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Poule pondeuse : Piéger le pou rouge pour évaluer sa population 

Outils de surveillance du niveau d’infestation et de suivi de l’efficacité des mesures de contrôles, les pièges à poux doivent être bien positionnés dans le bâtiment et relevés régulièrement.

Le pou rouge est particulièrement dur à traquer ! Ce minuscule parasite ne vit pas sur son hôte, la poule pondeuse. Il se déplace uniquement la nuit pour se nourrir de son sang et se cache durant la journée dans la multitude de petits interstices présents dans le bâtiment.

Lire aussi :« Faire converger les solutions de lutte contre le pou rouge en poule pondeuse »

Lorsque les grappes de poux deviennent visibles, il est déjà trop tard pour éviter l’infestation. Elles représentent la partie émergée de l’iceberg. En outre, Dermanyssus gallinae a un cycle de reproduction très court en conditions optimales, proches de celles rencontrées en poulaillers (7 jours, à 25-30°C et 70 % d’humidité).

 

 
Score d'infestation élevé du piège tube PVC et bois
Score d'infestation élevé du piège tube PVC et bois © Itavi
Suivre l’évolution de la population de poux dès la mise en place du lot de poules pondeuses est donc essentiel pour déterminer le moment opportun des mesures de contrôle et optimiser leur efficacité. « C’est un point clé de la lutte intégrée contre le pou rouge », souligne le groupe de recherche européen MiteControl qui vient de publier plusieurs guides techniques sur la gestion du pou rouge, dont un sur le monitoring des populations.

 

Plusieurs types de pièges

Le suivi des populations peut être réalisé à l’aide de pièges à poux répartis dans la structure du poulailler. Il en existe de nombreux types, les plus couramment utilisés par les éleveurs étant composés d’un tube en PVC dans lequel est inséré un bâton de bois ou un carton alvéolé enroulé sur lui-même. Ils conviennent à tous les types d’élevage, y compris en volière et au sol. La méthode du ruban adhésif bleu, replié et fixé sur le fil à œufs, est une méthode simple et peu coûteuse, réservée aux bâtiments en cages aménagées. « Les poules ne doivent pas avoir accès au ruban car elles pourraient l’endommager », a précisé Geoffrey Chiron, de l’Itavi lors d’une visioconférence organisée par les partenaires du projet.

Placés sur les lieux de passage des poux

Le bon emplacement des pièges est déterminant. Ils sont positionnés sur le chemin d’accès des poux aux poules et près des zones de nichage : dessous des perchoirs, joints de la structure… « Il est conseillé d’installer au minimum douze pièges par bâtiment, bien répartis en longueur, largeur et hauteur et en fonction des zones plus à risques constatées par l’éleveur. » Il faut respecter un écart d’au moins deux mètres entre deux pièges et ne pas les installer près des grappes de poux. « Après son repas, le pou risque de se nicher dans la grappe plutôt que dans le piège. » Les pièges sont numérotés et localisés sur un plan pour faciliter le suivi en cours de bande et d’un lot à l’autre. Ils sont relevés tous les sept jours. « Il est important d’enregistrer à chaque fois les observations de poux (absence/présence, score de notation de 1 à 4-5, comptage). Cela permet de mieux comprendre à quel rythme et où les poux se développent en premier et d’ajuster l’emplacement des pièges », poursuit Jon Walton d’ADAS au Royaume-Uni.

 

 
Jon Walton d'ADAS au Royaume-Uni :" Il faut respecter un écart d’au moins deux mètres entre deux pièges et ne pas les installer près des grappes de poux."
Jon Walton d'ADAS au Royaume-Uni :" Il faut respecter un écart d’au moins deux mètres entre deux pièges et ne pas les installer près des grappes de poux." © capture MiteControl

 

Pour aider à interpréter les résultats, le groupe MiteControl propose une grille d’évaluation du niveau d’infestation (faible, moyen, fort) selon le type de piégeage utilisé (voir tableau). Le seuil d’infestation est toutefois assez subjectif et diffère d’un élevage à l’autre. C’est avec l’expérience d’une bande à l’autre et un suivi régulier que l’éleveur pourra juger du bon moment pour mettre en place des mesures de contrôle.

 

 

Il est aussi possible de monitorer le pou sans piège, en surveillant des zones d’un mètre carré de structure bien identifiées, mais cette méthode demande du temps et de l’entraînement et est moins sensible que les pièges (les poux sont en général détectés trop tardivement).

Il existe par ailleurs une méthode scientifique pour mesurer précisément la population de poux mais elle n’est pas envisageable en routine en élevage. Basée sur l’utilisation du piège AviVet, elle consiste à réceptionner les poux dans un sac en plastique, à les congeler durant 48 heures puis à les peser.

Vers une surveillance automatisée

A moyen terme, le monitoring par camera infrarouge devrait en revanche devenir accessible aux éleveurs. Développé dans le cadre du projet MiteControl, il est basé sur l’enregistrement toutes les dix secondes de l’activité des poules durant la nuit à l’aide d’une caméra positionnée en hauteur. Lors d’une infestation par les poux, les poules sont beaucoup plus agitées et dorment peu. « Une version commerciale de cette méthode comprenant une application d’alerte du niveau d’activité sera disponible d’ici deux ans », a précisé Sam Willens, de l’université KU Leuven en Belgique. Elle sera aussi utile pour mesurer le comportement de picage.

Astuce

Deux heures après l’extinction des lumières, retournez dans le bâtiment à l’aide d’une lampe torche pour observer les perchoirs, les barres de fixation et les poules. Les poux rouges étant plus actifs, ils seront aussi plus faciles à repérer.

Partenaires

Projet MiteControl : Institut belge Experimental Poultry Center, université de Paul Valéry de Montpellier, université hollandaise KU Leuven, Itavi, Adas (Royaume-Uni), Koppert (Pays-Bas), Belgabroed (Belgique). Financement Feder Interreg Europe du Nord-Ouest

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