Gibier
Faut-il réintroduire le chamois en Lozère ?
La fédération départementale des chasseurs a lancé une étude de faisabilité pour la réintroduction du chamois en Lozère en 2012. Aujourd’hui, les conclusions montrent qu’elle est possible.
Le simple bonheur de pouvoir admirer, d’ici quelques années, un chamois au détour d’une randonnée pédestre dans les gorges du Tarn ; de l’observer, seul ou en groupe, sur les pentes du Mont Lozère, de le chasser, également. Voila le pari que souhaite relever la Fédération départementale des chasseurs en collaboration avec les acteurs locaux. Depuis un an, elle planche sur le sujet et veut y croire. Enthousiaste, l’enrichissement du territoire lozérien lui parait un objectif noble : avec le chevreuil, le cerf, et le mouflon, ce mammifère, le plus petit représentant de la famille des caprinés, aurait sa place dans le département de moyenne montagne qu’est la Lozère. L’étude du cas de sa réintroduction a été étudiée et reconnue comme possible par l’ONCFS, les parcs naturels régionaux, le CNRS, les techniciens du FDC et des experts indépendants.
Reste aujourd’hui à obtenir les accords des autorités et de la population locale. Pour cela, il lui faut dans un premier temps combattre les idées reçues sur l’espèce : le chamois n’est pas un animal uniquement fait pour la haute montagne : 800 individus vivent par exemple dans les Gorges du Verdon, à seulement 450 m d’altitude, région marquée par un climat méditerranéen. On peut aussi les trouver dans l’arrière pays niçois, à 20 km de la mer… Avant tout, le chamois a besoin de fortes pentes et de zones rocheuses pour se sentir chez lui : des conditions que l’on retrouve dans les gorges du Tarn et sur la bordure orientale du Mont Lozère, les deux zones les plus propices à la réintroduction de l’espèce, si elle a lieu. Le coût de l’opération ? 50 à 60 000 €. « Le coût d’un rond point » précise Arnaud Julien, chargé de mission à la Fédération de chasse de Lozère.
Peut-on parler de réintroduction ? Le chamois a-t-il déjà vécu en Lozère ?
Arnaud Julien : Oui, nous avons de multiples preuves de sa présence historique dans le Massif central. Des ossements préhistoriques ont été retrouvés dans des grottes de Lozère, celles de Nabrigas notamment. Plus récemment, les écrits d’Henry Affre, naturaliste, en 1854 décrivent des chamois dans les gorges du Tarn jusqu’au xviiie siècle au dessus de Millau. De plus, on observe ponctuellement des chamois dans notre département, depuis une quinzaine d’années : au-dessus de Florac, sur le Mont Lozère, vers Saint-Chély-du-tarn. Il s’agit d’individus qui viennent probablement du Cantal, où ils ont été réintroduits avec succès il y a 35 ans. Cependant, les chamois ont tendance à se déplacer en suivant les lignes de crêtes, ce qui limite considérablement les déplacements éventuels jusqu’à chez nous, d’autant que les autoroutes et les lignes de train leur bloquent également le passage. Ils ont besoin d’un « coup de pouce » de notre part.
Pourquoi est-il souhaitable de réintroduire cette espèce en Lozère ?
AJ : Les bénéfices seraient multiples en termes de biodiversité, de dynamique et de valorisation pour le territoire. On a vu le bénéfice de la réintroduction des vautours fauves, réintroduction qui pourtant n’avait pas été acceptée de tous dans un premier temps. Aujourd’hui, la présence de vautours attire des milliers de touristes tous les ans et elle est même devenue un marqueur de notre identité. Nous pouvons tous être fiers d’avoir dans nos cieux les cinq grands rapaces. Aujourd’hui il est possible d’avoir également les cinq ongulés sauvages (avec le cerf, le sanglier, le mouflon, le chevreuil)… Nous renforçons notre image de pays de moyenne montagne, notre offre touristique. La chasse du chamois sera également un plus, car il s’agit d’une chasse plus sportive. Il faut avoir le pied montagnard !
À lire dans le Réveil Lozère n°1230 du 24 octobre 2013, en page 4.