Du lait AOP payé 200 euros les mille litres, les fromages AOP poussent un cri d'alarme
« En avril, des producteurs seront payés moins de 200 euros les mille litres alors que la valorisation moyenne en AOP est habituellement de 500 euros », alerte Michel Lacoste, président du Cnaol (fédérations des AOP laitières) le 20 avril, interrogé par Agra Presse. En cause : la baisse de 60 % des ventes de fromages AOP du fait de la crise du Covid-19. « Ce sont 1 500 tonnes de fromages AOP et IGP qui, s'ils ne sont pas vendus d'ici le 15 mai, seront périmés, soit 15 millions de litres de lait et 15 millions d'euros de chiffre d'affaires », déplore l'éleveur du Cantal. Si les grands groupes laitiers parviennent à réorienter du lait vers d'autres de leurs outils de transformation, les plus petits transformateurs n'ont d'autre choix que d'écouler leur lait vers le marché spot. « Le prix du lait spot était de 300 euros. Depuis le Covid-19, il est passé à moins de 150 euros aujourd'hui », observe Michel Lacoste. La rémunération des producteurs s'en trouve diminuée d'autant. Face à la situation, tous les acteurs s'adaptent. Les appellations modifient dans l'urgence leurs cahiers des charges. Productions et fabrications sont ralenties. L'Inao a raccourci à une semaine le délai de traitement des dérogations. « Le seul qui n'a pas bougé, c'est Didier Guillaume », regrette le président du Cnaol, lui enjoignant de soutenir la filière.