Pas de fertilisants d’élevages « industriels » en bio
Le Comité national d’agriculture biologique (Cnab) de l’Inao aurait confirmé le 11 juillet dernier sa décision du 19 décembre 2018 d’interdire l’usage des fertilisants issus d’effluents provenant d’élevages non biologiques de volailles en cage ou d’animaux élevés sur caillebotis intégral. La date de mise en application n’était pas été officiellement confirmée début août, mais il est très probable que ce sera le 1er janvier 2021. Elle a été décalée d’un an. Le Cnab a précisé la définition du terme « industriel ». En plus d’être en cage ou sur caillebotis intégral, les élevages industriels seront ceux dont l’effectif dépasse les seuils limites EIE définis au niveau européen (directive 2011/92/UE) : plus de 60 000 places de pondeuses, plus de 900 truies en naissage et de 3 000 places de porcs en engraissement, plus de 85 000 places de poulets.
Un tiers du blé bio non fertilisé
En pratique, les opposants ont une année supplémentaire pour faire valoir leurs arguments. Et parmi ceux-ci, il y a le risque de manquer d’azote et de phosphore pour les cultures. Le nombre d’agriculteurs Bios ayant recours à l’achat de fertilisants est loin d’être négligeable. Selon, une enquête de la chambre régionale d’agriculture de Bretagne, 27 % des 239 fermes enquêtées utilisent des intrants provenant d’élevages qui seront interdits, autant celles sans élevage (28.7 %) qu’avec (26.3 %). Fin juin, le syndicat national des fabricants de fertilisants organiques (Afaïa) estimait que ses adhérents manqueraient de 4800 t d’azote et de 5000 t de phosphore à la vente. C’est l’azote nécessaire pour 50 000 ha de blé, soit le tiers de la sole française. Et c’est une estimation jugée basse. Ces deux éléments proviennent principalement de deux produits normalisés, les fientes de poules déshydratées et l’engrais issu de lisier de porc. Avec la nouvelle réglementation, leur volume sera très faible en porc et divisé par dix en volaille (environ 20 000 t disponibles). Comme les alternatives riches en azote sont onéreuses (corne, farine de plume, farines animales), cela va entraîner des importations de fertilisants venant de pays ayant des critères différents estime l’Afaïa.