Des propositions pour redonner de la valeur à l’alimentation
Le 28 juin, le Think Tank Agroalimentaire de « Les Échos » a publié un travail de réflexion sur la manière de redonner de la valeur à l’alimentation. L’organisation émet 17 propositions qui concernent tous les acteurs, du consommateur au producteur.
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Le Think Thank Agroalimentaire de « Les Échos » a présenté ses recommandations pour permettre au secteur agroalimentaire de retrouver de la valeur, le 28 juin. L’organisation a, pour sa 4e publication, pris le problème à l’inverse de ses habitudes. « D’habitude on part de l’amont pour retrouver de la compétitivité, là on part de l’assiette, comment faire pour que l’assiette vaille un peu plus d’argent », explique Olivier Dauvers, le directeur du Think Tank Agroalimentaire de « Les Échos ». Les recommandations se basent sur l’analyse de trois éléments : la stagnation de la demande en volume, la méfiance des consommateurs, mais aussi des signaux faibles mais réels, qui sont la fin de la baisse de la part de l’alimentaire dans le budget des ménages, et la légère premiumisation des GMS. Le groupe de réflexion a ainsi émis 17 propositions réparties en quatre axes. Le premier vise à rétablir la confiance dans les modes de production. Tout d’abord, il s’agirait pour les producteurs « d’affirmer et de revendiquer les pratiques agricoles ». La sécurité sanitaire des produits alimentaires français s’est considérablement améliorée ces dernières décennies, mais « le chemin parcouru n’est pas reconnu », déplore Olivier Dauvers, notamment par les consommateurs. Dominique Charge, président de Coop de France Agroalimentaire, estime en effet que l’agriculture a peut-être trop longtemps laissé véhiculer une certaine image d’Épinal, qui aujourd’hui peut lui être préjudiciable. « Il faut dire la vérité de nos métiers », incite-il. Dans le même chapitre, le Think Tank propose la création d’un « code de bonnes pratiques », à l’échelle européenne. « Aujourd’hui il y a des pratiques agricoles ou agroalimentaires qui sont dans la zone grise, elles sont légales mais ne sont plus forcément acceptables par le client », explique Olivier Dauvers. Pour le fondateur de la marque « C qui le patron », Nicolas Chabanne, il s’agit aussi d’être transparent avec le consommateur. « Ouvrez les usines, montrez ces zones grises aux consommateurs, qui sont prêts à donner du temps pour vous aider à améliorer les choses », conseille-t-il. Selon le Think Tank Agroalimentaire de « Les Échos », les acteurs du secteur gagneraient aussi à ne pas adopter des postures inaudibles face aux consommateurs tel : « on ne peut pas faire autrement », et davantage répondre de manière constructive comme : « on va regarder ce qu’on peut faire ».
Une éducation à l’alimentationAfin d’améliorer la qualité nutritionnelle des aliments et de leur redonner leur rôle à jouer pour la santé, le Think Tank propose, par exemple, de développer l’éducation alimentaire, directement dans les écoles, en incluant une validation symbolique des acquis par exemple lors du brevet des collèges. « Une éducation à l’alimentation peut être une façon de rétablir la confiance », estime Dominique Charge. Jérôme François, directeur général communication consommateurs chez Nestlé, a d’ailleurs souligné sa « frustration », face à l’absence de représentants de l’Éducation Nationale lors des États généraux de l’alimentation. Dans la même optique, il est aussi proposé de limiter le nombre d’ingrédients utilisés dans les produits transformés, d’assurer une plus grande transparence de ces produits et de déployer le Nutri-Score. Afin d’ajouter des valeurs sociétales aux produits, l’organisation émet l’idée de promouvoir un statut « d’entreprise socialement responsable ». Cela pourrait se faire soit par le biais d’une « haute autorité », soit en encourageant l’intégration à des normes déjà existantes. Les produits alimentaires pourraient aussi être marqués d’une note qui évaluerait leur valeur sociétale. Enfin en matière d’innovation, le Think Tank propose, entre autres choses, de baliser « une troisième voie », entre les produits issus de l’agriculture biologiques et ceux en agriculture conventionnelle. Il existe en effet une multitude de labels entre ces deux modèles, qu’ils soient officiels ou émanent d’acteurs du monde agroalimentaire, « mais ils sont peu connus des consommateurs », précise Jérôme François.