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Volailles plein air : Sécuriser les parcours contre les intrus avec des clôtures électrifiées

Pour protéger les parcours des intrusions humaines et animales, les clôtures électrifiées assurent une protection efficace et durable. C’est le choix de Jacques, Servane et Pierre Lagrève à Louvigné-du-Désert, en Ille-et-Vilaine.

De gauche à droite, Jacques et Pierre Lagrève, producteurs d’œufs à Louvigné du Désert, et Olivier Dauloudet, technico-commercial Ouest pour Patura
De gauche à droite, Jacques et Pierre Lagrève, producteurs d’œufs à Louvigné du Désert, et Olivier Dauloudet, technico-commercial Ouest pour Patura
© C. Julien

Si les clôtures électriques sont monnaie courante en élevage bovin, elles ont tout aussi leur place pour les parcours avicoles. Lorsqu’il y a trois ans, Pierre Lagrève s’installe avec Jacques et Servane, ses parents, ils décident de compléter leur production d’œufs en construisant un bâtiment de 25 000 poules en système plein air.

Les éleveurs se sont demandé comment sécuriser les 10 hectares de parcours. « Ce n’était pas tellement pour empêcher les poules de s’enfuir, mais pour protéger nos volailles de la faune sauvage, surtout des renards, soulignent Jacques et Pierre Lagrève. Avec la caméra de surveillance, on a vu qu’ils n’avaient peur de rien et venaient jusqu’au quai. Ils passent par-dessus les grillages. Quant aux sangliers, ils défoncent un grillage sans problème. »

Les éleveurs ont donc fait le choix d’une clôture électrifiée. Comme ils voulaient aussi améliorer la protection face aux vols éventuels et la biosécurité dans son ensemble, ils ont clôturé tout leur site. « Nous voulions être sûrs que le parcours ne soit plus un moyen d’entrer dans l’élevage. La clôture électrique est plus dissuasive face aux vols ou aux intrusions », souligne Jacques Lagrève.

Pas n’importe quelle clôture

 

 
Les six premiers fils sont rapprochés de 10 centimètres pour éviter toute intrusion de faune sauvage.
Les six premiers fils sont rapprochés de 10 centimètres pour éviter toute intrusion de faune sauvage. © C. Julien

 

Réalisée avec la société allemande Patura, leur clôture se compose de 10 rangs de fil pour une hauteur totale de 1,6 mètre. Si on divise le parcours, 4 fils suffisent pour la clôture intérieure. Le premier fil se trouve à 10 cm du sol. Les 6 premiers rangs ont 10 cm d’intervalle, les suivants un peu plus espacés. Ceux du bas sont en fil d’acier d’un diamètre de 2,5 mm, tandis que ceux du haut peuvent être réalisés en 1,6 mm. Cet acier est très conductible, difficile à couper et dure vingt à trente ans.

 

 
Dans les angles, la technique dite des coins argentins sécurise la force de traction des fils, grâce à des piquets d’ancrage enfoncés plus profondément (80 cm) et d’un diamètre plus important (14 à 18 cm).
Dans les angles, la technique dite des coins argentins sécurise la force de traction des fils, grâce à des piquets d’ancrage enfoncés plus profondément (80 cm) et d’un diamètre plus important (14 à 18 cm). © C. Julien

 

Les fils sont supportés par des piquets en acacia, ayant « une meilleure longévité que le châtaignier, assure Olivier Dauloudet, technico-commercial Ouest pour Patura. Ils tiennent trente à trente-cinq ans. » Ces piquets sont de deux types : ancrage ou intermédiaire, les premiers ayant un plus gros diamètre (14-18 cm contre 8-12 cm). Selon la configuration du terrain et grâce aux piquets d’ancrage des coins, les piquets intermédiaires peuvent être espacés de 10 à 15 mètres. Il n’y a pas forcément de béton à couler et il suffit de les enfoncer de 50 à 70 cm. « Nous avons un sol profond, ça n’a pas été une contrainte. On les a enfoncés à la tractopelle », se souviennent les éleveurs.

 

 
La bonne tension des fils est obtenue grâce à des ressorts et des tendeurs rotatifs.
La bonne tension des fils est obtenue grâce à des ressorts et des tendeurs rotatifs. © C. Julien

 

Pour une meilleure résistance à la traction et une plus grande durée de vie des fils, il est recommandé d’utiliser des isolateurs d’ancrage en porcelaine blanche. Les isolateurs noirs intermédiaires, aussi appelés « isolateurs W », sont spécifiques aux clôtures permanentes.

 

 
Isolateurs en porcelaine sur les poteaux d’ancrage. Si l’éleveur monte lui-même la clôture, il bénéficie d’une formation pour réaliser correctement la pose.
Isolateurs en porcelaine sur les poteaux d’ancrage. Si l’éleveur monte lui-même la clôture, il bénéficie d’une formation pour réaliser correctement la pose. © P. Le Douarin

 

Veiller à la qualité de pose

Pour une clôture qui dure, la pose doit être bien faite. « Cela reste facile d’installation avec le bon matériel, rassure Olivier Dauloudet. La pose peut être réalisée par nos équipes Patura. Sinon, après une formation, les éleveurs peuvent s’en charger. » Pour faciliter l’entretien et assurer la régularité de la hauteur du premier fil, il est recommandé de niveler le sol et de semer un ray-grass, qui évitera l’installation d’une flore plus ligneuse. « Sur 2 mètres de largeur, on a préparé comme un lit de semence pour que ça pour que ça soit bien plat et laissé un mètre sans obstacle tout autour pour faciliter l’entretien, ajoute Pierre Lagrève. Je passe avec un plateau tondeuse une fois par mois. » En complément, il faut vérifier la tension des fils une fois par an.

Au niveau économique, une clôture électrique revient bien moins cher qu’un grillage comptant un piquet métallique tous les 2,5 mètres. « Poser une clôture électrique revient à 5 à 7 euros par mètre linéaire et à 10 euros avec les piquets. Il faut ajouter 7 à 10 euros du mètre pour la pose », chiffre Olivier Dauloudet.

 

 
Un autre type de clôture : un grillage renforcé par une ligne électrique au sommet et deux en bas, avec un géotextile empêchant les repousses.
Un autre type de clôture : un grillage renforcé par une ligne électrique au sommet et deux en bas, avec un géotextile empêchant les repousses. © P. Le Douarin

 

Un électrificateur puissant

 

 
La puissance de l’électrificateur dépend de la longueur de fil et du risque de perte par la végétation.
La puissance de l’électrificateur dépend de la longueur de fil et du risque de perte par la végétation. © P. Le Douarin

 

Le courant électrique ne présente pas de risque mortel pour les poules, qui ne s’en approchent pas. « Comme on a des fils électriques sur les pourtours du bâtiment pour les empêcher de pondre au sol, les poules connaissent le système. De toute façon, avec leurs pattes nues, elles ressentent le champ électrique 15 cm avant la clôture », remarque Pierre Lagrève.

La qualité et la puissance de l’électrificateur sont importantes pour la fiabilité de l’installation. La puissance de l’électrificateur dépend de la longueur de fil et du risque de perte par la végétation. Il ne faut pas descendre sous les 5 joules. Il peut fonctionner sur secteur, ou sur batterie et panneaux solaires. « Le nôtre fonctionne sur secteur, partagent Jacques et Pierre. Dans le bâtiment, des lampes flash attestent qu’il y a bien de l’électricité dans la clôture. » Il est aussi possible de mettre une alarme qui prévient d’un dysfonctionnement. Le circuit est équipé d’une prise de terre en adéquation avec la distance à électrifier et la puissance de l’électrificateur.

« Les clôtures électrifiées sont simples et efficaces »

 

 
À l’Earl des Fougères, chez Marie Laure Conan, un espace libre d’au moins 1,5 mètre le long de la clôture facilite l’entretien.
À l’Earl des Fougères, chez Marie Laure Conan, un espace libre d’au moins 1,5 mètre le long de la clôture facilite l’entretien. © Patura
Pour la sécurité du parcours du bâtiment de pondeuses qu’elle a repris en 2020, Marie-Laure Conan, éleveuse à Bourbriac (22), a misé sur une clôture électrifiée. « Entre deux périodes de restrictions sanitaires, mes poules ont pu sortir un peu, retrace l’éleveuse. Ça s’est bien passé. On a juste dû renforcer un peu le courant pour tenir compte de la distance. »

 

Marie-Laure Conan a choisi des clôtures électrifiées pour le prix, la possibilité de faire réaliser la pose et la protection contre la faune sauvage. « Pour l’entretien, je pense que c’est comme du grillage car il faut débroussailler régulièrement, reconnaît l’éleveuse. Mais c’est simple et efficace. Pour mes prochaines rénovations de parcours, je remplacerai les grillages par des clôtures. »

 

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