Poulet Label rouge : Loué propose de dialoguer plus avec la GMS
Pour Yves De la Fouchardière, directeur de la coopérative sarthoise Cafel qui produit 20 % des poulets Label rouge, l’avenir de la filière passe par des relations suivies avec la grande distribution et une offre mieux maîtrisée.
« Quand on a vu arriver le pic de la hausse des céréales, on a su qu’on allait avoir des problèmes de vente, se remémore Yves de La Fouchardière, le directeur des Fermiers de Loué. Le poulet Label rouge est alors devenu trop cher pour de trop nombreux consommateurs, mais il n’a pas perdu son attrait. Aujourd’hui, avec la baisse des céréales, les consommateurs doivent reprendre une consommation plus normale. »
Des découpes bien trop chères
Le problème principal actuel, ce sont les découpes à des prix de détail souvent trop élevés. Les volumes se sont effondrés, passant d’une part du marché découpe Label rouge de 12 % en 2022 à 8,3 % en 2023 (bio compris). Il est indéniable que le surcoût du vif a joué, mais il est aussi vrai que les marges en pourcentage prises par la GMS ne sont pas adaptées aux périodes d’hyperinflation. « Le prix de vente consommateur est un sujet tabou pourtant essentiel. La filière aurait avantage à parler de ce sujet avec la distribution, à condition de se donner le temps de la discussion avec des enseignes ouvertes à ce dialogue. Il faut leur démontrer que cette fameuse marge en pourcentage est contreproductive, pour eux comme pour nous. Par ailleurs, je suis satisfait d’observer que les promotions ont repris pour la pièce entière. Il est important que les baisses des abatteurs soient répercutées intégralement. »
Savoir s’adapter à la situation
En revanche, Yves De la Fouchardière estime que la filière Label rouge a besoin d’améliorer la qualité de son offre. D’une part, par une meilleure maîtrise des poids d’abattage, le plus souvent trop élevés, ce qui génère des prix paquets trop hauts pour les consommateurs. Le phénomène est particulièrement vrai en période de mévente. Attention aussi aux évolutions génétiques qui pourraient demain poser problème, « comme c’est déjà le cas pour la pintade Label rouge ».
Plus radicale, une mesure majeure concerne la réduction du parc de bâtiments d’élevage dans un contexte général de surcapacité. « Une étude du Synalaf chiffre l’excès de capacité à plus de 1 500 bâtiments. À Loué, nous avons pris la décision d’arrêter volontairement 200 bâtiments sur un parc de 2 500. » La Cafel verse une aide pouvant atteindre 12 000 euros, auxquels s’ajoutent 8 000 euros pour la déconstruction volontaire et la mise en décharge. « Il est inimaginable de laisser dépérir des bâtiments sans usage, par respect de l’environnement. »
« Notre devoir, en tant qu’organisation de production, est d’accompagner nos éleveurs dans la durée. Contrairement à l’industrie, il n’y a pas d’éleveurs 'intérimaires' pour réduire la voilure. Nous sommes des éleveurs de volailles qui sortent sur un parcours. Le drame serait de perdre ces parcours qui n’existent nulle part ailleurs. »
Loué, en pointe de la communication
Les volailles fermières de Loué n’ont pas à rougir en matière de communication. Avec ses fréquentes campagnes télévisées et d’affichage souvent humoristique, sa présence au salon de l’agriculture, la Cafel contribue à entretenir la notoriété du Label rouge fermier.
Mais le secteur pourrait aller plus loin estime le directeur de l’organisation. « Le monde du Label rouge n’a pas assez fait valoir sa différence. Dans le même temps, les volailles standards ont pris beaucoup d’initiatives pour raconter une histoire parfois colorée en vert ou de mots flatteurs. Les consommateurs ont pu être perturbés par une segmentation devenue plus confuse. La filière label a sans doute été collectivement un peu trop dans la retenue. Un poulet label n’est pas un poulet standard. Il faut le dire et calmer la créativité marketing des productions plus intensives. Reconquérir le rayon volailles passe obligatoirement par une segmentation claire et une offre large. »