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Façade rideau à 1 100 mètres d’altitude : des bâtiments au grand air

Une douzaine de membres du GVA Ruynes-Saint-Flour-Nord était en visite au Gaec Hérault, à Marcenat, pour voir une stabulation équipée d’une façade rideau. Pour quelle efficacité ?

groupe de personne devant un batiment
La façade-rideau ouvrable a, semble-t-il, séduit les participants de cette journée organisée au Gaec Hérault qui a fait le pari de ce système d’aération naturelle malgré sa situation en zone de montagne.
© b.parret

Les adhérents du GVA Ruynes- Saint-Flour-Nord avaient quitté la Margeride et la Planèze pour rejoindre le Cézallier. Pour cer- tains, il n’était nullement question de prendre de la hauteur, mais le fait de prendre de l’altitude avait toutefois son importance dans ce déplacement. "À 1 100 mètres d’altitude, nous voulions voir l’installation d’une façade rideau avec ses atouts et ses inconvénients car nous n’avons pas beaucoup d’exemples dans nos régions de montagne”, précisait Laurent Pradel, président du GVA. La direction de Marcenat était donc prise pour rejoindre le Gaec Hérault. Frédéric et Romain, associés à leurs parents Alain et Marie- Jeanne depuis 2008 et 2012, ont fait preuve de franchise pour présenter leur bâtiment et les choix qui ont été les leurs. L’exploitation produit 450 000 à 500 000 litres de lait par an dont 80 000 litres sont transformés sur place en saint-nectaire affiné pour un tiers du volume pour la vente directe et deux tiers vendus à des affineurs. Une tradition depuis 1962 pour cette famille du Cézal- lier.

Problème à la construction

Petit retour en arrière. En 2010, le Gaec construit un nouveau bâti- ment en charpente bois pour loger environ 80 laitières et la salle de traite. Les génisses et le troupeau allaitant de 80 aubrac et salers sont logés sur un autre site. Dans cette nouvelle construction, l’espace de vie des animaux est sur caillebotis avec fosse. L’aération par le faitage s’avère très vite insuffisante face au taux d’humidité très important. Les odeurs d’ammoniac sont également très élevées. Rapidement, la structure se détériore, s’assombrit, la toiture pourrit, l’acier est même attaqué. “Le bâtiment était devenu malsain tant pour les animaux que pour nous dans les tâches quotidiennes”, reconnaissent les deux frères devant leurs visiteurs Alors, la décision a été prise en 2022 de trouver une solution radicale pour sauver la construction et améliorer les conditions de travail. La toiture est entièrement changée. Le faitage laisse place à un dôme de lumière.

Contrôle météo

Pour l’aération, le choix audacieux à cette altitude et dans un secteur aux quatre vents est d’installer une façade rideau sur les 50 mètres de longueur du bâtiment côté sud. La bâche obstrue la façade de façon automatique. Elle est actionnée selon les conditions météo par une mini-station de contrôle. Le rideau monte en fonction du vent, de la pluie et de la température intérieure du bâtiment. D’ailleurs, il descend graduellement selon celle- ci pour éviter des écarts trop importants et maintenir une certaine température souhaitée par les éleveurs dans l’espace intérieur. “Nous n’avons peut-être pas assez de recul avec seulement deux hivers, mais cela change tout avec un bâtiment qui respire, plus lumineux, des animaux qui se sentent mieux, confiaient Frédéric et Romain. Nous constatons moins de problème avec les veaux. Pour le moment, nous n’avons connu aucun problème mécanique, il persiste très peu de condensation probablement dû uniquement au dôme de lumière.” La bâche est garantie dix ans. Même en hiver s’il n’y a pas de vent mais un peu de soleil, la façade reste ouverte. Ce choix a été retenu pour des raisons économiques par rapport à une aération dynamique qui oblige des charges d’électricité et un investissement plus important pour rendre le bâtiment hermétique, précisait Vincent Charbonnel, conseiller à la Chambre d’agriculture et qui a suivi le projet. Dans le cas présent, la façade rideau représente un investissement de 18 000 € subventionné à hauteur de 30 %. D’ailleurs, il sera prolongé dans le projet d’extension de la stabulation (plus 26 mètres en cours de construction). Le même moteur est prévu pour 80 mètres de linéaire.

Visite à l’Inrae

Certifié Haute valeur environne- mentale (HVE), le Gaec qui avait profité de cette évolution pour réaliser une grange pour les four- rages, prévoit aussi la construction d’une nurserie avec une aération dynamique. Il est aussi prévu une nouvelle salle de traite et un nouveau magasin de vente des fromages afin de répondre aux nouvelles normes. L’après-midi, il a été profité d’être à Marcenat pour rendre visite à l’Institut national de recherche agronomique dont l’exploitation est équipée d’un séparateur de lisier. Cette solution permet en sortie de cuve de récupérer les éléments les plus solides pour un transport vers les parcelles les plus éloignées de l’exploitation et ainsi éviter de transporter principale- ment de l’eau.

Cette journée technique fut appréciée des participants, elle sera suivie en fin d’année par l’assemblée générale de l’association.

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