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Trésorerie des exploitations avicoles : Tenir financièrement pendant la crise sanitaire 

Impactés par la grippe aviaire, de nombreux poulaillers vont rester vides durant plusieurs mois. Le point avec Cerfrance 85 sur les accompagnements financiers déployés pour soutenir les exploitations.

Trois solutions bancaires sont disponibles pour soutenir la trésorerie en attendant le versement des aides.
Trois solutions bancaires sont disponibles pour soutenir la trésorerie en attendant le versement des aides.
© Réussir SA

Dans les Pays de la Loire et en Vendée particulièrement, la quasi-totalité des élevages de volailles ont été touchés par l’épizootie d’influenza aviaire. Soit directement comme foyer ou élevage dépeuplé en préventif, soit indirectement à la suite de l’interdiction de mise en place dans la zone.

À l’impact psychologique sur les éleveurs ainsi que sur leur entourage technique, s’ajoute l’impact financier de cette crise sanitaire. La reprise s’annonce longue, car le maillon accouvage a aussi été sévèrement touché. Le manque de poussins et encore plus de canetons va freiner les remises en place, obligeant de nombreux poulaillers à rester vides durant des mois, et pas seulement en Pays de la Loire. Même s’ils risquent d’être insuffisants, plusieurs dispositifs d’accompagnement financiers ont été mis en place pour limiter l’impact de cette période de non-production sur la santé financière des exploitations avicoles.

Des aides publiques en zone réglementée

Pour les élevages situés en zone réglementée, deux types d’indemnisations ont été déployés par le ministère de l’Agriculture.

 

 
Le manque de poussins et encore plus de canetons va freiner les remises en place, obligeant de nombreux poulaillers à rester vides durant des mois, et pas seulement en Pays de la Loire.
Le manque de poussins et encore plus de canetons va freiner les remises en place, obligeant de nombreux poulaillers à rester vides durant des mois, et pas seulement en Pays de la Loire. © A. Puybasset

 

L’indemnisation sanitaire du cheptel abattu (animaux malades ou abattus en préventif) est calculée sur la valeur marchande objective des volailles. Via la DDPP, les éleveurs touchent un acompte de 75 % et le solde doit être versé dans un second temps, sur la base d’un dossier technique réalisé par un expert.

L’indemnisation économique des pertes de production prévoit de couvrir 100 % des pertes de marge brute jusqu’à la levée de la zone de restriction (fin du vide sanitaire), puis 50 % des pertes pendant un maximum de 150 jours (voir encadré). Outre le fait que le taux de 50 % est loin de convenir aux éleveurs et est en discussion avec l’État, ces aides vont être longues à arriver. « Un premier acompte de 50 à 60 % devrait être versé cet été, puis le solde en fin d’année voire au premier trimestre 2023 », indique Éric Egron, conseiller spécialisé en aviculture de Cerfrance 85. « Les situations de trésorerie sont très variables d’un élevage à l’autre, expliquait-il mi-mai. Les gaveurs, les producteurs d’œufs, les éleveurs de gibier ou en filière courte ont tout de suite été impactés financièrement. En filière longue, des groupements ont retardé le paiement des charges pour laisser un peu de trésorerie aux éleveurs. » Des entreprises, notamment d’accouvage, soutiennent également leurs éleveurs. Mais jusqu’à quand le pourront-ils ?

Trois solutions bancaires disponibles

« En attendant le versement des indemnisations, le recours à un « prêt court terme » est un bon outil pour maintenir de la trésorerie et laisser un peu le temps de voir venir. » Lancé en mai dans les Pays de la Loire avec les partenaires bancaires, ce dispositif permet de contracter un prêt de 50 000 euros maximum d’une durée d’un an. Le taux d’emprunt de 1 % est pris en charge par le Conseil régional, ce qui revient à un prêt à taux 0 %. Le montant emprunté est calé sur une partie de la marge brute d’un exercice antérieur et devrait refléter l’indemnité qui sera perçue, « ce qui soulève actuellement pas mal d’interrogations, car le niveau de prise en charge des pertes est encore en discussion. »

 

 
Jocelyne Dansay et Eric Egron, Cerfrance Vendée : «  Nous conseillons d’utiliser en premier lieu le court terme puis le PGE. La pause de prêt peut être envisagée en cas de situation très dégradée, mais attention à ne pas cumuler les dispositifs ! »
Jocelyne Dansay et Eric Egron, Cerfrance Vendée : « Nous conseillons d’utiliser en premier lieu le court terme puis le PGE. La pause de prêt peut être envisagée en cas de situation très dégradée, mais attention à ne pas cumuler les dispositifs ! » © Cerfrance 85
 
Jocelyne Dansay et Eric Egron, Cerfrance Vendée : «  Nous conseillons d’utiliser en premier lieu le court terme puis le PGE. La pause de prêt peut être envisagée en cas de situation très dégradée, mais attention à ne pas cumuler les dispositifs ! »
Jocelyne Dansay et Eric Egron, Cerfrance Vendée : « Nous conseillons d’utiliser en premier lieu le court terme puis le PGE. La pause de prêt peut être envisagée en cas de situation très dégradée, mais attention à ne pas cumuler les dispositifs ! » © Cerfrance 85

 

Une seconde mesure proposée par des banques est la « pause de prêt » qui vise à arrêter temporairement (jusqu’à 6 à 12 mois) le remboursement des prêts en cours. « Rassurante pour les éleveurs car à effet immédiat, cette solution est toutefois moins conseillée car elle est plus coûteuse du fait de l’impact des intérêts sur le coût total du crédit », poursuit Jocelyne Dansay, responsable de marchés Cerfrance Vendée.

Une solution intermédiaire est le « prêt garanti par l’État (PGE) », activable en période de crise comme ce fut le cas lors de la Covid. Il s’agit d’un prêt court terme, transformable à son échéance en un prêt moyen terme. Il est garanti par la Banque Publique d’Investissement (taux de 1 à 2.5 %, emprunt jusqu’à 25 % du chiffre d’affaires de l’exercice précédent). Il doit être contracté avant le 30 juin. « Nous conseillons d’utiliser en premier lieu le court terme puis le PGE. La pause de prêt peut être envisagée en cas de situation de trésorerie très dégradée, mais attention à ne pas cumuler les dispositifs ! Il faudra les rembourser tôt ou tard. Il faut être vigilant sur les reports et le montant emprunté, qui doit être en cohérence avec les indemnités qui vont être perçues », insiste Éric Egron. Chaque situation étant différente d’un élevage à l’autre, il est conseillé de se rapprocher de son conseiller de gestion pour utiliser au mieux ces outils.

Réduire les charges de l’exploitation

Pour les élevages impactés par la crise sanitaire mais non couverts par les indemnités car situés en zone indemne (en canard et en poule pondeuse, notamment), le raisonnement diffère. « Il faut plutôt s’orienter vers une pause de prêt ou un PGE, si c’est possible, plutôt qu’un court terme basé sur des indemnités hypothétiques pour l’instant. L’intérêt de la pause est de réduire les charges. » Cela passe aussi par le recours à l’activité partielle en cas de salariés, une solution accessible à tous.

Les éleveurs peuvent aussi demander à la MSA Loire Atlantique Vendée un report des cotisations sociales. Le conseiller de gestion suggère de demander un report partiel et non de la totalité de la cotisation annuelle, pour éviter d’avoir une somme trop importante à rembourser à échéance. Une prise en charge (exonération) d’environ 2,7 millions d’euros des cotisations a été annoncée mais les critères de répartition sur les quelque 2 000 éleveurs impactés en Vendée et Loire Atlantique ne sont pas encore connus.

L’acompte de « non-production » versé cet été

Coordonnée par FranceAgriMer, l’indemnisation des pertes de non-production concerne tous les élevages en zone réglementée, y compris ceux en filière courte et les élevages de pondeuses dont les œufs n’ont pu être valorisés. Elle prend en compte 100 % de la perte de marge brute jusqu’à la levée de la zone de restriction (fin du vide sanitaire), puis 50 % des pertes pendant un maximum de 150 jours.

Pour les gaveurs, le dispositif prévoit une prise en charge de 100 % pendant 90 jours puis de 50 % de 90 à 150 jours, du fait du délai de remise en place lié à la phase d’élevage des palmipèdes.

Le dispositif accouvage pour les élevages reproducteurs est basé sur une prise en charge d’une perte de EBE entre deux périodes.

La perte de marge brute sera calculée à partir de l’exercice antérieur. « Dans le cas des jeunes éleveurs, qui ne disposent pas d’année de référence, il sera possible de prendre en compte le plan d’entreprise pour ceux installés avec des aides ou de calculer une référence sur 4 mois, extrapolée sur un an », précise Éric Egron.

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