Faire front malgré l’inflation
Les élus du Conseil régional ont examiné, jeudi et vendredi dernier, entre autres, la prochaine programmation des fonds européens pour l’agriculture, et débattu du budget pour 2023 en visio…justifiée par la pénurie de carburant selon la majorité, interprétée comme une esquive par l’opposition.
« Nos collectivités sont au bord de l’asphyxie. Le Gouvernement ne peut pas laisser faire…Nous demandons un bouclier tarifaire, on parle tout de même de 70 millions d’euros », a précisé Laurent Wauquiez, au matin du premier jour de la session du Conseil régional. La flambée des charges, énergétiques notamment, ébranle les équilibres des particuliers, des entreprises, mais aussi celles des mairies, départements, régions…Alors que l’orage gronde et que l’on ignore encore l’ampleur de l’iceberg, le président de Région souhaite maintenir le cap « autour d’une feuille de route claire : arriver à faire face à cette inflation sans augmenter les taxes¹. C’est une gageure, la facilité serait de laisser dériver. Cela suppose de bien tenir l’ensemble de nos dépenses tout en gardant nos objectifs : relocaliser pour défendre notre souveraineté industrielle et nos emplois, agir en faveur de la sobriété énergétique (hydrogène vert, promotion de l’écologie positive et non sectaire), de la santé et de la sécurité ; et préparer l’avenir de nos enfants en poursuivant notamment les investissements dans nos lycées ». Reste que l’élaboration du budget 2023 s’apparente plus que jamais à un jeu d’équilibriste, où les choix, même controversés, s’imposent.
Aider autant avec moins
Sur le Feader (fonds européen agricole pour le développement rural), même stratégie « de priorités et d’efficacité », qui selon l’exécutif a payé lors de la dernière programmation (2014-2022). « Auvergne-Rhône-Alpes est la Région qui a le mieux consommé les crédits FEADER de la programmation 2014 - 2022, et ce, malgré un retard de près de 30 000 dossiers en 2016. La Région présente ainsi les meilleurs taux d’exécution de France : tous les dossiers ont été traités et la totalité de l’enveloppe sera soldée d’ici la fin de l’année. Ainsi, aucun euro ne sera reversé à Bruxelles, tous les crédits européens auront bénéficié à nos agriculteurs », a détaillé Emmanuel Ferrand, élu en charge du dossier. Pour la prochaine nouvelle programmation 2023-2027, l’exécutif doit toutefois composer avec l’inflation évidemment, mais aussi un recul du budget de la PAC, qui alimente ces crédits Feader, de l’ordre de 20 %. « Pour pallier ces baisses de dotations, la Région accentuera ses efforts de financement pour notre agriculture : nous investirons près de 100 millions d’euros par an pour financer les projets des agriculteurs, portant ainsi le budget agricole à 200 millions d’euros par an (FEADER + part Région) », a indiqué Laurent Wauquiez.
Installer davantage
Plusieurs priorités ont d’ores et déjà été fléchées : l’action autour du changement climatique, le soutien aux projets agricoles structurants, l’installation (avec l’ambition d’accompagner 1 000 nouveaux installés chaque année, contre 825 en 2021), la souveraineté alimentaire, la politique en faveur de la forêt, le développement rural (avec l’ambition affichée de maximiser les crédits), des actions pour l’innovation et le développement…Au total, ces priorités vont être déclinées en 26 mesures contre 92 dans l’ancienne programmation. « Il s’agit de gagner en lisibilité et en fluidité », a indiqué Emmanuel Ferrand. Objectif affiché : optimiser la consommation des fonds européens, et « ne pas s’interdire de travailler avec d’autres Régions pour récupérer de l’argent qu’elle ne consommerait pas ».
¹ Les Régions perçoivent la cotisation sur la valeur ajoutée (CVAE), composante de la contribution économique territoriale (CET), qui a remplacé la taxe professionnelle à partir de 2010 ; la taxe intérieure de consommation sur les produits énergétiques (TICPE) et la taxe sur les certificats d’immatriculation des véhicules (cartes grises).
Un plan de bataille énergétique pour les lycées
Alors que la facture énergétique globale des lycées pourrait doubler en 2022 et atteindre 140 millions d’euros en 2023, contre 45 millions d’euros en 2021, la Région a lancé un plan de sobriété énergétique doté de 80 millions d’euros (60 millions d’euros pour les lycées publics et 20 millions d’euros pour les lycées privés). Il devrait permettre de réduire de 30% la consommation énergétique et les émissions de CO2 des lycées avant 2024.
Pourquoi la Région soutient l’Arménie ?
Auvergne-Rhône-Alpes est l’une des régions françaises concentrant l’une des plus fortes communautés d’origine arménienne de France (environ 175 000 personnes sur les 500 000 personnes d’origine arménienne environ vivant sur le territoire français). De fait, la Région rassemble plus grand nombre d’accords de partenariat entre collectivités arméniennes et françaises. Alors que l’Arménie est frappée par de nouvelles offensives de l’armée azerbaidjanaise, (plus de 207 soldats et 4 civils arméniens ont trouvé la mort dans les affrontements des 12 et 13 septembre, et près de 7 600 personnes ont été déplacées dont 1 437 enfants), la Région vient de débloquer un aide humanitaire de 300 000 euros à destination des populations de l’Artsakh.
Dîner des Sommets : une question d’échelle…
Interrogé à plusieurs reprises par des journalistes, et l’opposition, sur la polémique autour du dîner des Sommets, facturé 100 000 €, Laurent Wauquiez a fini par répliquer : « Je rappelle les masses budgétaires de la Région, quatre milliards d’euros, avec des enjeux financiers et budgétaires colossaux. La préoccupation de nos compatriotes, c’est un critère simple : est-ce qu’on augmente les taxes et les impôts ? Il est assez vraisemblable que toutes les Régions vont augmenter leurs taxes et leurs impôts. En Auvergne-Rhône-Alpes, nous ne le ferons pas. C’est la meilleure réponse ». Pas sûr qu’elle est contentée tout le monde.