Vers des modèles d’élevage mieux acceptés par la société
Par son approche multidisciplinaire et participative, la recherche peut contribuer à améliorer l’acceptabilité sociale de la production et aider la filière à dépasser les controverses.
La controverse est devenue un mode contemporain d’expression sociale. L’agriculture, et en particulier l’aviculture, n’y échappent pas. Les principaux points de contestation portent sur l’environnement, le bien-être, le risque sanitaire, le système d’élevage et la consommation de viande. Celle-ci s’exprime notamment à l’occasion de projets de création ou d’agrandissement. Mieux faire accepter nos modes d’élevage passe d’abord par davantage de dialogue. La recherche peut y contribuer par son approche multidisciplinaire : biotechnique (nutrition, génétique, etc), en sciences sociales et par son expertise collective. Ces dernières années, des instances de discussion réunissant les sphères économiques, scientifiques et politiques ont pu être mises en place. Laure Bignon, de l’Itavi, cite pour exemple la méthode Ovali, qui vise à évaluer des systèmes de production innovants et durables en poulet de chair. « Un groupe participatif a été constitué avec des acteurs de la société civile, de la recherche et de la filière, » précise-t-elle. « Les premiers retours d’expérience sont positifs. Un travail de consensus a démarré. Des pistes de travail ont été identifiées, l’objectif étant de parvenir à une notion de progrès acceptable. »
Lors d’une controverse, l’expertise purement technique ne suffit plus. « Les cadres de l’agriculture devraient être davantage préparés à gérer les incertitudes soulevées par les consommateurs », estime François Purseigle, sociologue et enseignant-chercheur à l’Ensat de Toulouse. « Les filières animales et végétales auraient tout intérêt à mettre en commun des outils méthodologiques pour mieux comprendre les réseaux de contestation. »
Ne pas se justifier mais anticiper son projet
À l’échelle de la filière, on peut agir à différents niveaux pour améliorer l’acceptabilité sociale des élevages. « Il nous faut apprendre à mieux parler de notre métier, avec nos mots d’éleveur, sans abuser de termes techniques et en se référant à la réglementation en place», souligne Isabelle Le Balleur, « et sans opposer les systèmes de production (label, standard, bio) qui sont complémentaires. » Pour l’éleveuse, il est également nécessaire d’ouvrir davantage les élevages au public pour « dédramatiser l’image parfois véhiculée par nos voisins». Anticiper un projet de construction est essentiel pour le mener à bien. Favoriser les débats en amont permet d’expliquer son projet avec des arguments construits et de prendre en compte les différents points de vue. « Il faut aussi accepter qu’il n’y ait pas forcément de consensus final », conclut-elle.