Agriculture biologique : « La hausse des prix en conventionnel me permet de vendre du blé à 380 €/t en C2 »
Pour Théophile Letierce, agriculteur en conversion bio à Saclay (91), le contexte actuel ne remet pas en cause sa conversion en agriculture biologique. Il réduit les apports organiques grâce aux légumineuses et joue la mutualisation du parc matériel, tandis que les printemps secs sont bénéfiques au désherbage mécanique en commun.
Pour Théophile Letierce, agriculteur en conversion bio à Saclay (91), le contexte actuel ne remet pas en cause sa conversion en agriculture biologique. Il réduit les apports organiques grâce aux légumineuses et joue la mutualisation du parc matériel, tandis que les printemps secs sont bénéfiques au désherbage mécanique en commun.
« Revenu sur l’exploitation avec un diplôme d’ingénieur agronome, je suis passé au bio en mai 2021. Depuis, j’ai vu la hausse des prix des cultures conventionnelles mais cela me va bien. Je suis plutôt content de vendre du blé à 380 ou 400 euros la tonne en C2 alors que nous avions retenu la valeur de 180 euros la tonne dans mon bilan prévisionnel. J’espère que les prix du bio vont suivre mais je suis confiant.
En Île-de-France, la dynamique de marché des céréales bio est forte, et la demande reste soutenue. L’augmentation des prix des matières organiques m’interroge davantage. J’ai la chance de faire un échange paille/fumier avec un voisin et d’avoir une compostière à proximité mais j’achète aussi des fientes. Pour valoriser ces apports, je privilégie les épandages d’automne afin de laisser le temps à la matière organique de se minéraliser.
Pour diminuer les apports, je travaille pour l’essentiel avec des couverts de légumineuses. L’idéal est de multiplier les légumineuses de printemps dans la rotation mais nous sommes limités par des nuées de corbeaux et de pigeons, qui détruisent des champs entiers dès la levée.
Pour maîtriser mes charges de mécanisation, je travaille en entraide avec deux autres voisins. Nous mutualisons le semis et j’emprunte leur bineuse. C’est un fonctionnement qui existait depuis longtemps et qui me va bien. Pour l’avenir, je propose d’investir dans ce type d’outil à plusieurs, par exemple via une Cuma. Avec des printemps de plus en plus secs, les créneaux météo sont de plus propices au désherbage mécanique en commun. Vu les débits de chantier élevés affichés par les derniers modèles, avoir cet outil rien que pour soi n’a plus vraiment de sens. Et je me vois mal investir seul 70 000 euros dans une bineuse. »