Se protéger de l’incendie d'un bâtiment avicole
Les incendies de bâtiments avicoles sont relativement peu nombreux, mais ils se traduisent très souvent par la destruction totale de l’outil de production, avec un impact psychologique et financier pour celui qui en a été victime. Sans compter les décès qui endeuillent des familles.
Les incendies de bâtiments avicoles sont relativement peu nombreux, mais ils se traduisent très souvent par la destruction totale de l’outil de production, avec un impact psychologique et financier pour celui qui en a été victime. Sans compter les décès qui endeuillent des familles.
Selon un recensement réalisé par le Bureau d’analyse des risques et pollutions industriels (Barpi), il est survenu 396 incendies dans des installations d’élevages classés en rubrique 2111 entre 1988 et 2014. Soit une moyenne annuelle de 15 incendies en vingt-sept années. « Une paille » direz-vous, vu les milliers de bâtiments avicoles en activité. Mais c’est un minimum. Rien que chez les assurés bretons et en partie ligériens (Loire Atlantique et Maine et Loire) de l’assureur Groupama Loire Bretagne, le préventeur André Paugam estime ce nombre à 12-15 sinistres par an. Sachant que Groupama assurerait environ 60 % des aviculteurs, un incendie avicole survient donc à peu près deux fois par mois en France.
Des décès qui n’auraient pas dû se produire
C’est aussi arrivé à des sapeurs-pompiers qui avaient pénétré dans un bâtiment pour éteindre un départ de feu. En mars 2013 à Saint-Michel-de-Chavaignes (Sarthe), un pompier est brûlé au troisième degré et décède quatre mois plus tard. En juin 2018 à Plouyé (Finistère), six pompiers sont blessés, dont deux gravement brûlés. Tous se sont fait surprendre par leur manque d’expérience des incendies avicoles, auxquels ils sont statistiquement peu confrontés.
Des poulaillers cochant toutes les cases du risque
Ces deux accidents majeurs ont fait l’objet de retours d’expérience départementaux, renforcés par l’élaboration d’une stratégie opérationnelle évitant désormais de pénétrer dans les bâtiments avicoles. Pour le capitaine Gauthier Col, chef des opérations du Service départemental d’incendie et de secours du Finistère (Sdis29) et son collègue Pierre Guiet du bureau de l’analyse des risques, les bâtiments avicoles cochent à certains moments toutes les cases du risque incendie : pas de présence humaine, équipements de chauffage en régime maximal, accumulation de matériau inflammable au sol, poussières dans l’air, isolants sur toutes les parois facilement inflammables et dégageant des fumées toxiques.
Ils soulignent la faiblesse des protections constructives des bâtiments avicoles prévues par la législation, comparativement aux bâtiments industriels (désenfumage, murs coupe-feu, extinction automatisée, moyens d’attaque d’incendie…).
« Avant tout, il est important de recenser les points faibles du bâtiment pouvant conduire à l’éclosion d’un feu (moteurs électriques, équipements de chauffage…) et d’en faire un entretien et un contrôle réguliers », souligne Gauthier Col.
Une prévention à renforcer très en amont
S’ils sont rares, les incendies peuvent coûter très cher aux assureurs : 200 000 euros par sinistre et un total de plus de 40 millions d’euros rien que pour Groupama Loire Bretagne entre 2004 et 2018. C’est pourquoi, les compagnies d’assurances ont peu à peu imposé des critères supplémentaires d’assurabilité, sans pour autant tomber dans l’exigence contre-productive car trop onéreuse. Pour faire progresser la sécurité, il vaut mieux convaincre que contraindre. Mais cela prend beaucoup de temps. Ainsi, depuis longtemps Groupama incite ses sociétaires à investir dans la prévention à la source, en particulier dans le chauffage plus sûr et les isolants moins inflammables. Principal assureur du monde agricole, la mutuelle a été la locomotive qui a fait monter le niveau vers des bâtiments de mieux en mieux conçus pour résister à des propagations d’incendie. Si le risque zéro n’existe vraiment pas, de bonnes mesures de prévention permettent d’y tendre.