Crise sanitaire, réforme de la PAC, l’agriculture à la croisée des chemins
La dernière étape de la tournée régionale annuelle de la FNSEA a été largement consacrée en Nouvelle-Aquitaine à la réforme de la PAC alors qu’une manifestation d’ampleur se déroulait en Auvergne-Rhône-Alpes.
C’est à Bordeaux le 25 mars que la FNSEA a achevé sa tournée des régions. Une tournée régionale sur fond de manifestation, puisque qu’au même moment 5 000 agriculteurs étaient réunis à Clermont-Ferrand et Lyon contre les récentes annonces concernant la PAC. Jérôme Despey, secrétaire général, est longuement revenu sur les positions de la FNSEA et les premières propositions faites par le ministère de l’Agriculture. Depuis le début des négociations en 2019, la FNSEA et son réseau ont réussi à obtenir le maintien du budget. Pour le syndicat majoritaire, la PAC doit être « un outil économique qui accompagne la transition, renforce la résilience des exploitations, permet de réduire les risques et d’accompagner l’investissement ». Dans le détail, la FNSEA s’oppose aux transferts du premier vers le second pilier (au-delà des 7,53 % actuels), prône un eco-scheme accessible à tous et des outils de risque plus efficients. Le syndicat entend aussi veiller particulièrement aux mesures touchant les zones intermédiaires. Enfin, la FNSEA propose de faire la moitié du chemin de la convergence d’ici 2027. Les dernières discussions ont également fait ressortir la volonté de maintenir les paiements redistributifs dans les conditions actuelles, de conserver le ciblage de l’ICHN vers l’élevage et de conserver des aides couplées significatives. Or, les premières propositions sorties par le ministère de l’Agriculture ne vont pas vraiment dans le même sens. « Entre les axes défendus par la FNSEA, qui permettent de préserver le maximum d’agriculteurs et ce qui commence à sortir, il y a une grande marge, souligne le secrétaire général de la FNSEA. Si nous ne sommes pas entendus, il y aura des réactions. » Parmi les propositions évoquées, les modalités d’attribution des aides couplées animales centrées sur les UGB et de l’éco-scheme dont les trois voies d’accès excluent nombre d’agriculteurs inquiètent fortement. En outre, les discussions n’ont pas évoqué le second pilier. Dès lors, comment trouver une position équilibrée en ne travaillant que sur la moitié de la PAC ? Avec les trilogues qui se poursuivent à Bruxelles et le dépôt des Plans Stratégiques Nationaux d’ici la fin du premier semestre, les semaines à venir devraient être déterminantes. Des annonces ministérielles sont attendues pour début avril. « Notre seule optique doit être de trouver un équilibre entre nos territoires, nos filières et donner de la visibilité à l’agriculture », résume Jérôme Despey. Autre sujet à avoir été abordé lors de la tournée régionale, les chartes départementales concernant les ZNT. Celles-ci pourraient en effet être remises en cause car la Constitution prévoit une consultation individuelle des riverains. Or, aucune demande n’a été imposée en ce sens. « À partir du moment où la consultation sur le projet de charte a été officiellement annoncée et accessible en ligne, nous considérons que tout a été fait dans les règles », précise Jérôme Despey. Enfin, le projet de loi Climat et résilience a également été évoqué. Là encore, plusieurs amendements sur la gestion de l’eau ou la consigne des bouteilles de verre posent question. S’agissant de la possible instauration d’une taxe azote, la FNSEA demande le retrait pur et simple. Le projet devrait être soumis à l’assemblée fin mars, début avril.