Au Lioran, on est impatient de rechausser les skis
Contrainte à l'inactivité forcée l'hiver dernier, la station du Lioran est dans les starting-blocks pour étrenner sa saison à compter du 18 décembre, voire plus tôt.
Début décembre 2020, alors qu'un épais manteau blanc avait déjà recouvert les pistes, les professionnels de la station cantalienne broyaient du noir, manifestant avec encore l'espoir d'une ouverture hivernale des remontées mécaniques. Espoir gelé depuis par les annonces gouvernementales et la reprise épidémique, laissant place au désespoir d'une saison à blanc. Ce début novembre, les premiers flocons ont fait leur apparition sur le Plomb du Cantal et les sommets environnants alimentant l'impatience et la motivation redoublée de tous les acteurs de la montagne, à commencer par le directeur de la Saem de Super-Lioran développement, Hervé Pounau. Après deux ans d'abstinence forcée, "il me tarde vraiment de remettre les skis !", lance le Pyrénéen revenu dans le Cantal il y a deux ans. Et il n'est pas le seul... Sur le calendrier, la date du 18 décembre est cochée, celle de l'ouverture officielle de la station, avec l'ambition de donner un caractère festif à ces retrouvailles avec la clientèle. Si les conditions météo sont propices d'ici là, le Lioran s'est apprêté pour "offrir du ski" aux Cantaliens début décembre.
Nouvelle passerelle et logements saisonniers
L'unité de production de neige de culture toutes températures(1) a déjà tourné et les premiers mètres cubes d'or blanc ont été stockés, de même pour les 280 enneigeurs qui maillent le domaine permettant d'assurer une sous-couche sur laquelle la neige, la vraie tombée du ciel, est attendue. En une semaine seulement, la Saem, qui va tester cet hiver de nouveaux équipements, est en capacité de produire l'enneigement artificiel suffisant pour couvrir 50 % du domaine.
Un domaine que les skieurs retrouveront à l'identique : les séquelles financières de la crise sanitaire ont en effet limité les investissements de la Saem sur les pistes, laissant au Département la concrétisation de deux réalisations qui devraient être opérationnelles d'ici peu : la conversion de l'ancien bâtiment du Sdis en chambres permettant d'accueillir une trentaine de saisonniers, un véritable atout pour la station dans le recrutement de ces derniers. "Ceux qui peinent à trouver des saisonniers sont ceux qui peinent à les loger", résume Hervé Pouneau. Ce sont ainsi près de 30 % des saisonniers employés l'hiver par le Lioran qui n'auront pas à chercher de logement. Autre chantier, prochainement livré(2) : la passerelle qui permet de relier la prairie des Sagnes au secteur de Masseboeuf en surplombant le RD67. Une réfection devenue nécessaire, l'ancienne structure - "complètement oxydée" au terme de quatre décennies de services - laisse la place à une passerelle au tablier tout en bois. D'autres réalisations, structurelles, sont par ailleurs inscrites dans le plan d'aménagement de la station qui sera remis aux élus d'ici fin 2021 et à l'État avant mars 2022 (lire par ailleurs).
Un effectif au complet
En attendant, c'est à un autre challenge qu'il a fallu s'atteler ces derniers mois : regarnir les rangs des saisonniers, dont certains ne sont pas revenus depuis deux ans. Le morne hiver de 2019 suivi d'une année de Covid a ainsi porté le turn-over des effectifs à près de 40 % (soit 30 à 40 postes sur la centaine recrutée en saison hivernale) contre 10 % en saison "normale". "On a des conditions d'embauche qui nous ont permis de compléter ces offres d'emploi ; à ce jour quasiment l'ensemble du personnel est recruté, sauf désistements de dernière minute", se félicite le directeur de la Saem pointant toutefois un déficit en termes de renforts étudiants pour les vacances. "Si des étudiants cantaliens sont intéressés, qu'ils se fassent connaître. On peut leur garantir des contrats de 15 jours pour Noël et les vacances de février."
Si les effectifs salariés sont donc dans les starting-blocks, comme les commerçants et hébergeurs, quid des touristes ? Un peu prématuré pour répondre, estime Hervé Pounau, "mais des hébergeurs ont déjà loué la première semaine des vacances de Noël, certains sur tout le mois de février même. On semble donc partis sur une bonne configuration de saison".
Une saison masquée, pour l'heure uniquement dans les structures fermées - dont le téléphérique - selon les annonces de Jean Castex début novembre au Grand Bornand. Mais comme ses consoeurs, la station se prépare à un potentiel durcissement du protocole sanitaire. Si le seuil d'incidence national (et non local comme la profession le revendiquait) devait en effet dépasser les 200 cas pour 100 000 habitants, le pass sanitaire serait imposé pour accéder aux remontées mécaniques. "On envisage de le contrôler dès l'achat des forfaits et d'organiser des contrôles aléatoires sur les remontées comme le fait la SNCF dans les trains. On a déjà anticipé plusieurs embauches en ce sens", indique le directeur.
(1) Jusqu'à + 6°C.
(2) Coût de 900 000 EUR, pris en charge par le
Département.