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Auvergne estives veut porter le renouveau du pastoralisme

Après avoir géré “l’urgent”, la jeune association Auvergne estives se dote d’une animatrice pour accompagner les unités pastorales et promouvoir des projets territoriaux.

Parmi les chantiers d’Auvergne estives : l’emploi de bergers.
Parmi les chantiers d’Auvergne estives : l’emploi de bergers.
© P.O.

Elles sont une soixantaine en Auvergne et gèrent pas moins de 11 000 hectares grâce à une pratique ancestrale : le pastoralisme. Depuis deux ans, les estives collectives du Cantal, du Puy-de-Dôme et de la Haute-Loire sont fédérées et représentées au sein d’Auvergne estives. Une initiative née dans le Cantal par nécessité au moment de la mise en place de la nouvelle Pac et du traitement alors encore incertain de ces entités collectives pastorales au regard des soutiens européens. Une première réunion sur cette thématique avec l’administration associant la Coptasa, sa consœur du Mont Mouchet et la récente coopérative d’estives du Lioran, a été rapidement déclinée chez les voisins puydômois et altiligériens. “On s’est alors aperçu qu’il était difficile d’identifier toutes les structures à gestion collective, qu’elles n’avaient quasiment aucune relation entre elles et qu’on avait sous-estimé leur nombre”, retrace Laurent Bouscarat, directeur de la Coptasa et cheville ouvrière de la toute jeune association régionale que préside Jean-Michel Vigier, producteur de lait en Margeride et président de la coopérative d’estives du Mont-Mouchet. Grâce aux données des déclarations Pac (base 2014), on connaît leur nombre même si depuis, certaines ont été mises en sommeil ou dissoutes, dans les rangs notamment de celles qui géraient des biens de section...

“On partait de zéro”

Très vite aussi, les échanges naissants entre ces groupements pastoraux se sont orientés sur la suite à donner à feue la prime à l’herbe qui constituait une part conséquente du budget de ces entités. L’un des tout premiers chantiers d’Auvergne estives, qui compte à ce jour 28 adhérents(1), a été de se saisir de l’opportunité de la MAEC (mesure agro-environnementale et climatique) fléchée vers la gestion des estives collectives. Il a d’abord fallu lui donner un cadre juridique et obtenir son inscription au sein du PDR Auvergne, programme de développement rural, puis la promouvoir auprès des opérateurs territoriaux des PAEC(2) (parc des Volcans, Sigal, communauté de communes...) pour que ces derniers la proposent à la contractualisation sur leur territoire.  Avec succès puisque sur la campagne 2016, ce sont 23 estives collectives qui ont souscrit un contrat de ce type (sur cinq ans). Neuf autres ont signé un même contrat au printemps 2017 grâce au travail engagé par l’association en direction des estives “orphelines” ne pouvant s’adosser à un PAEC existant. “Nous avons proposé et porté un PAEC pour ces estives, accepté en commission régionale début 2017”, fait valoir Laurent Bouscarat. Ce sont ainsi une petite trentaine d’estives collectives qui vont bénéficier de cette mesure sur cinq ans, avec un total de 1,4 million d’euros d’accompagnement financier  pour près de 6 000 ha au total.  Après avoir géré “l’urgent”, les responsables d’Auvergne estives ont pris leur bâton de pèlerin afin de se faire connaître avec pour ambition de “devenir l’interlocuteur incontournable du pastoralisme en Auvergne”. Les élus des conseils départementaux, des intercommunalités, des parcs régionaux... ont été rencontrés.

Avec les cousins rhônalpins

L’association a aussi jeté des passerelles avec le réseau pastoral rhônalpin, structuré de longue date et doté de véritables moyens humains et financiers, “avec, dans chaque département de montagne, un service pastoral composé de trois à six personnes”, note Laurent Bouscarat. Bien loin des 15 jours annuels de mise à disposition de ce dernier par la chambre d’agriculture du Cantal auprès de l’association... Impossible dans ces conditions, avec 9 000 € de budget issus des cotisations de ses membres, d’assurer un accompagnement individuel des estives. Ce rapprochement avec les cousins rhônalpins a néanmoins été riche à plusieurs titres et a notamment permis à Auvergne estives de se doter de ressources d’ingénierie. Des ressources humaines qu’incarne Clara Lorent (lire ci-dessous) dont l’embauche a été permise par une aide de 20 000 € allouée par la Région Aura, somme qui pourrait se voir confortée par des cofinancements de la convention de Massif. Pour son premier poste, la jeune femme a devant elle un vaste champ d’actions avec deux priorités : accompagner individuellement les groupements pastoraux sur des aspects sanitaires, le financement de projets de développement... ou encore aider à la création de nouvelles entités comme cela a été fait avec le groupement pastoral de Catau (La Trinitat). Pour ce faire, ses premières semaines vont être consacrées à une prise de contact avec toutes les estives collectives pour faire le point sur leur fonctionnement, projets, besoins, etc. Des besoins y compris en matière d’emplois de berger, une ressource rare aujourd’hui, et une question sur laquelle Auvergne estives souhaite s’investir avec, “pourquoi pas, la création d’une bourse d’emplois régionale”, glisse Laurent Bouscarat, qui reste coordinateur de l’association.

Appui individuel, projets territoriaux

Deuxième chantier phare de la jeune association : susciter et contribuer à mettre en place des projets territoriaux, inspirés des plans  pastoraux territoriaux accompagnés en Rhône-Alpes par la Région. “On sent que c’est quelque chose qui parle aux gens, aux élus, le pastoralisme redevient dans l’air du temps, de par ces espaces aux multifonctionnalités associant tourisme, valorisation des ressources et produits agricoles... On a déjà eu des contacts avec le Grand site Puy Mary qui semble intéressé”, avance le directeur de la Coptasa, tout en reconnaissant que “c’est un sacré challenge”. Mais une chose est sûre, le souffle du renouveau du pastoralisme est lancé...

(1) Dont les trois chambres d’agriculture des départements concernés. (2) Programme agroenvironnemental et climatique.

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