50 ans, l’âge de maturité de la nouvelle génération des JA
Fidèles à leur sens de la dérision, les JA du Cantal ont fêté 50 ans d’engagement militant. Mais pas le temps de rêver au passé pour une équipe prête à relever les défis du vingt-et-unième siècle.

Regard vers le passé pour mieux repartir
S’arrêter un instant sur son passé, redécouvrir ses racines pour conforter ses choix pour demain. Telle était donc en substance la motivation des JA ce 4 avril. Dans leur rapport d’orientations, ils ont ainsi rappelé les fondements de plus de 50 années de construction d’une politique d’installation qu’ils ont toujours inspirée et portée. Une politique dont les piliers n’ont pas changé : âge minimum à l’installation, exigence de formation et de viabilité du projet. De la création dès 1962 de la toute première aide à l’installation sous forme de l’octroi de prêts, à la mise en place en 1973 de la DJA (25 000 F à l’époque), de l’EPI en 1985,... jusqu’à la signature de la charte nationale à l’installation en 1996 et au lancement de dispositifs plus locaux comme le fonds de stockage des terres, les JA, et la profession agricole à travers eux, ont pu redécouvrir les mesures avant-gardistes obtenues très tôt par leurs prédécesseurs. Mais pas question pour les JA de conduire au rétroviseur, d’autant que l’actualité, même pour cet anniversaire, ne leur fait pas de cadeau, loin s’en faut. Ainsi, même si, comme Philippe Meurs, président national de JA, Julien Fau et son équipe se sont félicités du coup de jeune apporté au dispositif d’accompagnement à l’installation, dé-sormais plus personnalisé, ils ne se sont pas gênés d’interpeller le préfet et le représentant de la DDAF sur le désengagement généralisé selon eux des pouvoirs publics.
L’art et la manière de percuter
Prêts bonifiés, plan bâtiment, aides sécheresse... “Que valent aujourd’hui la parole de l’État et la signature d’un préfet ?”, s’est interrogé le représentant des JA de Saint-Flour et Ruynes à l’issue d’une intervention sur la sémantique de la notion d’engagement. Gilles Amat, président des JA d’Auvergne, a lui aussi eu des mots durs pour dénoncer la fin du principe d’égalité, “pourtant inscrit sur tous les frontons de la République” : “Comment continuer de parler d’égalité quand l’État, s’apercevant de l’épuisement d’une ligne budgétaire, revoit unilatéralement les conditions sur lesquelles le jeune a engagé son projet d’installation ?”. Les JA ont tour à tour exprimé leurs inquiétudes et revendications sur les sujets sensibles du moment : fièvre catarrhale, AOC cantal, crise porcine, bilan de santé de la Pac. Un mélange d’ironie, d’humour, de revendications qu'a salué Philippe Meurs, président national, tout en rendant hommage à ce terreau cantalien, fertile en responsables jeunes et moins jeunes. Sur fond de discussions plus qu’animées sur la réorientation des soutiens de la Pac, Philippe Meurs, à la fois éleveur (de salers !) et céréalier dans l’Aisne, a incité à revenir aux valeurs de solidarité et d’unité syndicale. Julien Fau, réélu à la présidence des JA du Cantal, a lui appelé à un engagement complémentaire entre syndicalisme et filières économiques : “Arrêtons de penser que l’un vaut mieux que l’autre”.