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“En 2008, la voix des éleveurs ne devra plus être ignorée”

2008 s’annonce déterminante en matière d’orientations agricoles avec le bilan de santé de la Pac. Une occasion unique, selon la FDSEA, de redonner espoir aux éleveurs.

La FDSEA, par la voix de son président, s’est donnée comme priorité d’obtenir le cadre politique agricole européen nécessaire au rétablissement du secteur animal.
La FDSEA, par la voix de son président, s’est donnée comme priorité d’obtenir le cadre politique agricole européen nécessaire au rétablissement du secteur animal.
© P. O.
Une fois n’est pas coutume, l’actualité des milieux agricole et salarié se superpose complètement. En ce début 2008, la question du pouvoir d’achat est en effet au coeur des préoccupations et revendications affichées par les syndicats, qu’ils soient de la fonction publique, des salariés du privé mais aussi des exploitants agricoles. “Tout comme nos concitoyens, qui ont vu leur pouvoir d’achat s’effriter ces dernières années, les éleveurs ont eux aussi à faire face à une hausse de leurs charges, non compensée du côté de leurs produits”, explique Patrick Escure, président de la FDSEA qui a tenu  dans ces premiers jours de l’année à remettre l’accent sur les difficultés graves que connaissent les éleveurs et, à plus forte raison, ceux en élevage hors-sol. 2007 a marqué un virage profond dans l’environnement économique agricole, avec des situations contrastées entre les secteurs animal et végétal. Pour les éleveurs, l’année qui s’est achevée est à marquer d’une pierre noire avec une inflation des charges, tant du côté de l’énergie nécessaire au fonctionnement des exploitations que de celui des intrants alimentaires. Une flambée des coûts de production qui s’est accompagnée, dans certaines productions animales, d’une érosion des prix ou d’un affaiblissement des soutiens publics générant une forte baisse de revenus.

Garantir un revenu aux éleveurs

Les plus mal lotis sont sans conteste les éleveurs de porcs et de lapins. À l’opposé, les revenus dans le secteur des grandes cultures ont connu une embellie sans précédent en cumulant “à la fois des prix records et des soutiens maintenus, en particulier chez les céréaliers”, commente le président Escure. “Dans ces conditions, les éleveurs du Cantal font des efforts pour régler leurs cotisations sociales et rembourser leurs annuités, souvent au détriment des prélèvements privés de la famille”, déplore le responsable de la FDSEA, qui a fait de la défense du revenu des éleveurs son cheval de bataille pour 2008. “La seule issue favorable pour nos exploitations cantaliennes est de voir se concrétiser, par des décisions prises en 2008 à l’occasion du bilan de santé de la Pac et appliquées dès 2009, un véritable changement de la donne politique agricole à l’échelon européen”, soutient-il. Patrick Escure appelle ainsi de ses voeux une réforme en profondeur de l’affectation des aides de l’Union européenne. Car, pour la FDSEA du Cantal et ses homologues du Massif central, personne ne peut plus ignorer, dans les organisations agricoles nationales et au ministère de l’Agriculture, les évolutions structurelles qui se sont fait jour en 2007 en termes de prix des matières premières agricoles et des énergies fossiles. La publication des revenus agricoles 2007 par grandes productions “nous conforte dans notre analyse et nos revendications en faveur d’une attention et de soutiens spécifiques et accrus à l’élevage à l’herbe et à l’agriculture de montagne”, plaide Patrick Escure. Et de rappeler les propositions émises par la Fédération dans son rapport d’orientations en novembre dernier et formulées par les responsables du Massif central dans leur Livre blanc : “Nous défendons la mise en place d’une aide économique pour tous les hectares d’herbe français, qu’il s’agissent de prairies temporaires ou permanentes”. 

Moins de six mois pour convaincre

À budget européen constant, cela suppose de procéder à une reventilation des aides de la Pac : “Pour nous, cette aide doit être financée au sein du premier pilier de la Pac par un transfert depuis les DPU (droits à paiement unique)”. Second axe du projet porté par les syndicalistes cantaliens : le relèvement de la production ovine menacée d’un déclin définitif, faute de soutien public. “Le problème n’est pas celui du prix de l’agneau en France ou dans l’UE, sans doute le plus élevé au monde, rappelle M. Escure, mais celui du maintien d’une production qui assure une activité économique dans des zones menacées de déprise. Notre revendication est claire : il faut 100 euros par brebis”. Enfin, le président de la FDSEA n’oublie pas de marteler les demandes professionnelles du Cantal, département entièrement classé en zone de montagne, en faveur d’une revalorisation des 25 premiers hectares de l’ICHN (indemnité compensatoire de handicaps naturels), promesse faite par Hervé Gaymard, ancien ministre de l’Agriculture ; et celle d’une ICHN “pour tous les chefs d’exploitation, à commencer par les conjoint(e)s d’EARL”. La ligne de mire syndicale est donc claire et la prise de conscience des OPA nationales et du gouvernement français semble acquise. Pour autant, les prochains mois s’annoncent décisifs pour que la voix des éleveurs soit partagée et portée en vue de la présidence française de l’Union européenne au second semestre 2008. “Nous aurons besoin de cette même organisation et détermination professionnelles pour essayer d’atténuer le poids des charges”, poursuit Patrick Escure. Une organisation des éleveurs indispensable, pour anticiper dès le printemps l’achat de paille ; une détermination pour obtenir de l’État le rétablissement de la bonification des prêts, essentielle pour investir dans les zones de montagne. Au-delà des enjeux de 2008, Patrick Escure a souhaité adresser “des voeux de réussite dans leurs projets aux agriculteurs cantaliens”, en souhaitant “à chacun et à sa famille, une année source d’épanouissement.” 

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