Crise de la noix : la FNSEA sur le pont
Noix. Tandis que la filière s'enfonce dans la crise, les nuciculteurs de toute la France en appellent au gouvernement.
Les représentants des filières nucicoles des FDSEA de la Dordogne, du Lot, de la Corrèze, de l'Isère, de la Drôme et du Loir et Cher, se sont réunis, sous l'égide de la FNSEA et de la FNPF (Fédération Nationale des Producteurs de Fruits), en vue de définir une stratégie syndicale commune et cordonnée, pour venir en aide aux producteurs victimes d'une crise « historique ». Les deux grands bassins de production (Grenoble et Périgord) partagent sensiblement les mêmes difficultés et sont partisans d'une action commune en faveur de la noix française.
Tandis que les coûts de production de la noix du Sud-Ouest ont été évalués à 2,80 EUR/kg en 2022, les cours - lorsqu'il y en a - restent inférieurs à 1,50 EUR. Certains producteurs adhérents de coopératives ont pu bénéficier d'un faible acompte (de l'ordre de 0,80 EUR), d'autres ont pu livrer à des négociants mais sans prix déterminé et sans avoir touché le moindre acompte jusqu'à ce jour. Nombreux encore sont ceux qui conservent leurs stocks, particulièrement en Corrèze, Dordogne et dans le Lot. Outre les problèmes économiques déjà subis, des inquiétudes surgissent quant aux conditions de conservation lorsque les beaux jours reviendront. Le stockage des noix répond à des contraintes bien spécifiques et une chambre froide dédiée au stockage de pommes par exemple n'ait pas adaptée. A l'Est, la récolte a été de meilleure qualité qu'à l'ouest, sans que cela ne garantisse à la noix de Grenoble, ni l'écoulement ni le prix des produits.
Les causes
D'une production annuelle de 36.000 tonnes en France, le millésime 2022 a été exceptionnel pour atteindre 50.000 tonnes. Dans le même temps, la consommation française n'a pas décollé et stagne à un niveau très faible de 200 g de noix par habitant et par an, alors qu'elle dépasse amplement les 2kgs en Espagne ou en Chine. L'industrie agroalimentaire et la grande distribution ne jouent pas le jeu de la noix française, en important massivement des Etats-Unis, des pays de l'Est ou encore du Chili. Si des taxes douanières s'appliquent aux importations en provenance des Etats-Unis, le Chili en reste exempté.
Aux difficultés de commercialisation, s'ajoute la hausse globale des coûts de production qui ne se limite pas aux effets inflationnistes conjoncturels. Les difficultés d'accès à l'eau, l'interdiction de plusieurs traitements sans solution de remplacement entravent la compétitivité de la filière française. Se pose enfin la question de la répartition des marges. Tandis que les noix sont achetées à moitié prix aux producteurs, les prix au détail ne baissent pas et s'affichent entre 6 et 9 EUR.
Stratégie syndicale
Alain Soulié et Michel Queille, représentants la FDSEA de la Corrèze, et Wilfried Terrieux pour les JA, ont insisté sur la caractère inédit et urgent de la situation. Si des mesures structurelles s'imposent, il faut à tout prix aider les producteurs à passer le cap et ne pas les détourner d'une filière que tout promet à un bel avenir.
A l'issue de la réunion, les fédérations se sont donc accordées sur un plan d'action. A court terme, la FNSEA portera un dossier étayé au ministère, avec une série de demandes portant sur le soutien à la trésorerie des exploitations, le financement du stockage, d'éventuelles mesures de retrait ou encore le déploiement de clauses miroirs. Avec l'appui des Chambres d'agriculture, une évaluation précise des stocks en ferme ou dans les coopératives est en cours. Les fédérations de la grande distribution et de l'agroalimentaire seront aussi rencontrées.
D'autres mesures de moyen terme seront travaillées en partenariat avec la filière. Elles devraient porter sur la compétitivité et la modernisation de la filière, l'organisation de la mise en marché ou encore sur la communication, peut-être axée sur la noix française.