Décapitalisation accélérée en avril
Selon une note de conjoncture de l’Institut de l’élevage, le recul du cheptel de vaches allaitantes s’est accéléré au mois d’avril (-3,3 % sur un an). Affectant aussi les laitières, cette baisse s’explique par un manque de génisses, alerte l’Idele (Institut de l’élevage) dans sa lettre Tendances publiée le 23 mai. Ces derniers mois, le rythme de la baisse du cheptel allaitant se situait entre -2,9 % et -3,1 %. Comme l’explique l’institut technique, « la très forte baisse des entrées de primipares (génisses, NDLR) dans les troupeaux est responsable de cette accélération, et non un afflux de vaches de réforme ». Sur un an, les entrées de génisses ont ainsi reculé de 10 % en mars et de 8 % en février. Le cheptel laitier connaît le même phénomène, même si la décapitalisation y est relativement moins rapide que celle du cheptel allaitant (-2,4 %).
« La baisse du cheptel reproducteur sur le long terme conduit naturellement à une baisse du cheptel total », affirme l’Idele : tous types d’animaux confondus, les effectifs bovins ont fondu de 10 % en cinq ans. Au 1er avril, la France comptait 16,952 millions de têtes (dont 3,569 millions de vaches allaitantes et 3,376 millions de vaches laitières). La décapitalisation continue de provoquer une baisse des abattages, de l’ordre de 6 % en un an. Le phénomène s’accentue, car « le faible nombre de génisses de renouvellement [incite] les éleveurs à retenir leurs vaches », remarque l’Idele. Sur l’ensemble de l’année 2022, la baisse des abattages avait atteint 4,7 % par rapport à 2021.
Autre conséquence de la décapitalisation : « L’offre encore réduite soutient les cours », note l’Idele. « Les cotations des vaches allaitantes restent élevées », à l’image des vaches U qui se négocient à 5,79 €/kg de carcasse en semaine 19 (+6 % par rapport à 2022). En revanche, celles des vaches laitières « subissent la pression de l’import » : « Les prix des vaches les moins bien conformées ont nettement décroché », rapporte ainsi l’Idele. « La vache P (la moins bonne conformation, NDLR) a perdu 12 centimes à 4,62 €/kg, retombant sous son niveau de 2022 (-4 %). » Quant à la consommation de viande bovine, elle « résiste depuis le début de 2023 » : elle a enregistré en février son huitième mois consécutif de hausse, à 124 200 téc (+3 % par rapport à 2022). En raison de la décapitalisation, cet appel d’air profite surtout aux importations : sur les deux premiers mois de 2023, celles-ci représentaient un quart des disponibilités totales.