Cette année, ce sera l'aile ou la cuisse à Noël, mais pas les deux...
L'incertitude qui plane sur les réunions de famille à Noël impacte les ventes de Jean-Louis Feres qui, paradoxalement, a très bien travaillé le reste de l'année.
La dinde trônera-t-elle au centre de la table de Noël cette année ? Peut-être, mais elle sera sûrement plus petite que d'habitude... C'est ce qu'a constaté Jean-Louis Feres, installé au Peyrou, à Lafeuillade-en-Vézie. "La période étant incertaine, il va falloir proposer des morceaux de volailles découpés, reconnaît l'aviculteur. Par exemple, les clients qui prenaient habituellement une oie de 4 kg n'en prendront qu'une demie cette année." "Même après les annonces gouvernementales, les gens ne savent pas s'ils vont recevoir leurs familles. Tout le monde se pose la question donc les ventes se feront sûrement à la dernière minute..."
Et le carnet de commandes n'est, à une dizaine de jours de Noël, pas à la fête : seulement une "petite centaine" de volailles réservées, contre, "en période normale, 400..." Mais Jean-Louis Feres reste confiant : "Je ne vois pas comment on pourrait bloquer une fête comme Noël. Les gens le célèbreront de toute manière. Et malheureusement, les restaurants seront aussi fermés le jour de l'An donc les Français vont forcément cuisiner, en famille ou entre amis."
Hausse des ventes de volailles
Pas question donc de céder au défaitisme d'autant que l'année a été plutôt bonne pour l'aviculteur, installé en nom propre depuis 1996 : "Le confinement a été très bénéfique pour la production de volailles !, se satisfait l'éleveur. Les ventes ont explosé lors du premier, se sont stabilisé pendant le deuxième." Notamment grâce à la solidarité locale : "La boulangerie Coubetergues, à Lafeuillade, m'a accueilli à partir du mois de mars. Tout comme Prim15, à Aurillac, où j'ai pu y aller plusieurs fois par semaine. Personne n'avait prévu ni ce confinement ni les stocks donc j'ai puisé dans les réserves, avec des abattages sur des bêtes plus jeunes."
Le producteur a ensuite réinvesti les marchés qu'il fréquente habituellement, notamment celui de Marmiers, à Aurillac, et de Lafeuillade. Ainsi, entre mars et juin, "les ventes ont été multipliées par deux". Les livraisons ont également été renforcées : "En tant qu'agriculteur, j'avais le droit de sortir, contrairement aux habitants." Quant au drive fermier, auquel il participe en livrant notamment des canettes et des lapins, des oies et des chapons pour les fêtes, "la surdemande était telle que les stocks ont été vite limités... Il ne faut pas se plaindre ; par rapport à d'autres, sur l'ensemble, l'année a été bonne. Même l'été, avec de nombreux touristes dans le Cantal. On ne pensait pas que ça repartirait pendant cette période."
Mauvaises habitudes...
Mais le soufflé a fini par retomber à la rentrée. "Il y a eu un afflux de clients énorme mais sur les nouveaux, il ne doit en rester que 10 %... les familles ont remis les enfants à la cantine, les gens confinés cuisinaient. Et ils ont repris leurs habitudes de consommer des produits de plus loin, moins chers... Ceux-là même qui étaient contents de nous trouver pendant le confinement parce qu'on livrait par exemple...", constate un brin amer Jean-Louis Feres, qui conclut tout de même sur une bonne note : "Il y a heureusement une clientèle qui veut manger de bons produits. La base est restée et c'est bien là l'essentiel."
leg : Installé depuis 1996, Jean-Louis Feres produit des volailles de qualité, un savoir-faire récompensé notamment avec des Fermiers d'or.