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Diminuer les importations
Société bretonne de volaille, l’arme de la reconquête

Créée en 2015 par le groupe LDC, la Société bretonne de volaille (SBV) a pour principale mission de reconquérir les parts de marché perdues à l’importation, qui équivalent à sept millions de poulets par semaine.

SBV abat environ 2 millions de poulets par semaine dont la moitié est en concurrence directe avec les produits d’importation destinés à la restauration hors foyer.
© SBV

« Par ses volumes et son nombre d’outils industriels, SBV est l’arme mise au point par LDC pour reconquérir les importations », annonce Roland Tonarelli. Engagé voici un an pour prendre la suite de Dominique Théréau, le directeur général de SBV cite quelques chiffres de la filiale bretonne : 714 millions d’euros de chiffre d’affaires (exercice 2017-2018), 226 000 tonnes dont 61 000 t commercialisées sous forme de produits élaborés, 3200 salariés et environ 1100 éleveurs fournissant les 11 sites industriels (dont un situé en Vendée) et très bientôt trois sites supplémentaires. Le pôle breton de LDC a été créé en 2015. Il est le résultat d’acquisitions en trois étapes : en 2004, LDC rachète Provialys (trois entités industrielles : Celtys, Celvia, Procanar) à la coopérative morbihannaise Cam 56 qui est alors devenu un de ses fournisseurs de vif (1) ; en 2012 LDC reprend l’abattoir Doux de poulet frais à Sérent, dans le Morbihan, à la barre du tribunal de commerce de Quimper ; en 2014 LDC achète les quatre outils Glon Sanders du groupe Avril (Boscher Volailles, Farmor, Robichon et Volailles de Kéranna). Auparavant, il détenait un abattoir de poulets (ex-Sérandour) à Lanfains dans les Côtes-d’Armor, qui dessert une clientèle régionale avec une gamme large (standard, label, bio). Depuis fin 2017, s’ajoute l’abattoir vendéen Favreau, spécialisé en canard de Barbarie (50 000 par semaine). Deux autres abattoirs vendéens de canard – Couthouis et Péridy (120 000 par semaine) – vont rejoindre SBV cet été.

Maximiser la performance industrielle

« Notre mission prioritaire est de regagner des parts de marchés sur les produits d’importation, surtout ceux de la viande de poulet vendue aux industriels français de la transformation (PAI) et à ceux de la restauration (RHD). » Ce qui impose une compétitivité accrue, à commencer par celle du prix. Depuis ces reprises, la mission des responsables de sites a été de maximiser la performance pour « gratter des centimes au kilo sorti », notamment par l’automatisation des process, sachant que le matériel est changé au bout de cinq à sept ans et quand de nouvelles technologies apparaissent. LDC a investi 150 millions d’euros dans la réfection complète de deux sites (poulet lourd à Sérent et canard chez Procanar) et fait des améliorations ailleurs. « Tous nos outils sont rénovés, en cours ou encore en planification. Nous sommes au top, et nous allons investir 120 millions supplémentaires », souligne Roland Tonarelli. L’optimisation passe aussi par la spécialisation des sites, avec des fabrications en grandes séries avec moins de références. Chaque outil répond à un marché spécifique, excepté celui de Lanfains, qualifié de « couteau suisse ». Il fonctionne avec un nombre important de références et de marques et fournit le haut de gamme du catalogue. Les capacités d’abattage peuvent encore augmenter chez Volailles de Keranna (1 million de poulets par semaine au lieu de 780 000) et chez Celvia Sérent (380 000 poulets par semaine au lieu de 320 000). « Mais nous sommes prudents : pas de fuite en avant si nous n’avons pas l’assurance de vendre avec la création d’un fonds de commerce. Excepté en dinde, toutes les usines sont quasiment à saturation. »

Spécialisation pour les débouchés industriels et la RHD

« Depuis trois ans, un autre objectif a été de fédérer six « cultures » différentes : celle de LDC, de Provialys (Celvia en dinde, Procanar et Celtys en canard), d’Avril (abattage de volailles Glon et élaborés ex-Bourgoin) et de Doux, détaille Roland Tonarelli. Chaque site garde une autonomie, mais le tout est coordonné pour créer une dynamique commune. Vu de l’extérieur, SBV ne doit pas donner l’impression d’un empilement d’entreprises dénuées d’un sens commun. C’est pourquoi notre organisation commerciale a été mutualisée en cinq sous-ensembles, selon les métiers de nos clients. » L’univers de la RHD et de la PAI est très diversifié et ses attentes multiples. SBV livre la restauration avec service à table, la restauration sociale (cantine, entreprises), le fast-food, l’aérien, les revendeurs (grossistes, bouchers-charcutiers, boulangeries-pâtisseries), les industriels. Les débouchés de la transformation (PAI) et de la restauration (RHD) représentent 75 % des tonnages (soit 170 000 t). La grande distribution pèse encore 9 %, mais sa part diminue du fait de la spécialisation des sites et de la réduction des références, ne restant que des enseignes de hard-discount et des marques de distributeur. S’ajoute un quart des volumes destinés aux autres outils du groupe, notamment le pôle traiteur Marie qui utilise uniquement des viandes françaises pour ses plats préparés. Enfin 23 % des volumes sont exportés. « Pour passer en prix sur certains produits élaborés, il nous arrive d’utiliser très minoritairement de la volaille importée, reconnait Roland Tonarelli. D’où l’urgence pour SBV d’être encore plus compétitif pour convaincre ces clients de choisir l’origine France. »

(1) La Cam 56 a depuis lors fusionné avec Coopagri Bretagne pour former Triskalia.
 

Un deuxième Boscher à Châteaulin

La reprise partielle des outils Doux de Bretagne a été validée le 18 mai par le tribunal de commerce de Rennes. « Cette opportunité va nous permettre de reprendre plus vite des parts de marché, précise Roland Tonarelli. Le Finistère détient un savoir-faire et une culture de la volaille, avec des salariés et des éleveurs qui ont envie de continuer. L’éloignement ne pose pas de problème logistique pour ce métier de produits destinés aux industriels. » Si les autorisations suivent un cours normal, le directeur compte 18 à 24 mois de délai pour créer, sur le site de Lospars, l’usine qui abattra et découpera 400 000 poulets lourds par semaine. Le site Quimper, qui fabrique 17 000 tonnes de panés et des saucisses pour l’exportation, a aussi été repris.

Une nouvelle marque en restauration

Pour achever la construction de son identité, SBV a besoin d’un signe de reconnaissance commun à toutes ses filiales. Ce sera chose faite le 17 septembre, jour du lancement d’une marque qui a l’ambition de devenir la référence pour les métiers de la RHD, tout comme Le Gaulois, Marie et Maître Coq dans leur domaine. Elle va symboliser les réponses données par SBV à ses clients aux métiers très divers (du fast-food au gastronomique) et aux nouvelles valeurs sociétales (environnement, nutrition, santé, bien-être animal).

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