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Un ver prédateur des larves de ténébrions

Spécialisée dans la lutte biologique contre les nuisibles en élevages, Appi a développé le produit Darwin contenant des vers microscopiques, parasites des larves de ténébrions. Sans impact sur les volailles, il est pulvérisé sur la litière.

Vu de loin, le produit Darwin ressemble à une pâte granuleuse blanchâtre. Sous l’œil du microscope, il concentre en réalité des millions de vers microscopiques, endormis temporairement dans un gel qui suspend leur développement biologique. Ils seront réveillés après dilution dans de l’eau. Ce produit a été développé par l’entreprise Appi (Agence de protection par les insectes), basée en Loire-Atlantique et filiale de Koppert, leader dans le secteur du biocontrôle. Comme pour ses précédentes solutions de lutte biologique contre les mouches et le pou rouge(1), l’entomologiste Damien Morel s’est inspiré de la nature pour identifier un prédateur indigène du ténébrion Alphitobius diaperinus et le reproduire en conditions sanitairement maîtrisées. « C’est l’unique ver prédateur du marché. » Pour le dirigeant d’Appi, la lutte contre les ténébrions doit cibler prioritairement les larves. « Comme ce sont les adultes qui sont les plus visibles, on oublie souvent que le ténébrion est un insecte à métamorphose complète avec un stade larvaire. Les populations de larves sont pourtant jusqu’à 25 fois plus importantes que celles des adultes. » Le ver prédateur baptisé Darwin, de 0,5 mm de long environ, est spécifique des coléoptères et n’agit ni sur les volailles, ni sur l’homme. Il infeste sa proie en pénétrant par un orifice naturel puis en injectant des toxines insecticides. « Il se sert de la larve comme substrat nutritif pour se multiplier et la tue en l’espace de 24 à 48 heures. Le taux d’efficacité est de 85 % sur les larves. » Il tue aussi les adultes, mais à hauteur de 40 %, car les possibilités de contact sont moindres (déplacements rapides des insectes, contact limité à l’extrémité des pattes).

Une première application sur des zones ciblées

L’une des spécificités de ce petit ver est sa très faible capacité de dispersion. « Il a besoin d’eau pour se déplacer », poursuit Christophe De Langhe, vétérinaire conseil de l’entreprise. « Pour cette raison, le mode d’application dans le bâtiment est primordial. » Il a été ajusté au fil des deux années de tests dans sept élevages en poulet et dinde. Le produit Darwin est aspergé sur la litière. Le traitement consiste en deux types d’application : l’un en présence des animaux (un passage en poulet, deux passages en dinde), le second est réalisé juste après le départ du lot. Dans le premier cas, on cible les zones où se concentre la larve : les zones obscures sous les mangeoires, les abreuvoirs en cloche, les pesons et les dispositifs d’enrichissement (comme les bottes de paille par exemple). « Les larves vont en revanche peu sous les zones de pipettes, trop humides." Par contre, on en retrouve souvent le long des murs, à l’abri des piétinements. Le second traitement, au départ des volailles, est réalisé sur toute la surface de litière. Il vise à traiter les larves avant qu’elles ne migrent vers les cloisons et dans le sol pour rentrer en nymphose (stade entre la larve et l’adulte). Traiter la litière avant le curage réduit aussi le risque de réinfestation du bâtiment par le tas de fumier (les ténébrions peuvent voler).

Pas de phénomène de résistance 

Les dénombrements réalisés à partir de prélèvements de litière sous les mangeoires des élevages ont montré une baisse de 40 à 97 % du nombre de larves dès le premier traitement. « L’idée est d’avoir un effet cumulatif et d’arriver à réduire la population lot après lot », indique Damien Morel. Utilisable en présence des animaux, Darwin ne crée pas de phénomène de résistance et n’est pas sensible aux insecticides. L’éleveur peut tout à fait le combiner avec un traitement chimique pour traiter les adultes, en cas d’infestation importante. » Produit vivant, il se conserve pendant quatre mois au froid. Distribué via les cabinets vétérinaires ou les coopératives, son prix est de 240 euros pour un lot de poulet sur 1 000 m2.

(1) Appifly, Androlis et Taurrus Pro

Deux types d’application

Conservé dans des sachets hermétiques, le produit Darwin est dilué et mélangé activement dans un seau de cinq litres d’eau claire pour constituer une solution mère. Chaque sachet, prévu pour traiter 250 m2 de surface, comprend 250 millions de prédateurs. Un traitement consiste en deux passages en poulet (un en présence des animaux de 3 à 6 semaines et un second après le départ des animaux). En dinde, un passage est réalisé juste après le départ des femelles soit trois applications par lot.

- Le traitement en présence des animaux : l’objectif est de bien mouiller les zones cibles : sous les mangeoires et les pesons, abords des murs et cloisons. Le volume d’eau dans lequel va être diluée la solution mère est calculé en fonction du nombre d’assiettes. Il faut compter 300 ml par assiette soit 75 litres pour 250 assiettes. Cette étape peut être réalisée à l’aide d’un simple arrosoir, d’un pulvérisateur avec lance porté ou tracté, d’une lance branchée sur une pompe (pression de 20 bars, filtres du pulvérisateur retirés)…

- Le traitement juste après le départ des animaux : Il est appliqué sur toute la surface de litière, avant ou pendant le nettoyage. Il est réalisé idéalement avec la lance d’un pulvérisateur sur tracteur. Dans ce cas, la solution mère est diluée dans 150 à 250 litres d’eau pour 1 000 m2.

Des solutions alternatives

En plus de la lutte biologique, d’autres solutions alternatives sont proposées par différents fournisseurs. Elles sont complémentaires aux méthodes chimiques et contribuent à une approche de lutte raisonnée.

- Les pièges à ténébrions : Avec ou sans attractif, ils sont posés sur la litière et piègent les larves et les adultes. C’est d’avantage un outil de monitoring. Ils permettent de surveiller le niveau d’infestation et aident l’éleveur à juger de l’utilité d’un traitement. Il existe deux modèles commerciaux : Tenedrop d’APPI et Tenecapt d’AB7-industries.
- La terre de diatomée : composée de sable de silice, elle est appliquée sur les zones de passage des ténébrions. Constituée de minuscules diatomées tranchantes, elle endommage la cuticule de l’insecte lorsqu’il rampe sur la poudre, provoquant sa mort.

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