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SODIAAL
Des hausses significatives du prix du lait payé aux producteurs

Laurent Duplomb, président de la section Auvergne-Limousin explique les décisions de la coopérative sur les prix du lait en 2012 et 2013.

Laurent Duplomb, président de la section Auvergne-Limousin à la Coopérative Sodiaal.
Laurent Duplomb, président de la section Auvergne-Limousin à la Coopérative Sodiaal.
© HLP

La profession annonce un prix du lait de + 25 €/1000 l dès avril, et une moyenne de 340 €/1000 l pour l’année 2013. Qu’en est-il chez Sodiaal ?
Laurent Duplomb, président de la section Sodiaal Auvergne-Limousin : La coopérative Sodiaal est en parfaite adéquation avec les demandes de la profession. Dès janvier, nous avons augmenté significativement le prix du lait, et pour avril et mai, on a accepté de rajouter, comme demandé lors des négociations avec les représentants de la profession, 25 € supplémentaires sur le prix de base. En avril, le lait est payé chez Sodiaal, 325,63 € et en mai, il devrait être identique.

Quels sont les éléments qui permettent d’appliquer ces augmentations, cette année ?
L.D. : 2013 est une année un peu particulière. Tout d’abord, les cotations (beurre et poudre) évoluent favorablement. On constate également un frein sur la production en Europe ; la collecte en France enregistre une baisse de 3 à 4 % sur les 6 derniers mois.
Dans le même temps, la production diminue aussi dans l’hémisphère sud. La Nouvelle-Zélande affichait + 7 % en janvier et - 9 % en mars en raison d’une importante sécheresse dans le sud du pays et des inondations au nord. Idem en Amérique du Sud en raison d’un effet conjugué entre des conditions climatiques défavorables et une hausse du prix du soja qui fait entrer cette culture en concurrence avec le lait. Bref, on assiste alors à une pénurie certaine, qui devrait encore s’amplifier.
Et par ailleurs, la demande est très forte, notamment par l’Asie et en particulier la Chine.
Quand on analyse le marché mondial, on va naturellement vers une hausse des cours.

Alors, on peut annoncer un prix moyen sur l’année 2013 de 340 €/1000 l ?
L.D. : Oui, on peut partir sur une moyenne de 340 €/1000 l sur l’année. Mais attention, cela mérite des explications.
En 2012, le prix de base moyen payé aux producteurs par Sodiaal a été de 313 €/1000 l. Pour 2013, Sodiaal a prévu dans son budget (en début d’année) un prix moyen à 326 €/1000 l. Pour afficher ce prix, Sodiaal avait en amont passé des hausses avec la Grande Distribution. Aujourd’hui, les négociations menées par le médiateur national, avec la profession, ont permis de faire accepter à la grande distribution une hausse de 0,03 €/l sur le lait de consommation et de 0,02 €/l sur les autres produits laitiers, ce qui permet aux entreprises comme Sodiaal de proposer + 25 €/1000 l pour avril et mai et un prix moyen annuel de 340 €/1000 l.
Alors, comme je l’ai précédemment expliqué, tout permet d’aller vers une hausse du prix du lait payé aux producteurs côté marchés.
Mais il faut encore que les prix de vente à la Grande Distribution reflètent cette réalité commerciale. Il faut donc continuer à faire pression sur la grande distribution afin de faire évoluer leur prix d’achat durant l’année, sinon nous nous verrions dans l’obligation de réviser notre prix de base à la fin 2013.

Revenons un peu sur l’année 2012, et ce qui a conduit Sodiaal à diminuer le prix de 5 €/1000 l ?
L.D. : Quand Sodiaal a pris cette difficile décision de baisser le prix payé aux producteurs de 5 €, c’était pour éviter un dérapage des résultats en fin d’année 2012, ce qui aurait été très dommageable pour l’entreprise, vis à vis de ses partenaires financiers et des producteurs, et pour son évolution. Rappelons juste la conjoncture de l’été 2012, avec une chute du prix du lait de consommation due à une forte concurrence allemande.
Pour garder la coopérative à flots, Sodiaal a pris 3 décisions fortes.
On a donc réduit de 5 €/1000 l le prix du lait sur la fin 2012, de septembre à décembre. Cette solution très défavorable pour les agriculteurs a permis une économie pour le groupe Sodiaal de 6 millions d’euros.
On a par ailleurs cherché le maximum d’augmentation de prix d’achat auprès des GMS. Là on n’a pas atteint tous nos objectifs, et on a gagné un peu moins de 4 millions d’euros.
Enfin, on a fait des économies drastiques sur la gestion au quotidien de Sodiaal, sur le fonctionnement de la structure. On a aussi diminué voire supprimé les primes d’intéressement d’une grande partie des dirigeants de Sodiaal pour objectifs non atteints. Cette mesure a permis 10 millions d’euros d’économie.
Et c’est donc grâce à ces 3 leviers que Sodiaal a pu faire en 2012 un bénéfice de 16 millions d’euros. Ce chiffre est à comparer avec le chiffre d’affaires du groupe qui est de 4,5 milliards d’euros.
Et un bénéfice de 16 millions pour un CA de 4,5 milliards, c’est insuffisant… Car on a besoin de faire des bénéfices importants pour réinvestir dans nos unités de production et pour nous préparer à l’évolution et au développement de la production laitière. Pour exemple on doit investir 80 millions d’Euros sur 3 ans sur le programme Candia, 35 millions en 2012 sur la production de poudre de lait… Nous devons également nous repositionner sur le marché à l’exportation et rémunérer le capital des producteurs. Comme vous le voyez nous devons absolument dégager du résultat.

Pour conclure, encore un mot sur l’évolution du prix du lait sur le reste de l’année 2013 ?
L.D. : Sur la fin de l’année 2013, on devrait connaître une hausse significative du prix du lait, notamment en été, aux alentours de 360 €/1000 l…


Propos recueillis par Suzanne MARION

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