Des pâtes oui, mais des pâtes fermières !
Ces dernières années, certaines fermes françaises se sont lancées dans un nouveau genre de diversification : les pâtes. Rencontre avec Émilie Hecquet à Linzeux (Pas-de-Calais), l’une des rares productrices de ces denrées alimentaires qui ne manquent pas d’originalité et de saveurs.

« Un projet un peu farfelu ». C’est le mot qui vient à Émilie Hecquet, agricultrice à la ferme de la Cannanée à Linzeux (Pas-de-Calais), quand elle repense à la genèse de son projet de pâtes fermières entamé en 2018. Installée en 2012 sur la ferme familiale – bio depuis 1976 – la jeune agricultrice n’avait déjà pas le temps de s’ennuyer. Seule, elle parvient à faire tourner cette exploitation de 35 hectares dont 25 ha de pâtures comptant une quarantaine de bovins allaitants, quarante chèvres et une dizaine d’hectares de culture. Mais avec le lancement de ce projet de diversification, les semaines sont denses pour Emilie Hecquet. « Je voulais être dehors et ne pas avoir de patron ! », résume-t-elle dans un grand sourire.Première fournée en 2018En 2018, la jeune agricultrice est en quête d’une nouvelle diversification. De préférence un projet à monter « à partir d’une production déjà présente sur la ferme ». C’est à cette époque qu’elle entend parler des pâtes fermières, une spécialité plutôt cantonnée au sud de la France et qui nécessite du blé tendre. « On a tendance à penser que pour les pâtes, il faut du blé dur, mais c’est tout le contraire ! ». P’tit Quinquin, Bon moulin ou encore Blanc des Flandres : trois des variétés désormais semées sur ses quatre hectares le sont en blé tendre qui alimente sa production. Fin septembre 2018, elle fait l’acquisition sur le site Leboncoin.fr d’une machine d’occasion pour fabriquer les pâtes. Coût de l’opération : 8 000 €. « Elle provenait d’un agriculteur du sud qui avait acheté une machine plus grosse », se souvient Émilie Hecquet. « C’était un investissement ! Je n’étais pas tout à fait sûre de mon coup, il fallait que je fasse des tests. ». Emploi du temps chargé oblige, elle fait les allers-retours dans le sud en voiture pendant deux jours, amenant avec elle sa propre farine. C’est là qu’elle fait sa première fournée. « L’agriculteur a eu la gentillesse de faire passer mes pâtes au séchoir chez lui avant de me les renvoyer par la Poste pour que je les goûte », raconte-t-elle. Un test convaincant.