Les Landes ont été gravement touchées par l’influenza. Comment réagissez-vous ?
Chantal Brèthes - « La première crise nous avait fait prendre conscience du risque sanitaire et nous avons entamé un travail de fond. La seconde a été révélatrice de nos fragilités. Elle nous a obligés à comprendre qu’il faut vivre avec, et qu’elle ne s’arrête pas aux portes des élevages de canards prêts à gaver. Avec 50 % de baisse de production en deux ans, c’est un coup de massue dont il faut tirer les conséquences. »
Bernard Tauzia - « Les producteurs de volailles étaient plus avancés en termes de biosécurité, mais l’épizootie généralisée (arrêt de deux couvoirs, euthanasie, dépeuplement, claustration) a fait chuter la production de 20 % l’an dernier. Aujourd’hui, ce qui compte au-delà de nos propres préoccupations, c’est de jouer la solidarité des deux filières réunies autour d’un projet de biosécurité. »
Quel accompagnement a été proposé aux éleveurs ?
C. B. et B. T. - « Durant ces tourmentes, nos organisations de productions ont mis l’accent sur l’accompagnement humain des éleveurs et de leurs familles, confrontées à l’euthanasie de troupeaux, des fermes vides, des situations financières précaires. Il a fallu concentrer son énergie à sauvegarder des activités économiques traditionnelles du bassin landais, allant au-delà des seuls éleveurs. Entre les aides directes via les fonds de compensation et les prêts de trésorerie (trois ans à taux zéro), la coopérative a injecté plus de sept millions d’euros pour ses éleveurs. Ce soutien a porté ses fruits car la quasi-totalité de nos adhérents continuera d’exercer son métier. Maïsadour remplit aussi son rôle au côté des instances professionnelles pour travailler avec les services de l’État, pour suivre les dossiers d’indemnisations, la mise en place des plans biosécurité. De leur côté, les filiales Delpeyrat et Fermiers du Sud Ouest ont assuré la pérennité de la chaîne de production. »
Quel est le plan de relance en palmipèdes ?
C. B. - « Du côté des éleveurs de PAG, la mise en place du plan biosécurité et les cent mesures du plan de prévention des risques de Maïsadour vont au-delà des préconisations gouvernementales. Ils s’appliquent à la totalité de la filière. C’est trois millions d’euros investis, pour éviter de « perdre » 11 millions de volailles et de canards (majoritairement non produits) ces deux années. La densité des canards a été abaissée à cinq par mètre carré de bâtiment pour être claustration intégrale si besoin, du 15 novembre au 15 janvier. Nous travaillons à 50 % des volumes antérieurs, d’où une baisse de rentabilité des sites. Cela oblige à construire de nouvelles installations pour retrouver le volume. Notre programme Starpag doit permettre la construction rapide de bâtiments adaptés à la bande unique. Pour les gaveurs ayant des structures déjà aux normes mais travaillant à mi-régime, la contribution de la filière est une nécessité vitale pour leur survie immédiate et pour la pérennité de la filière. »
Comment la filière volaille landaise joue-t-elle sa partition ?
B. T. - « Totalement solidaire, et confrontée aux mêmes enjeux. Malgré des éleveurs mieux préparés avec des bâtiments bien protégés, la facture est salée : deux accouveurs fragilisés, une baisse des plannings en label Landes et Liberté, des parts de marchés récupérées par la concurrence à reconquérir. Le plan de biosécurité commun doit nous aider à retrouver la confiance auprès d’acheteurs qui s’interrogent sur notre capacité à résister aux contraintes sanitaires. Nous assurerons le renouvellement des éleveurs avec des constructions, mais nous devrons attendre le retour des marchés perdus pour ouvrir les portes à de nouveaux éleveurs. »
« Nous ne laisserons personne au bord du chemin »