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Évaluer les pratiques de chacun des maillons de la filière

« Le bien-être animal et l'éleveur » était le thème d'une conférence organisée par le lycée agricole de Brioude-Bonnefont, en partenariat avec Interbev Auvergne-Rhône-Alpes le 7 février au soir. Débats.

Cette conférence était animée par des intervenants d'Interbev. Ici Bruno Dufayet et Audrey Lebrun.
Cette conférence était animée par des intervenants d'Interbev. Ici Bruno Dufayet et Audrey Lebrun.
© HLP

Dans le cadre des soirées de l'agroécologie organisée chaque année par le lycée agricole de Brioude-Bonnefont, en Haute-Loire, une conférence sur « le bien-être et l'éleveur » était proposée le 7 février au soir. Élèves, enseignants, éleveurs du secteur et salariés d'organisations professionnelles agricoles ont participé à ce temps d'échange sur un sujet d'actualité dont la société s'est littéralement emparée.  Après une lecture de poèmes sur le thème de l'élevage par les élèves de CAPA du CFA et la présentation des résultats d'une enquête sur le bien-être animal réalisée par les BTS du lycée, la parole a été donnée à trois représentants d'Interbev, l'interprofession du bétail et de la viande.

De réelles attentes sociétales
Consciente de l'accroissement des attentes sociétales en matière de bien-être animal, de santé et de nutrition humaine et d'environnement, Interbev s'est engagée à y répondre en créant une commission enjeux sociétaux et en s'engageant dans une démarche de responsabilité sociétale baptisée « Le PACTE sociétal ». « Un fossé s'est creusé entre urbains et ruraux et notre volonté c'est de reboucher ce fossé et d'aller au-devant de cette société » explique Bruno Dufayet éleveur et président de la commission enjeux sociétaux. À travers cette commission, l'interprofession se pose en force de propositions en vue d'engager des réflexions avec des organisations non gouvernementales (dans les domaines de la protection de l'environnement, du bien-être animal...), et diverses professions (nutritionnistes, journalistes...) et ainsi mettre sur pied de nouveaux outils.

Un PACTE pour un engagement sociétal
Basé sur la norme ISO 26000, le « PACTE » pour un engagement sociétal consiste à réaliser un état des lieux des atouts de la filière et à acter les bonnes pratiques et les pistes d'amélioration. « Son action se décline autour de quatre axes : Agir pour préserver le paysage et l'environnement ; Agir pour le bien-être animal ; Agir pour une alimentation saine équilibrée et durable ; Agir pour améliorer l'attractivité et la qualité de vie de nos métiers (élevage, transformation, commercialisation) ».
En guise d'introduction à cette soirée sur « le bien-être animal », Interbev a diffusé le film « Haute-Loire : la passion de l'élevage » réalisé par la FDSEA et les JA de Haute-Loire.

Bien-être animal : tout le monde en parle
« Depuis la diffusion par l'association L214 de vidéos en abattoirs, le bien-être animal est un sujet dont tout le monde parle. Or, à Interbev, nous travaillons sur le sujet de manière à rassurer le consommateur » explique Audrey Lebrun, chef de projet bien-être et protection animale à Interbev. Le tout premier chantier vise à mettre en place des outils pour que chacun des maillons de la filière puisse s'évaluer. Après avoir défini les grands principes du bien-être animal qui s'appuient sur les cinq libertés fondamentales (voir encadré) et les dix principes de l'OIE (Organisation Mondiale de la santé animale), Interbev a défini une liste d'indicateurs à observer en élevage en vue d'évaluer ses pratiques.  Interbev travaille aussi sur les bonnes pratiques en abattoir et a pour cela réalisé des grilles d'audits qui seront diffusées auprès des abatteurs cette année. Grâce à ces audits, « nous pouvons dire que l'on sait désormais évaluer le bien-être animal et que l'on peut engager des démarches de progrès si nécessaire », explique Audrey Lebrun. La parole a ensuite été donnée à la salle de laquelle ont émergé de nombreuses questions et remarques.

Parole à la salle
L'abattage à la ferme est-il une solution pour améliorer le bien-être des animaux ? « L'abattage mobile présente un intérêt pour les zones d'élevage à faible densité ; cette pratique est en cours d'expérimentation à l'heure actuelle » a souligné Bruno Dufayet. Gérard Chantel, producteur de lait bio et président de la section bio de la FDSEA, a rappelé l'importance de la communication autour du métier d'éleveur : « Le consommateur est complètement déconnecté de l'agriculture. C'est pourquoi on doit expliquer comment on parvient à produire du lait et de la viande. Il faut communiquer en direction de ceux qui consomment de la viande ; et il faut aller vite ! ». Même objectif pour Interbev qui a fait le « choix de se tourner vers les 98 % des consommateurs qui mangent de la viande » dit Bruno Dufayet qui ajoute : « notre rôle est de donner aux éleveurs les arguments pour être acteurs du débat ». Ce dernier a invité les éleveurs à utiliser les réseaux sociaux pour faire passer leurs messages positifs, de moins en moins relayés par les grands médias.
« Parlons de ce qui va bien dans notre métier. On a les plus beaux métiers de France. On fait vivre un territoire et notre viande est dans l'assiette des consommateurs » a lancé Thierry Cubizolles, secrétaire général de la FDSEA de Haute-Loire. « On doit être acteurs de notre métier et en parler » a ajouté Bruno Dufayet. Et que faire contre la baisse de consommation de viande et les importations de viandes venues des pays tiers ? À cette question Bruno Dufayet répond qu'il faut arrêter les discours négatifs. « En 2018, la consommation de viande de boeuf a augmenté de 2 % en France. Étant donné que les volumes de production diminuent, les prix devraient remonter ! ». Quant aux importations, « on y travaille (à la FNB) en alertant les politiques sur les dangers des accords internationaux. On pourra aussi compter sur l'article 44 des EGA qui prévoit des sanctions pour les produits qui ne respectent pas les normes européennes ».
Autre question : L'attache des animaux durant plusieurs mois est-elle une pratique compatible avec le bien-être animal ? Pour Bruno Dufayet, il y a une vraie réflexion à mener autour de cette pratique courante en zone d'élevage. « En bio, l'attache est interdite sauf dérogations et la réglementation européenne l'interdit. À l'heure actuelle, l'idée c'est d'évaluer le nombre d'exploitations qui fonctionnent avec des animaux à l'attache ». Quid du bien-être des animaux en élevages hors-sol ? Interbev, dont l'objet se limite aux ruminants, mène une réflexion sur l'engraissement des taurillons dans les bâtiments. Leur faut-il une aire d'exercices, un parcours ? « En France, très peu de vaches laitières n'ont pas d'accès à l'extérieur, même dans les élevages robotisés. On a la chance d'avoir un modèle d'élevage qui permet à l'animal d'exprimer ce besoin naturel ».

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