Apprendre l’art de la pente aux vaches
Dans la plupart des élevages français, les vaches pâturent dans des prairies peu pentues, sans broussailles et faciles à exploiter. Grimper une forte pente peut être problématique pour un bovin, ce n’est pas inné. Certains éleveurs, en Savoie notamment, ont fait le choix d’apprendre à leurs animaux l’art de la pente. L’Inra s’est penché sur la question, avec Michel Meuret, directeur de recherche au sein de l’institut.
Pourquoi chercher à faire pâturer les vaches sur des terrains pentus et accidentés ?
« La priorité donnée à la production de foin sur terrains peu pentus pour nourrir le troupeau durant les six mois d’hiver passés à l’étable, oblige à faire pâturer les surfaces d’accès plus difficiles, accidentées et pentues. Sur un plan qualitatif, la plupart des cahiers des charges de fromage de montagne en appellation d’origine contrôlée limite l’usage des céréales et aliments d’origine industrielle ; ce qui incite les éleveurs à utiliser davantage les ressources fourragères locales et donc à étendre leurs aires de pâturage. Enfin, les politiques publiques agri-environnementales encouragent financièrement le pâturage sur ces milieux, afin de mieux contrôler les excès d’embroussaillement et donc préserver les habitats de faune et flore sauvages et plus généralement la biodiversité. »
La suite dans le Réveil Lozère, page 10, édition du 2 octobre 2014.
L'éducation
Partons du principe que les veaux naissent à l’automne. Tous passent l’hiver à l’intérieur. Aux beaux jours, les éleveurs sortent les animaux, alors âgés d’environ sept mois, sur leurs premiers terrains d’apprentissage. Selon les méthodes, le terrain est varié, formé de plats, de côtes, de pré et de bosquets pour habituer les animaux à un terrain irrégulier. Il peut s’agir aussi d’un coteau raide où, entrés le matin par le bas du pré, ils doivent réussir à rejoindre l’abreuvoir placé sur une partie plate en haut du terrain. Les animaux passent le printemps et l’été sur une série de terrains analogues. Puis, retour à l’étable en hiver. Les animaux de deux ans sont menés au printemps et à l’automne sur des terrains pentus (30 % en moyenne), embroussaillés voire boisés. Durant l’été, ils sont mélangés à leurs congénères, plus âgés. L’apprentissage fait le reste.