Analyser l'ADN ancien pour modéliser des scénarios d'avenir
L'Inrae associé à l'Institut national de recherches archéologiques préventives (Inrap) ont inauguré, vendredi, à Clermont-Ferrand, le Paléloab, un complexe d'étude de l'ADN ancien des plantes, inédit au niveau mondial.
Sur le campus des Cézeaux, épicentre des sciences de la capitale auvergnate, le centre Inrae dispose désormais d'un puissant outil à remonter le temps. Aux frontières de l'archéologie, de la biologie et de la génétique, le Paléolab ambitionne d'étudier l'ADN ancien issu de restes archéologiques. Il s'intéresse principalement aux plantes pour retracer l'histoire, l'origine et la diffusion de l'agriculture en utilisant une arme de taille : la carpologie. « Graines, fruits, noyaux, feuilles, bourgeons, mousses... sont trouvés lors des fouilles. Ils sont conservés le plus fréquemment grâce à la carbonisation, elle-même liée à la cuisson des aliments, au rejet de matière végétale dans les foyers... Les restes sont également découverts en contextes humides gorgés d'eau et à l'abri de l'air, ou dans des milieux abondants en phosphates et matières calcaires (latrines, dépotoirs, fumiers...) », explique Manon Cabanis, carpologue à l'Inrap. Ces sédiments constituent une mine d'information pour la jeune femme puisqu'ils renseignent sur la flore locale, les pratiques agricoles, l'alimentation et les préparations culinaires des sociétés passées... C'est d'ailleurs tout l'enjeu de ce type de recherche, comme le résume Jérôme Salse, directeur du pôle génétique, diversité écophysiologie des céréales : « nous sommes persuadés que ces matériaux du passé vont nous fournir de précieuses informations pour imaginer les itinéraires de production de demain. Si l'on s'intéresse au blé, nous savons qu'à la base originaire d'une région très précise, il est désormais cultivé dans le monde entier, grâce à une multitude d'adaptations ».