Produire un canard de Barbarie plus petit et mieux viandé
Le sélectionneur Orvia propose aux producteurs de nouvelles pistes techniques afin de fournir aux abattoirs un canard mâle Barbarie, optimisant durée d’élevage, rendement et poids de filet.
Le sélectionneur Orvia propose aux producteurs de nouvelles pistes techniques afin de fournir aux abattoirs un canard mâle Barbarie, optimisant durée d’élevage, rendement et poids de filet.
Idéalement, les abatteurs de canards Barbarie recherchent des mâles avec un rendement filet au moins égal à 17 % du poids vif et un poids de filet ne dépassant pas les 380 g (à plus ou moins 20 g), ce qui implique d’abattre des animaux de 4,5 kg. En réalité, les poids d’abattage oscillent entre 4,6 et 4,9 kg (voire plus) à un âge minimum de 72 jours et maximum de 86 jours, le standard se situant entre 81 et 83 jours.
À cet âge, on est certain que le rendement sera bon et les canards plus homogènes, mais le filet arrive à peser plus de 400 g en moyenne, se situant alors hors cible. Il faut donc explorer d’autres voies permettant de combiner le poids vif, le rendement et le poids de filet, tout en générant de nouveaux gains de compétitivité.
Produire un canard moins lourd et plus musclé
Les travaux de sélection menés par Orvia ces 10 dernières années sur le canard de Barbarie sont axés sur le triptyque rendement-indice-poids vif.
Le sélectionneur confirme qu’un itinéraire technique adapté permet l’optimisation de cette combinaison. « Sur notre souche Barbarie ST6 Compact, nous avons pu mesurer que la maîtrise du poids vif était possible tout en améliorant l’indice de consommation et les rendements, explique André Engler, directeur technique d’Orvia. Depuis plusieurs années, nous poursuivons nos travaux sur la maturité précoce de notre souche, une caractéristique essentielle du ST6 Compact, afin d’obtenir un animal plus compact avec un meilleur rendement sur un itinéraire plus court. »
La maturité précoce se définit par la capacité du canard à fournir plus tôt une viande prête à être commercialisée. « Il est acquis que notre ST6 Compact achève son emplumement en moyenne 4 jours avant les standards habituels. » Comme le canard dépose plus de muscle après la fin de sa plumaison (en moyenne à 9,5 semaines), ce produit peut donc être abattu plus tôt.
Avec la précocité de notre souche actuelle, « nous obtenons la bonne combinaison entre la nutrition, la conduite d’élevage et les résultats attendus. » La préconisation d’Orvia est donc d’abattre ses canards entre 10 et 11 semaines, en conservant la qualité de la viande avec un itinéraire technique adapté qui permet d’obtenir un mâle de 4,5 kg à 17 % de rendement et 380 g de poids de filet.
Moduler la courbe de croissance
C’est dans cette optique qu’Orvia a sollicité la firme services Mg2Mix pour mener à bien un essai dans sa ferme de recherche dédiée au canard de Barbarie. « Ce test visait à moduler le profil de la courbe de croissance, de manière à obtenir le bon poids de filet et le bon rendement filet sur poids vif. »
Les résultats ont confirmé les hypothèses en ce qui concerne le poids. En effet, les 4,5 kg ont été atteints à 10 semaines. Cependant, le rendement filet fut de 15 %. « Le filet de 350 g obtenu n’est pas assez épais et à 20 % la part de peau est trop élevée, même si l’aspect du filet est tout à fait correct », reconnaît André Engler. En revanche, les critères qualitatifs conviennent parfaitement dès 70 jours (couleur du muscle, épaisseur de peau faible, absence de siccots, perte en eau très faible).
Quant aux canards de 11 semaines, ils ont atteint 4,85 kg avec un indice de consommation de + 0,17 par rapport à ceux de 10 semaines, un rendement filet de 18 % et des filets de 440 g. L’épaisseur de peau n’a pas bougé depuis 70 jours, mais les filets ont encore foncé et rougi sans pour autant s’engraisser, avec une plumaison satisfaisante et une perte en eau très faible.
C’est qualitativement très bien, mais clairement au-dessus des objectifs de poids vif et de calibre filet. Pour le directeur technique, ces résultats sont très encourageants. « Cela signifie que le bon âge d’abattage se situe entre ces extrêmes. Nous avons surtout eu la bonne surprise de voir le rendement filet prendre 3 % en une semaine. C’est considérable. Sur le terrain, on est plus généralement à 15 % à 73-74 jours et à 18 % à 86 jours, soit 14 jours d’écart. C’est la bonne piste et nous encourageons les professionnels à explorer cette voie. »
Affiner les programmes alimentaires
Cet essai confirme que la nutrition est un levier puissant de modulation de la croissance chez le canard ST6 Compact, tel qu’il a été sélectionné.
Il s’agit désormais de transposer ces résultats de station au terrain. Ce test va permettre une optimisation de l’exploitation du ST6 Compact entre 70 et 77 jours via la modulation des programmes alimentaires et une conduite adaptée. Sur le fond, cela ne change pas le système d’élevage des canards de Barbarie.
Avantages de ce nouvel itinéraire technique
Pour l’amont : gain d’indice de consommation par rapport à 81-83 jours, + 0,25 lot par an pour 7 jours d’élevage en moins ;
Pour l’abattoir : rendement et poids filet dans la cible, qualité respectée (absence de siccots, faible épaisseur de peau, belle couleur de viande).