ClimaTerra. Eau en élevage : le changement, c’est déjà maintenant
Avec le changement climatique, la ressource en eau sera un enjeu primordial sur les exploitations agricoles. Exemple avec le Gaec de la Faune, dans le cadre des journées ClimaTerra.
Avec le changement climatique, la ressource en eau sera un enjeu primordial sur les exploitations agricoles. Exemple avec le Gaec de la Faune, dans le cadre des journées ClimaTerra.
Il n’est pas simple de percevoir le changement climatique avec une météo bien fraîche pour tenir deux heures de formation à l’entrée d’une stabulation. Même sur plusieurs décennies, le phénomène est difficilement perceptible malgré des hivers avec moins de neige et désormais des périodes de canicule à répétition. Et puis des années pluvieuses qui jettent le doute. De plus, il ne faut pas confondre météo, c’est à dire le court terme, et climat qui s’inscrit sur le long terme. Alors, pour aider les agriculteurs, l’une des professions les plus impactées par ce changement, la chambre d’agriculture du Cantal a proposé trois rendez-vous sur des exploitations déjà engagées dans des solutions de résilience.
Le programme ClimaTerra et le réseau des fermes références en la matière avec l’AP3C (Adaptation des pratiques culturales au changement climatique) offrait une base de réflexion pour savoir de quoi il retourne et quelles solutions mettre en place (voir encadré). Sachant qu’une exploitation est un cas unique avec ses propres paramètres d’élevage et contraintes. Sur une même commune, il peut exister des différences liées à l’orientation, l’altitude, la nature des sols, la ressource en eau qui était le thème de la rencontre du 5 décembre au Gaec de la Faune, à Rezentières.
1,4 degré de plus en 40 ans
Dans une première partie, Christophe Chabanier, du service recherche, innovation et développement de la Chambre d’agriculture posait le décor. Le constat est déjà sur les 40 dernières années une température moyenne qui s’est élevée de 1,4 degré sur la région sanfloraine. L’évaporation potentielle (ETP) est supérieure de 100 mm/an sur les douze dernières années. Le déficit de pluie reste très faible mais, ce que l’on constate ce sont des précipitations plus violentes, décalées par rapport aux saisons, laissant place à des périodes de fortes canicules.
Selon les différentes études, ceci devrait se confirmer dans les années à venir avec une augmentation de la température moyenne d’ici 2050 (la Châtaigneraie, beaucoup plus basse en altitude connaîtra un climat davantage méditerranéen). Automne et hiver seront plus chauds, le printemps plus sec et l’été marqué par des épisodes de fortes précipitations en quelques jours voire quelques heures.
Cela aura en premier lieu des conséquences sur les fourrages et les cultures avec une végétation plus précoce, mais des gelées plus tardives, des périodes de canicule avec plusieurs semaines sans eau, des pluies pouvant en revanche être dévastatrices. Cela change aussi les temps de pâture, les risques de rupture de l’autonomie fourragère. L’objectif est de sensibiliser au changement climatique et donc de l’anticiper tout en limitant à la fois les émissions de carbone qui y contribuent.
Anticiper à court et long termes
Il faut actionner les leviers qui perdent le moins, mais chercher à s’adapter est toujours gagnant”
Yann Bouchard s’est appliqué à avancer quelques solutions permettant une résilience des exploitations avec un système économique pérenne. Il s’est appuyé sur le réseau AP3C et un travail de mise en œuvre concrète sur les fermes. Les leviers sont multiples, depuis la prairie temporaire avec des espèces variées et plus résistantes aux écarts de température ou du manque d’eau, la maîtrise de la ration alimentaire avec le prolongement du temps de pâturage jusqu’à des vêlages plus précoces pour éviter trop d’animaux improductifs avant d’engager une décapitalisation. “Il faut actionner les leviers qui perdent le moins, mais chercher à s’adapter est toujours gagnant”, faisait-il remarquer.
Il faut aussi voir les actions sur le long terme. Il y a aussi la problématique de la ressource en eau, sujet qui était abordé sur l’exploitation du Gaec de La Faune où se déroulait cette rencontre. Installés hors-cadre familial, Mathieu et Virginie Douet comptent actuellement 75 vaches pour 80 hectares et 500 000 litres de lait de référence (cahier des charges AOP cantal lait cru, bleu d’Auvergne et fourme d’Ambert).
Garder l’eau
Ces derniers étés, la commune de Rezentières a connu des difficultés d’approvisionnement en eau potable. De plus, le Gaec compte une grande partie de terres sablonneuses peu propices à la rétention d’eau. Il utilise environ sept à huit mètres cubes d’eau par jour.
Alors, le couple d’agriculteurs s’est penché sur cette problématique. Avec l’aide financière du Sigal Alagnon, il a équipé ses parcelles (il pratique le pâturage tournant) de points d’abreuvement. “C’est une économie d’argent et de temps par rapport au déplacement de la tonne avec le tracteur”, résumait Mathieu Douet. “Cinq exploitations du secteur se sont engagées sur des économies d’eau du réseau potable”, précisait Mathilde Gibaud, représentante du Sigal.
Deux autres journées étaient proposées dans le cadre ClimaTerra : au Vigean, pour le secteur Mauriac sur le thème du séchage en bottes, et à Vitrac, pour le secteur Aurillac avec cette fois pour thème la gestion de l’herbe au pâturage.
Récupérer l’eau des toitures
Le deuxième projet du Gaec concerne la récupération de l’eau des 2 000 m2 de toiture et la mise en place d’un réservoir de
40 000 litres afin de passer les périodes difficiles. Ce réservoir est connecté avec le réseau communal et l’apport d’une source découverte sur l’exploitation. C’est un investissement de 40 000 euros avec 9 800 € d’autofinancement, déduit des subventions.
Pour le moment, cette eau sert au nettoyage de la salle de traite. Le but serait de l’utiliser pour l’abreuvement. Reste à maîtriser le traitement de l’eau avec un système de filtration. Ce système de récupération des eaux de pluie nécessite aussi de laisser à chaque fois les toitures se nettoyer, ce qui se fait encore manuellement avant d’alimenter la réserve.