Sasso contribue au développement du poulet villageois en Afrique
Le sélectionneur de souches colorées Sasso est impliqué dans deux projets de développement de l’aviculture rurale africaine, soutenus par la fondation Bill Gates.
Le sélectionneur de souches colorées Sasso est impliqué dans deux projets de développement de l’aviculture rurale africaine, soutenus par la fondation Bill Gates.
L’entreprise française de sélection avicole Sasso, reprise en 2018 par le groupe Hendrix Genetics, met à profit sa sélection de volailles de souches colorées et à croissance lente pour accompagner le développement de la volaille traditionnelle chez les petits fermiers africains.
Elle est directement impliquée dans deux projets visant à l’amélioration génétique des races locales de poulets et à sécuriser l’apport de reproducteurs en Afrique. Ils sont soutenus par la fondation Bill et Mélinda Gates. Pour l’ex-dirigeant de Microsoft, « les poulets peuvent stopper la pauvreté ». L’idée est donc d’apporter aux populations rurales africaines, essentiellement via les femmes, une source de protéine et de revenu accessible, à travers la production de viande et d’œufs.
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Un poulet à double objectif
Démarré en 2015, le premier projet, porté au Burkina Faso par le laboratoire Ceva Santé animale et Sasso, arrive à son terme. La création du centre de sélection burkinabé a abouti à l’amélioration d’une souche locale de coqs déjà adaptée au climat du Sahel (ouest de l’Afrique).
« Notre travail a permis de la purifier sanitairement, tout en gardant ses caractéristiques génétiques, explique Louis Perrault, président de Sasso et à l’initiative du projet. On arrive dans la quatrième année de sélection. Nous fournissons désormais ces mâles à un partenaire accouveur local à qui nous proposons aussi nos femelles Sasso. Ce croisement donne un poulet hybride qui garde la résistance du mâle, et dont les performances sont améliorées par la femelle Sasso. »
Il s’agit d’un poulet à double objectif : les poussins femelles peuvent être gardés pour la production d’œufs tandis que les mâles sont élevés pour la chair. L’impact sur les performances est considérable : la poule hybride pond 100 œufs par an, contre 30 œufs pour la locale. Le poulet atteint son poids d’abattage de 1 à 1,2 kg en 4 mois au lieu de 6, tout en gardant ses qualités gustatives.
Au Burkina Faso, ce poulet dénommé Poulet du Faso est aujourd’hui très prisé. Pour Louis Perrault, ce succès s’explique tout autant par l’organisation de production qui l’accompagne. Elle a déjà fait ses preuves dans d’autres pays d’Afrique, comme l’Éthiopie. Elle est basée sur un démarrage des poussins dans des conditions maîtrisées avec des fermiers démarreurs, les « mothers units « (voir ci-dessous).
Le centre du Burkina Faso peut désormais étendre la distribution de sa souche mâle à des partenaires accouveurs de pays voisins en l’Afrique de l’ouest. C’est déjà le cas au Sénégal et au Togo. Louis Perrault travaille à déployer ce modèle de distribution, en Côte d’Ivoire et au Mali.
Un réservoir génétique adapté à l’Afrique
Le second projet financé par la fondation Bill Gates et porté par Hendrix Genetics vise à sécuriser l’approvisionnement de l’Afrique en poules parentales. « Plus ambitieux en terme géographique, il concerne aussi les pays de l’est du continent tels que l’Éthiopie et la Tanzanie. » Dénommé Sappsa (1), pour Accès durable à un cheptel de parentales en Afrique, il a été initié en 2018 après les deux années de crise d’influenza aviaire en France. Elles ont fait prendre conscience de la fragilité de la distribution de parentales basée sur l’exportation en cas de fermeture sanitaire des frontières. Le projet Sappsa a trois vocations.
La première est de disposer de réserves génétiques Sasso dans le monde, en plus du site français. « Deux sites de grands parentaux ont été déployés au Brésil et au Canada, où Hendrix Genetics était présent en ponte. » La seconde vocation est de développer la résistance des souches pour mieux les adapter au milieu africain. « Des tests de collatéraux (frères et sœurs des pedigrees Sasso) vont démarrer au centre du Burkina Faso. »
Enfin, l’ambition est de développer cette aviculture villageoise dans d’autres pays d’Afrique de l’ouest et de l’est, en appliquant le business model qui en fait son succès : poulet à double fin, élevage chez des démarreurs, programme vaccinal complet, un suivi technique et une approche commerciale.
L’aviculture villageoise est en marge de l’aviculture industrielle, qui reste entre les mains de grandes entreprises, mais elle lui est complémentaire, voire indispensable. Elle permet de toucher des populations rurales ne pouvant pas avoir accès au marché périurbain, alimenté par des poulets à croissance rapide.
Des poussins élevés chez des démarreurs
En Éthiopie, l’entreprise d’accouvage Ethio Chicken est une vraie « success story ».
Les approvisionnements d’Ethio Chicken en parentales Sasso ont grimpé de 5 000 à 150 000 parentales par an en 6 années. Ce succès repose sur un modèle d’organisation spécifique. « Dénommé par l’acronyme anglais APMI(1), il fonctionne très bien dans des pays où la ruralité est très importante », explique Louis Perrault. L’entreprise d’accouvage livre 500 à 2 000 poussins à des éleveurs démarreurs, souvent des femmes. Après 5 à 6 semaines, les volailles démarrées sont vendues par lot de 5 à 30 à de petits fermiers, chez qui elles vont terminer leur croissance pour la consommation de viande ou la production d’œufs. « Ce système garantit un animal sain à l’éleveur finisseur. » L’entreprise fournit un aliment approprié au démarreur et lui assure un suivi technique et un programme vaccinal complet, délivré par Ceva. Les poussins reçoivent au couvoir un vaccin vecteur contre la maladie de Newcastle, qui fait des ravages dans ces pays. Le démarreur est aussi accompagné pour commercialiser ses volailles et créer son réseau. Ethio chicken détient désormais 4 couvoirs et travaille avec 5 500 démarreurs qui eux-mêmes distribuent leurs volailles auprès de 3,5 millions de petits fermiers. Ce pays a vu sa consommation annuelle passer de 6 à 16 œufs par habitant.
Un centre de sélection Burkinabais
Basé au Burkina Faso, un pays où l’élevage de volailles par les petits fermiers est une tradition, le centre de sélection d’une souche mâle locale est situé dans le village de Boussé. Le site comprend un couvoir, des poussinières et un bâtiment pedigree de 40 parquets avec nid-trappes (un coq et 10 poules par parquet). Il applique les mêmes mesures de biosécurité qu’en France. « On a créé des familles sélectionnées par généalogie et constituées à partir de mâles et de femelles qui ont été prélevés dans le secteur. » Les issus de cette souche croisée avec une parentale Sasso sont appelés Poulet du Faso. Leur origine est garantie par une bague. Pour chaque bague achetée, une redevance est versée au centre de sélection. Le but est qu’il soit autonome financièrement fin 2020.
Le saviez-vous
Le choix du site de Boussé pour développer le centre de sélection ne tient pas du hasard. C’est là qu’un programme de développement de l’aviculture locale a été initié il y a plusieurs années grâce à la coopérative des Fermiers de Loué. Un jumelage fonctionne toujours avec la Coop des éleveurs de Boussé. C’est cette coopérative qui a bénéficié des aides pour construire le site de sélection.