Faire de la réglementation un atout technique
Compte tenu de la sécheresse de cet été, le Ministère a reporté, par dérogation, la date de présence obligatoire
des cultures dérobées (SIE), du 1er septembre au 27 octobre 2020. Quelques conseils techniques…
Une culture dérobée est une culture semée entre deux cultures principales et dont la production est récoltée ou pâturée. Et cette culture dérobée peut devenir Surface d’Intérêt Ecologique. La SIE est, en effet, une culture dérobée astreinte à des obligations pour donner droit à des aides de la PAC. Hors dérogation, elle doit être présente sur la parcelle à partir du 13 août et jusqu’au 7 octobre (8 semaines au total). Elle doit être composée d’au moins 2 variétés faisant partie de la liste des variétés SIE comme par exemple : le chou et le radis fourrager, le colza et la fétuque, la luzerne et le trèfle, le ray-grass et le moha, la navette, la phacélie, le pois, le sorgho et le seigle, l’avoine et le tournesol, la vesce…
Cette année en raison des épisodes de canicule et d’une demande insistante de la profession, le Ministère de l’agriculture a annoncé une dérogation avec un report de la date de présence obligatoire des cultures dérobées. Ainsi, l’obligation de présence est décalée pour cette année du 1er septembre au 27 octobre sous réserve d’en faire la demande à la DDT. Cette demande concerne alors toutes les SIE de l’exploitation, y compris celles qui étaient présentes avant le 1er septembre et elles devront donc toutes être détruites après le 27 octobre.
De vrais alliés agronomiques
Il est important de choisir son couvert en fonction de ses objectifs agronomiques et culturaux
Pour une optimisation du couvert, en zone de plaine, celui-ci doit être implanté après le 10 août. Avant cette date la semence germera certainement mais risque fortement de végéter. En revanche, en zone de montagne, il est grandement recommander de l’implanter avant le 15 août pour optimiser la biomasse à l’automne. Dans les deux cas, et au vu des conditions climatiques de cette année, le semis doit se faire après une pluie.
Aujourd’hui, dans le cas où les couverts ne sont toujours pas implantés, il est nécessaire d’utiliser des variétés à cycle de développement rapide : certaines graminées, certaines légumineuses ou des crucifères (ex : Ray-grass Italien + Trèfle Incarnat).
Au-delà de répondre, dans certains cas, à la réglementation, les couverts végétaux sont de vrais alliés agronomiques.
Ils piègent les éléments minéraux du sol nécessaires à leur croissance durant l’hiver et les restituent en partie à la culture. Cela permet également d’éviter le lessivage. De plus, ils nourrissent les microbes pendant l’automne grâce aux sucres sécrétés par les racines, participant ainsi à la vie biologique du sol.
Ils restructurent le sol par le biais des racines. Les sols tassés voient leur porosité et leur ressuyage améliorés ; un facteur d’amélioration de l’activité biologique des sols (bactéries, microbes, vers de terre…). Ainsi le développement du système racinaire de la future culture s’en voit amélioré, le ruissellement et l’érosion sont limités et les résidus sont décomposés plus facilement.
Ils peuvent produire du stock fourrager pour le troupeau.
Ils luttent contre les adventices, un effet direct sur la gestion de l’enherbement. Et enfin, ils protègent le sol des effets du gel…
Bien choisir ses couverts
Le choix des espèces et le type de mélange est à réfléchir en fonction des objectifs recherchés, des contraintes de l’exploitation, du système et de la culture suivante. Une technicité importante est ainsi nécessaire pour obtenir certains résultats recherchés. Les mélanges d’au moins 2 espèces sont à favoriser car ils apportent une complémentarité et une sécurité de l’implantation et du développement du couvert.
Quelques pratiques sont à éviter. Ainsi, devant un maïs, la moutarde est à bannir car la plante, qui se lignifie très rapidement, a un rapport C/N très élevé. Les bactéries pompent alors l’azote du sol ce qui annonce une crainte de faim d’azote pour le maïs. De même, il n’est pas judicieux d’utiliser un mélange de plus de 4 espèces car on observe alors un effet dégressif sur la biomasse et sur la plus-value.
Pour les semis, les méthodes utilisées actuellement sont : le semis à la volée pour les petites graines, le semis direct, l’utilisation du semoir à céréales ou le semis avec déchaumeur et semoir de lames.
Cette année, des essais de semis de dérobés sous couvert de maïs à l’aide d’un drone ont été menés sur notre département. Cette méthode pourrait être utilisée demain afin d’optimiser les dérobés et répondre plus facilement à la réglementation en permettant de semer plus tôt les couverts végétaux après un maïs ou une céréale.
Contacts
à la Chambre d’Agriculture
. pour la technique : Patricia Tissandier 06 32 20 57 43.
. pour la réglementation : Elodie Dolléans 06 88 02 41 89 ou Fiona Babin 06 32 20 52 45.