Bouriannes : l’Association de défense des producteurs lance une opération de solidarité.
“Si chaque producteur consent à un petit effort, la dette est épongée”
Trois mois. Durant trois mois, une cinquantaine de producteurs de lait n’ont pas touché de revenus. L’été 2013, tumultueux pour les adhérents de la coopérative Bouriannes, a encore de très lourdes conséquences cette année. Très réactive, l’association de défense, qui s’est constituée et qui compte 38 adhérents, passe à l’action et lance une opération de solidarité en faveur de ceux qui ont livré leur lait à la structure en liquidation, aujourd’hui dissoute.“Dès la création de l’association, les victimes adhérentes ont pu bénéficié de réductions de facture ou d’étalement de paiement, suite aux démarches entreprises auprès des organisations professionnelles agricoles. Mais le manque à gagner se traduit par des projets d’investissements qui ne peuvent se concrétiser et, pire encore, par des trésoreries si tendues que même l’achat d’aliment devient problématique”, explique Pierre Baladuc, président de l’association. La dette totale atteint 711 000 euros. Soit une moyenne de 20 000 euros par producteur.
2 euros / 1 000 l, sur trois mois
“Pour se relever, nous nous sommes d’abord tournés vers les pouvoirs publics, sans résultat. Il nous fallait donc trouver une solution par nous-mêmes. D’où l’idée de faire appel à la solidarité de l’ensemble des producteurs de la zone Criel (NDLR : Auvergne et Limousin)”, poursuit Pierre Baladuc. L’idée : que chaque producteur fasse un don de 2 euros par 1 000 litres, durant trois mois. “Si tout le monde joue le jeu, la dette sera comblée”, a calculé l’association de défense des anciens adhérents de Bouriannes. Pour la mise en œuvre de cette opération, elle a pu comptersur le soutien de la FRSEA, des Jeunes Agriculteurs et de l’ensemble des entreprises laitières. Ce sont elles qui feront parvenir - en même temps que les paies - le courrier proposant de s’inscrire dans cette action de solidarité. “Être capable d’être solidaire, c’est une des forces de la profession, et les actions conduites lors des sécheresses le prouvent”, analyse Pierre Baladuc.“Et si 2 euros de moins par 1 000 litres ça ne change pas la vie, pour nous, c’est beaucoup.”
Dans un cercle vicieux
Pour autant, l’association et ses membres avouent qu’il n’organisent pas cette opération de gaieté de cœur. Mais pour beaucoup, ce manque à gagner influe leur quotidien, même un an après. “On tire sur tout : les aliments, mais aussi l’engrais, les semences,... Du coup, nos performances techniques s’en ressentent.” Pour mémoire, depuis la cessation de collecte, la plupart des anciens coopérateurs de Bouriannes se sont tournés vers l’alliance Altitude-Sodiaal. Quant à l’outil industriel, il a été repris par le GIE Châtaigneraie.
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