"Depuis 2 ans, la laine est stockée au fond des hangars…"
Le point sur la filière laine avec Véronique Roux présidente de la FDO Haute-Loire et éleveuse de moutons à Séneujols.
Le point sur la filière laine avec Véronique Roux présidente de la FDO Haute-Loire et éleveuse de moutons à Séneujols.
Qu'en est-il de la laine et de sa collecte dans les exploitations ovines de Haute-Loire ?
Véronique Roux : Depuis 2 ans, la FDO n’a pas organisé de collecte de laine, car nous n'avons pas de débouchés ou bien à des prix dérisoires. La laine est donc stockée au fond des hangars, elle gène et si elle n'est pas correctement emballée et mise en hauteur, elle risque de prendre l'humidité et de s'abîmer. Pour ma part, j'ai 700 à 800 kg de laine en attente… D'autres en ont 2 ou 3 tonnes !
Quels sont les problèmes soulevés par les éleveurs quant à cette problématique laine ?
V.R. : D'abord, nos laines issues de races locales comme la Blanche du Massif Central ou la Noire du Velay n'offrent pas une très bonne qualité : trop fines ou jarreuses. Elles sont vendues à un prix de l'ordre de 10 cts/kg pour la BMC par exemple qui donne 1kg de laine par brebis, alors que la tonte nous coûte en moyenne 2 €/brebis. Ce prix est inacceptable quand on sait que cette laine partira en Allemagne pour y être transformée et qu'elle reviendra en France pour l'industrie de luxe. De plus, nous avons beaucoup de contraintes pour organiser un chantier de tonte propre (pas de paille, pas de fumier), trier les toisons en les gardant les plus complètes possibles… Chez nous, il faut compter 3 jours pour tondre nos 550 brebis, avec 2 personnes pour les attraper, 1 tondeur et 1 ramasseur de laine.
Avez-vous des pistes pour des marchés ?
V.R. : Il existe quelques marchés de niche comme pour la Noire du Velay, ou pour le secteur de la Margeride qui a la chance d'avoir l'entreprise de lavage de laine Laurent qui collecte localement, mais qui est au taquet. La FDO 43 travaille actuellement avec la FDO 63 sur un projet avec une entreprise puydomoise Capillum spécialisée dans le paillage. Ils utilisent des cheveux et des chutes de tissus, et ont mis en place des essais avec de la laine. Nous travaillons sur ce projet depuis 6 mois et sommes dans l'attente de résultats. Ce ne sera qu'un marché de niche, mais c'est mieux que rien.
Par ailleurs nous mettons beaucoup d'espoir dans une autre valorisation de notre laine, le compostage. À défaut de la vendre, elle pourrait au moins être valorisée pour nos exploitations. Le problème, c'est que la laine est considérée aujourd'hui comme un SPAN (sous-produits animaux) et donc soumise à une réglementation européenne, qui oblige à une autorisation spécifique et une hygiénisation avant utilisation. Des coûts bien trop élevés pour nos élevages. Aujourd'hui, nous nous battons pour cette filière sur 2 tableaux : le prix et les normes.