“Consulter” les généralistes avant d’ordonnancer
Vincent Descœur a souhaité mettre à l’épreuve des médecins les propositions du projet de loi.
Vincent Descœur a inauguré lundi 9 février en soirée une nouvelle forme de consultation démocratique sur un dossier qui visiblement lui tient à cœur : celui de la qualité de l’offre médicale et de l’accès aux soins, objet, entre autres, du projet de loi “Hôpital, patients, santé et territoires”, dont l’examen par l’Assemblée nationale a débuté la semaine dernière. Désireux de confronter les propositions formulées par la mission d’information parlementaire “offre de soins” à laquelle il a participé, le député avait convié l’ensemble des médecins généralistes de sa circonscription à venir échanger. “Ce que je recherche à travers cet exercice relativement nouveau, c’est de savoir ce qui est jugé efficace”, a expliqué, pragmatique, le député également concerné en tant que président de Conseil général. Et V. Descœur d’évoquer les questions posées en termes de formation, de stages, de numerus clausus, de mesures incitatives ou coercitives pour éviter une concentration des médecins dans certaines zones et des déserts médicaux ailleurs. “J’ai besoin d’avoir l’éclairage des professionnels sur des questions qui ne peuvent se trancher seul à l’Assemblée : par exemple, faut-il une quatrième année de troisième cycle, ce qui conduirait à dix ans d’études pour devenir médecin ?”, a exposé le parlementaire.
Le diagnostic est mauvais
Et visiblement, il n’est pas le seul à s’inquiéter de l’avenir de l’accès aux soins dans un département comme le Cantal au vu de la forte participation des généralistes lundi soir : plus d’un sur trois avait répondu présent avec l’intention d’exprimer leur malaise mais aussi leurs propositions. Des professionnels qui ont été nombreux à dresser un constat particulièrement préoccupant, à l’image du Dr. Bordas (Polminhac) : “D’ici cinq à dix ans, 40 % des médecins généralistes installés sur Aurillac vont partir. Pas un seul ne s’est installé en 2008 sur la ville, on va se retrouver avec un véritable désert. Dans mon secteur, il n’y aura bientôt plus que deux médecins alors que nous sommes cinq actuellement. Il faut rendre le métier plus attractif et ce n’est pas en allongeant les études qu’on y parviendra”. Des propos alarmistes qu’a tenu à nuancer son collègue, le Dr. Gilles Mury : “L’Auvergne est une région qui attire les étudiants en médecine, plus d’ailleurs que les facs du sud de la France et ce, grâce aux stages intéressants proposés.”
La fin des médecins de campagne
Cette attractivité ne serait selon lui pas que ponctuelle puisque la moitié des étudiants resteraient ensuite dans la région. Et le médecin de poursuivre : “Quand les gens font l’effort d’être maîtres de stage, les étudiants restent”. Pas toujours, répliquent certains de ses collègues : “Tous les internes que j’ai formés et qui étaient appréciés des patients sont désormais salariés d’hôpital alors qu’ils auraient fait d’excellents généralistes en milieu rural”, relate ce médecin exerçant sur Pleaux. Réticence à se lancer dans une profession libérale, exigences croissantes en matière de qualité de vie, difficultés à monter un projet immobilier pour installer son cabinet,... autant de facteurs à l’effet repoussoir. “Ce n’est pas en leur filant des carottes financières qu’on va les faire venir” : un avis largement partagé par l’assistance pour qui il faudra davantage travailler à l’avenir à fournir des infrastructures - la solution des maisons pluridisciplinaires a été évoquée - et peut-être également un relais pour décharger les médecins du fardeau administratif “qui nous éloigne de notre cœur de métier : écouter et soigner nos patients”. Si l’exercice s’est révélé des plus intéressants, la synthèse risque, elle, d’être plus ardue.
Plus d'infos à lire cette semaine dans L'Union du Cantal.
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