Transport des canards mulards
Une station de lavage de haute biosécurité
Le groupe de transport Mousset innove avec sa station biosécurité dédiée au lavage et à la désinfection des équipements de transport de volailles, en premier lieu pour sécuriser la filière foie gras.
Le groupe de transport Mousset innove avec sa station biosécurité dédiée au lavage et à la désinfection des équipements de transport de volailles, en premier lieu pour sécuriser la filière foie gras.
Le 23 mai, le groupe Mousset a inauguré en Vendée sa nouvelle station biosécurité, une première en France et sans doute en Europe. Le transporteur vendéen a investi 2,8 millions d’euros dans une installation dédiée dans un premier temps au lavage et à la désinfection des camions de canards prêts à gaver. « La décision de construire une station biosécurité a été prise en 2017, à la suite de la crise de l’influenza aviaire, explique Frédéric Leblanc, P.-D.G. du groupe Mousset. En tant que leader du transport avicole, (NDLR : Mousset transporte 90 % des canards et 75 % des volailles de chair en France), nous devions prendre nos responsabilités pour sécuriser le maillon transport et toute la filière à foie gras. Nous avons signé le Pacte de lutte contre l’influenza aviaire le 14 avril 2017. Un premier acte a été l’installation d’un système de désinfection embarquée sur tous nos véhicules. Puis, nous avons décidé d’investir dans une station de lavage biosécurité intégrée au maillon logistique. » Moins de deux ans après, la première unité opérationnelle est située sur la zone d’activité de la Mongie, aux Essarts, tout près des autoroutes A83 et A87. Elle permet le lavage et la désinfection de tous les camions du groupe intervenant régionalement pour transporter des prêts à gaver vers les ateliers de gavage.
Éviter les contaminations croisées
L’aménagement repose sur la séparation sale/propre et camion/rolls, avec une circulation des équipements en « marche en avant », des zones sales vers les zones propres ayant des opérateurs différents qui ne sont jamais en contact. Les zones sont délimitées par des cloisons ou des grillages et chaque entrée est sécurisée par un portail à code. « La conception de la station et le process empêchent les contaminations croisées sur l’aire de lavage », souligne Samuel Baudry, responsable d’exploitation. Quand le chauffeur revient de sa tournée, entre 6 h et 10 h du matin, il compose le code d’accès et/ou utilise l’interphone, rentre sur le site avec le véhicule, passe dans le rotoluve et se dirige dans la zone de lavage cabine (détergence, lavage et désinfection de son intérieur). Ceci fait, il stationne le véhicule en zone sale, en attente de lavage. Un autre opérateur vient chercher le véhicule et l’amène au quai de déchargement, où un troisième opérateur descend les rolls. Camion et rolls sont lavés séparément en parallèle, puis ils se retrouvent en zone propre (voir ci-contre).
Vers une certification des procédures
Les charges microbiennes sont vérifiées après lavage par des autocontrôles réguliers (écouvillon pour les virus H5, boîte de Pétri pour les streptocoques…). S’y ajoutent les contrôles inopinés des clients. Un ingénieur a été recruté pour s’occuper de la qualité et de la certification. « Un arrêté du 14 mars 2018 décrit les mesures de prévention de la propagation des maladies via le transport par véhicules routiers d’oiseaux vivants, explique-t-il. Il n’y a toutefois pas actuellement de norme permettant de certifier les procédures de nettoyage-désinfection des véhicules. » « Depuis deux ans, les coûts de transport des canards prêts à gaver ont doublé pour Val de Sèvre, témoigne Michel Fruchet, directeur général de Val de Sèvre et président du Cifog. Mais il était nécessaire de séparer les flux de canards prêts à gaver et à abattre pour pouvoir continuer à produire. Tous les opérateurs devront à l’avenir utiliser de telles procédures et de telles stations pour sécuriser la filière. Il y aura nécessité aussi à ce que ces outils soient certifiés, qu’il y ait un standard pour les procédures de nettoyage-désinfection. »
Nettoyage séparé des camions et des rolls
Le camion et son contenant composé des rolls sont nettoyés et désinfectés simultanément avec un circuit séparé et des procédures spécifiques.
Le lavage et la désinfection des camions ont été en partie automatisés. Un portique assure d’abord le prélavage à l’eau froide sous pression pour le détrempage des salissures. Un détergent est ensuite appliqué automatiquement, avec un complément manuel pour les roues, le dessous du véhicule… Puis le camion est lavé par des rouleaux (avec là aussi un complément manuel) avec de l’eau à 70 °C sans produit chimique. De la même façon, l’opérateur procède manuellement à l’intérieur de la caisse. Puis le véhicule passe sous une arche qui pulvérise du désinfectant. Là encore, un complément manuel est assuré à l’extérieur et à l’intérieur du véhicule. « L’ensemble prend 25 à 30 minutes, au lieu de 2 heures quand tout était manuel, avec plus d’efficacité et moins de détergent grâce au lavage à 70 °C et à l’automatisation », précise Samuel Baudry, responsable d’exploitation.
Un système automatisé de lavage-désinfection a été installé pour les rolls. Le process en ligne, qui dure 11 minutes, inclut un prélavage à 70 °C, un lavage avec détergence à 60 °C, un rinçage à l’eau froide et une désinfection. Les eaux usées de la station étant traitées par un procédé biologique, les détergents utilisés ainsi que le désinfectant ont été choisis parmi les produits respectant les bactéries qui dégradent la matière organique.
Station d’épuration et lavage publics
Toutes les eaux usées sont retraitées dans une station d’épuration biologique spécifique construite par SEEG et pilotée par Veolia. Les boues sont envoyées en méthanisation. Le site inclut aussi une station publique de lavage des poids lourds, contiguë mais séparée de la station biosécurité. À terme, elle permettra à tous les professionnels de laver leurs camions et de désinfecter l’intérieur (si camion frigo) grâce à un accès payant par carte bancaire.
En chiffres
2,8 M€ (immobilier : 810 K€, process industriel 1 130 K€, aménagements et voirie : 860 K€) avec le soutien financier du conseil régional des Pays de la Loire (190 000 €) et de la communauté de communes Saint-Fulgent-les-Essarts (10 000 €) pour l’investissement
170 M€ de chiffre d’affaires, 1 700 personnes en France, Pologne, Maroc et Ukraine pour le groupe Mousset
Deux innovations sur le matériel
L’installation d’un système de désinfection embarquée sur tous les camions a précédé la création de la station biosécurité. De la cabine, le chauffeur peut déclencher une projection de produit désinfectant sur les roues et le châssis du véhicule. La désinfection entre deux élevages ou entre l’élevage et l’atelier de gavage peut être systématique, le chauffeur n’ayant pas à sortir de la cabine et à revêtir un équipement de protection.
La mise en place de rolls inox en remplacement des caisses plastiques de transport des animaux a été l’autre innovation. Le matériel inox et le design (moins d’angles et d’aspérités) rendent le nettoyage et la désinfection plus efficaces. La manutention est également considérablement facilitée. D’ici fin 2019, les rolls seront équipés de puces RFID permettant la traçabilité des transferts d’animaux et des lavages propres à chaque roll pucé.
Avis - Frédéric Leblanc, P.-D.G. du groupe Mousset « Un concept à dupliquer »
« La station biosécurité de la Mongie servira dans un premier temps au lavage et à la désinfection des camions du groupe transportant des canards prêts à gaver. Mais à l’avenir, elle pourra servir à d’autres filières avicoles, notamment en poulet. Elle sera également ouverte aux autres industriels et transporteurs, même concurrents, qui n’auraient pas les moyens d’investir dans ce genre d’équipements. L’objectif de cette station n’est pas d’être rentable, mais en développant son utilisation, il sera possible de réduire les coûts. Actuellement, elle fonctionne en 2X8 et 6 jours sur 7, avec l’objectif de passer en 3X8. Le concept d’une station biosécurité intégrée à la chaîne logistique et sur un site dédié est aussi amené à être dupliqué. Il pourrait par exemple être appliqué pour le transport des canards gras jusqu’à l’abattoir. Nous allons également investir dans d’autres régions. Notre station de Mugron dans les Landes sera prochainement équipée pour fournir les mêmes prestations que la Mongie. À moyen terme, nous disposerons de trois autres stations biosécurité, sur nos sites de Pomarez (Landes), Vic-Fezensac (Gers) et la Vraie-Croix (Morbihan). Enfin, notre objectif est également de mettre en place des stations biosécurité en Pologne où nous sommes présents dans le transport des volailles et où la production se développe. »