qui viennent d'investir, il est demandé un accompagnement concret au cas par cas. Les syndicats s'avouent inquiets suite au déplacement dans les Pyrénées du ministre de l'Agriculture qui, à propos de la MHE, n'a finalement apporté aucune réponse.
Delphine Freyssinier relève, quant à elle, une vraie disparité dans l'application des lois. "On va nous mettre à l'amende si on coupe l'arbre qui protège je ne sais quel oiseau, mais une loi essentielle comme Égalim, censée nous protéger nous, en prenant en compte les coûts de production, n'est toujours pas appliquée, en toute impunité, sans contrôle." À son tour, reprenant une thématique nationale, Patrick Bénézit réclame "de la cohérence gouvernementale". Et de citer pour exemple le dossier de la stratégie bas-carbone : "Supprimer des vaches chez nous ? Mais pour les mettre où ? Au Brésil ? En Argentine ?"
Il s'interroge sur comment demander aux éleveurs de baisser les émissions de gaz à effet de serre
- alors qu'elles sont très réduites par rapport aux autres continents - et continuer de vouloir signer des accords internationaux pour laisser entrer des produits qui viennent de l'autre bout de la planète ? Une question essentielle à l'heure où l'élevage français en général et cantalien en particulier, fait face à une période de décapitalisation inédite.
Cette "incohérence gouvernementale", la délégation la dénonce sur la totalité des dossiers évoqués et attend, rapidement, une nouvelle forme de logique.