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Pou rouge en poule pondeuse : Maintenir un équilibre avec le biocontrôle

L’application de prédateurs naturels des poux rouges vise à contenir la population d’acariens à un niveau acceptable pour les poules et pour les éleveurs.

Depuis cinq ans, des solutions de lutte biologique contre les poux rouges sont développées par la start-up française Appi, Agence de protection par les insectes (1). Damien Morel, entomologiste et directeur de l’entreprise, fait un constat de bon sens. « Nous avons cherché à reproduire ce qui se passe dans la nature, en implantant des prédateurs naturels. Il s’agit d’enrichir l’écologie du milieu d’élevage pour établir un nouvel équilibre entre des populations de prédateurs et des proies. » L’objectif n’est pas d’éliminer totalement les nuisibles, mais d’établir un niveau bas qui ne perturbe pas les oiseaux et l’éleveur, mais pas trop pour que la population de prédateurs puisse survivre.

Pour se donner les meilleures chances de réussite, deux prédateurs naturellement présents en France ont été sélectionnés pour agir en complémentarité et pour occuper des niches écologiques différentes. Ces deux acariens, baptisés Taurrus Pro et Androlis Pro, peuplent les nids des oiseaux sauvages. Androlis mange les jeunes stades des poux et s’accommode d’un milieu humide (dessous de caillebotis). Quant à Taurrus qui consomme tous les stades, il préfère les endroits plus secs, tels que les pondoirs. Tous deux sont bien sûr inoffensifs pour les poules et pour l’éleveur souligne Damien Morel, ainsi que pour l’environnement en cas de fuite. Ces prédateurs sont élevés selon des méthodes garantissant la biosécurité vis-à-vis de pathogènes.

Une méthode qui n’est pas exclusive

La lutte biologique a d’abord été lancée dans les élevages de poules ayant une litière accumulée sous caillebotis et avec pondoirs automatiques. Pour les élevages évacuant les fientes très régulièrement (donc une partie des prédateurs), « nous avons aussi mis au point une bouteille contenant des Androlis et qui est accrochée sur les structures, précise Damien Morel. Tout en attirant les poux, elle sert de refuge et de point de diffusion des prédateurs dans la structure. » Des sachets aimantés sont en cours de finalisation pour les cages. « L’utilisation de prédateurs n’empêche pas l’usage de méthodes plus conventionnelles (traitement chimique notamment), assure Christophe De Langhe, vétérinaire conseil, qui intéresse ses clients à cette méthode de lutte. Dans la mesure où celles-ci sont appliquées localement (par exemple dans des gaines). » Et ajoute Damien Morel, « l’association du biocontrôle est très complémentaire avec des traitements par l’eau de boisson ».

Deux à trois applications par lot

Chaque plan de lutte est adapté à l’élevage et à son contexte. Selon Christophe De Langhe, « la période de démarrage du biocontrôle est importante. Si on intervient trop tard, les prédateurs ne seront jamais assez nombreux pour contenir les poux ». Les prédateurs sont répandus à la volée. Ils sont conditionnés en seau, avec un support organique qui facilite l’application.

Produisant de l’œuf biologique à Dollon dans la Sarthe, Céline Brouard est devenue une inconditionnelle du biocontrôle des poux, comme des mouches. « J’ai découvert les prédateurs de poux rouges en 2013, alors que j’en avais pas mal avec des poules en milieu de ponte. Et ça a tout de suite marché, affirme-t-elle. Avant, j’utilisais un répulsif distribué dans l’eau de boisson, mais j’ai rencontré des problèmes d’accoutumance. » Comme le préconise le fournisseur, le premier traitement a lieu trois à quatre semaines après l’arrivée du lot. « Il faut juste bien doser la répartition du contenu du seau », note l’éleveuse. Le Taurrus est mis sur les pondoirs (dessus et dedans), tandis qu’Androlis est répandu sur les perchoirs et le caillebotis. L’éleveuse en applique plus abondamment dans les zones identifiées comme des refuges. Pour garantir la pérennité, un ou deux autres lâchers seront réalisés, le suivant dans une vingtaine de semaines. Le biocontrôle revient à 10 à 15 centimes par poule et par lâcher. Pour Céline Brouard, c’est le prix à payer pour la tranquillité et du résultat. « Sur le dernier lot, j’ai eu 9 % de mortalité et 310 œufs classés par poule pour une réforme à 71 semaines. » Enfin, conclut l’éleveuse « l’équipe qui vient démonter le matériel lors du vide sanitaire apprécie de ne pas être piquée par des poux ».

(1) Pour se développer, cette jeune société de six personnes est devenue la branche animale de Koppert Biological Systems, spécialiste néerlandais de la lutte intégrée en végétal.

Application mensuelle contre les mouches

Céline Brouard emploie également les prédateurs antimouches et s’en trouve très satisfaite.

-Appiwasp est une « mini-guêpe » (Muscidifurax raptorellus) qui pond 4-5 œufs dans les pupes de mouche. Elle y réalise tout son développement en environ 25 jours ;

-Appifly est une petite mouche (Ophyra aenescens), appréciant les milieux humides. Une de ses formes larvaires consomme les larves de diverses mouches ;

-Terrappi est un acarien carnassier qui s’attaque à tous les œufs de diptères, notamment des moucherons pour lesquels il a été développé. Il s’installe plutôt dans la fiente ou les fumiers pailleux.

La lutte antimouches est plus délicate, dans la mesure où la quantité et l’humidité des fientes jouent un grand rôle, en lien avec la température. La chronologie d’application est définie avec le fournisseur. En général, une application d’Appiwasp et d’Appifly est réalisée une fois par mois à partir de l’observation des premières mouches. Les Terrappi sont répandus en complément une à deux fois dans la saison. Le biocontrôle des mouches revient à environ un centime par poule et par application.

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