Face à un ministre attentif, les JA décrochent quelques avancées
Aides à l’installation, plan bâtiment... Les Jeunes agriculteurs inquiets de promesses qui ne seraient pas tenues, se sont directement adressés à leur ministre, vendredi.

Pas de “rétroactivité pénalisante”
La revendication des JA est si légitime que le ministre ne perd pas de temps. Michel Barnier promet sur le champ “qu’il n’y aura pas de rétroactivité pénalisante”. Suite à une demande de Gilles Amat, le ministre s’engage à en informer rapidement les Draf (Directions régionales de l’agriculture et de la forêt). Toujours à propos de la modernisation des exploitations, un jeune témoigne : “On m’a promis 50 000 euros d’aides que je n’ai pas perçus. Je n’ai pas les moyens d’engager les travaux de mise aux normes”. S’appuyant sur ce cas de figure, Brigitte Troucellier réclame que les contrôles soient assouplis. “C’est un point tout à fait juste”, répond M. Barnier convaincu. “Il y aura corrélation entre le versement des aides et les contrôles”, promet-il. Quant à l’installation, dont les représentants du syndicat rappellent qu’ils en ont fait une priorité, elle doit elle aussi, selon eux, être bien plus soutenue que ce qui est prévu. Julien Fau, président des JA du Cantal, remarque que la seule enveloppe dédiée à l’installation accuse une baisse de - 5 %. “Il faut réagir vite ; c’est un choix de société à faire rapidement”, estime la délégation. Michel Barnier assure partager cette notion de priorité, mais rappelle qu’il doit composer avec les moyens dont il dispose (et il ne cache pas “avoir trouvé une situation très difficile”) et qu’il doit raisonner en terme de durabilité. Gilles Amat et Michel Queille lui font remarquer que le plafond des aides à l’installation, porté à 55 000 euros (avec un sous-plafond de 40 000 euros pour la partie dotation et un sous-plafond identique pour la partie prêt) s’avère bien trop bas. “30 % des jeunes installés doivent faire un choix entre DJA ou prêt bonifié”, argumentent-ils. Les JA du Massif central ajoutent que ce plafond est particulièrement pénalisant pour les installations hors cadre familial et les zones de montagne. Et même si le ministre de l’Agriculture admet qu’il faut faire évoluer le dispositif, il reste assez évasif à ce sujet, s’abritant derrière un règlement européen.
Environnement et concurrence
Toutefois, au cours de cette rencontre dont il se félicite de la franchise des échanges, Michel Barnier a tenu à rappeler quelques chiffres. “Pour les prêts bonifiés, le mécanisme soutenu par votre syndicat consiste à ne pas subir les augmentations de taux, qui précisément augmentent. Il faut donc au gouvernement payer plus. J’ai donc demandé une enveloppe de 12 millions d’euros supplémentaires en septembre et je redemanderai 10 millions prochainement”, indique le ministre. “à propos des bâtiments d’élevage, je n’ignore pas que 9 000 dossiers sont en attente, dont 1 000 en Auvergne. Aux 23 millions de fonds d’état que j’ai obtenus, s’ajouteront 23 autres millions de fonds européens”, poursuit-il. Interrogé ensuite sur le Grenelle de l’environnement, Michel Barnier a estimé qu’on ne peut pas s’enorgueillir de produire pour nourrir la France et se moquer éperdument du volet environnemental. “Mais que ceux qui nous imposent des normes, n’achètent pas de produits extérieurs qui ne répondent pas aux mêmes critères d’exigence”, réclame alors Julien Fau. Le ministre de l’Agriculture en convient et renvoit au discours du président Sarkozy prononcé à Rennes et qui tend justement à limiter autant que faire se peut ces distorsions de concurrence, dont chacun dit avoir conscience.