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Rapport
Agriculture et agroalimentaire dans le monde : les femmes toujours victimes d’inégalités

Le rapport intitulé « La situation des femmes dans les systèmes agroalimentaires » que vient de publier l’Onu dépasse le cadre de l’agriculture pour donner une vue d’ensemble de la situation des femmes qui travaillent dans les systèmes agroalimentaires, de la production à la consommation en passant par la distribution. Il apparaît que, par rapport aux hommes, les femmes occupent une place marginale et inégalitaire.

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Des cueilleuses de thé au Sri Lanka.
© Pixabay

A l’échelle mondiale, les systèmes agroalimentaires concentrent 36 % de la population active féminine et 38 % de la population active masculine avec de multiples inégalités. Ainsi, les femmes qui occupent un emploi salarié dans l’agriculture gagnent 82 centimes pour chaque dollar gagné par les hommes, selon un récent rapport de l'Onu. Elles ont en outre des droits fonciers plus précaires sur les terres agricoles, accèdent moins facilement au crédit et à la formation et doivent travailler avec des technologies qui ont été conçues pour les hommes. Conjuguées aux discriminations, ces inégalités engendrent un écart de productivité de 24 % entre agriculteurs et agricultrices, à taille d’exploitation égale.

Une source importante de moyens d’existence

Le rapport souligne par ailleurs que les systèmes agroalimentaires constituent une source de moyens d’existence plus importante pour les femmes que pour les hommes dans de nombreux pays. Par exemple, en Afrique subsaharienne, 66 % des emplois occupés par des femmes le sont dans ce secteur, contre 60 % de ceux occupés par des hommes. En Asie du Sud, les femmes travaillent en grande majorité dans les systèmes agroalimentaires (71 % des femmes contre 47 % des hommes), bien qu’elles soient moins nombreuses que les hommes dans la population active.

Autonomisation des femmes

L’étude explique que la résorption des disparités qui existent entre les femmes et les hommes en ce qui concerne la productivité agricole et les salaires perçus dans l’agriculture ferait grimper le produit intérieur brut mondial de près de  1 000 milliards de dollars et réduirait de 45 millions le nombre de personnes exposées à l’insécurité alimentaire. Et si la moitié des petits producteurs bénéficiaient d’interventions de développement axées en priorité sur l’autonomisation des femmes, cela permettrait d’accroître de manière notable les revenus et de renforcer la résilience de respectivement 58 millions et 235 millions de personnes supplémentaires.

Inégalités liées aux chocs climatiques et aux chocs économiques mondiaux

Par ailleurs lorsque la situation économique se dégrade, les emplois féminins sont les premiers à en faire les frais pointe le rapport. À l’échelle mondiale, 22 % des femmes ont perdu leur emploi dans les segments non agricoles des systèmes agroalimentaires durant la première année de la pandémie de Covid-19, contre seulement 2 % des hommes. Autre inégalité : les femmes sont plus vulnérables aux chocs climatiques et aux catastrophes naturelles, car les contraintes en matière de ressources et les normes discriminatoires liées au genre auxquelles elles sont confrontées peuvent rendre leur adaptation plus difficile. Par exemple, la charge de travail des femmes, y compris les heures travaillées dans le secteur agricole, tend à diminuer dans une moindre mesure que celle des hommes lors de chocs climatiques, comme en période de stress thermique.

Accès difficile à la terre, aux engrais et à l’irrigation

Selon les auteurs du rapport, les inégalités observées dans les systèmes agroalimentaires freinent l’avancement des femmes à tous les niveaux et dans toutes les fonctions. Les femmes ont difficilement accès à la formation, au crédit et à des outils essentiels tels que la terre, les engrais et les systèmes d’irrigation, qui renforcent leur autonomie et leur permettent d’apporter une contribution égale à celle des hommes. Les inégalités entre les femmes et les hommes dans les systèmes agroalimentaires persistent, en partie parce que les politiques, les institutions et les normes sociales discriminatoires ne donnent pas aux femmes les mêmes chances ni les mêmes droits en ce qui concerne les ressources.

« Supprimer les inégalités d’accès aux avoirs, à la technologie et aux ressources »

Dans leurs recommandations, les auteurs prônent notamment de supprimer les inégalités d’accès aux avoirs, à la technologie et aux ressources. Ils écrivent « Les interventions visant à accroître la productivité des femmes s’avèrent efficaces lorsqu’elles permettent de remédier au problème des soins et des travaux domestiques non rémunérés, offrent des possibilités d’éducation et de formation, et renforcent la sécurité des droits sur les terres ». Ils ajoutent : « L’accès aux services de garde d’enfants a également un effet largement positif sur l’emploi des mères, et il est avéré que les programmes de protection sociale stimulent l’emploi des femmes et les dotent d’une plus grande capacité de résilience ».

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